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L’utilisation de la technique du flux de conscience dans la littérature européenne depuis William James, James Joyce, Alfred Döblin et Virginia Woolf est l’une des grandes innovations narratives de la fin du XIXe siècle. En ce début de XXIe siècle, le roman Zone de Matthias Énard reprend ce tour de passe-passe narratif pour approcher la modernité du monde globalisé par le jeu de réflexion interne du flux de conscience du protagoniste-narrateur. Les immenses espaces géographiques et historiques du pourtour méditerranéen secoué par les guerres sont arpentés par un passager en train dans un voyage allant de Milan à Rome. La médiation entre « l’Histoire » générale et « les histoires » concrètes ne semble plus possible. On peut néanmoins se demander dans quelle mesure il est possible de transmettre le général par le particulier dans la littérature. Cette médiation entre consciences particulières et l’histoire demeure tendue et ténue. Zone pourrait être ainsi lu comme un exemple de dialectique négative, telle que l’a défini le philosophe Theodor W. Adorno.