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Cet article est consacré au roman Zone (2008) de Mathias Énard, un roman qui donne la parole à Francis, un vétéran de la guerre de Croatie devenu espion au service de la République française. Les listes de victimes, de bourreaux et de crimes de guerre que le narrateur ressasse en un flux monologique de 512 pages, rythment ce roman qui prend, avec sa structure paratactique, le caractère d’une liste, en référence à son intertexte central : l’auteur yougoslave Danilo Kiš. Énard s’inscrit ainsi dans la tradition de la thanatographie, une écriture portant sur l’expérience de la mort violente. Tel son modèle, il a recours à une stratégie élaborée de l’abréviation et de l’énumération, déplaçant l’évocation de l’horreur du niveau manifeste du texte au niveau latent.