Chapitre 4 L’autorité des veuves bibliques dans les Œuvres chrestiennes de Gabrielle de Coignard
In: L’Autorité de la parole spirituelle féminine en français au XVIe siècleSearch for other papers by Barbara Marczuk in
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Résumé
Les Œuvres chrestiennes de Gabrielle de Coignard (1594), poétesse toulousaine restée veuve à vingt-trois ans, sont marquées par le sceau de la viduité. De ce fait, toutes les femmes bibliques qu’elle invoque dans ses poèmes sont veuves, apparentées à Gabrielle par le choix du célibat définitif. L’approche des personnages tels que Judith, La Vierge Marie et trois veuves miséricordieuses, entreprise dans cet article, tente de répondre à la question de savoir sur quelles vertus leur autorité est fondée, quel rôle la poétesse leur assigne dans son propre périple spirituel et, finalement, quel paradigme de l’autorité spirituelle féminine est réalisé par le biais de leur exemple.
Les analyses proposées permettent de conclure que les veuves bibliques que Gabrielle dresse en autorités emblématisent des vertus traditionnellement féminines : humilité, soumission, obéissance, continence, qui paradoxalement s’opposent à l’exercice de l’autorité quelle qu’elle soit (politique, familiale, religieuse). Leurs portraits valorisent l’idéal le plus conservateur de la féminité et exaltent le « génie féminin », formule vivement contestée par les féministes d’aujourd’hui.
Abstract
Œuvres chrestiennes by Gabrielle de Coignard (1594), a Toulousaine poet who was left a widow at the age of twenty-three, are marked by the seal of widowhood. As a result, all the biblical women she invokes in her poems are widows, related to Gabrielle by their choice of definitive celibacy. The approach to characters such as Judith, The Virgin Mary and Three Merciful Widows, used in this article, attempts to answer the question of what virtues their authority is based on, what role the poet assigns to them in her own spiritual journey and, finally, what paradigm of female spiritual authority is realized through their example.
The proposed analyses allow us to conclude that the biblical widows that Gabrielle raises to the status of authorities embody traditionally feminine virtues: humility, submission, obedience, continence. They paradoxically oppose the exercise of authority of any kind (political, family, religious). The portraits value the most conservative characteristics of femininity and exalt the “feminine genius”, a formula strongly contested by today feminists.