The problem of the goodness of God, the freedom of man and the origin of Evil, i.e. theodicy, proves to be particularly acute in Twelver Shiʿi Islam, because of the historical awareness of evil within the community and of the fundamental dualism, metaphysical as well as moral, of the doctrine. However, this problem was the subject of various essays by Iranian Shiʿi philosophers of Neoplatonic inspiration, trying to harmonize the teachings of the Shiʿi tradition (i.e. the ḥadīṯs attributed to the Impeccable imams) with the arguments of the Avicennian philosophy. The first part of the article focuses in detail on the works of the philosopher, theologian and lawyer Mīr Dāmād (m. 1041/1631). His reflections on the problem are not collected in a single book, as they are in Leibniz, but scattered in works belonging to different fields (fiqh, kalām, or philosophy per se), in Arabic or in Persian. He deals successively with the problem of human freedom (qadar) versus divine determinism (ǧabr); with the Imami notion of badāʾ, i.e. the apparent change of the divine Will in the course of history; with Good and Evil with regard to the ontological categories of essence (ḏāt), accident (ʿaraḍ), existence (wuǧūd), and non-existence (ʿadam); with the execution of eschatological threats and the punishment of the damned – thus embracing all the dimensions of the problem and phenomenon of evil. The second part of the article considers some logical and unexpected developments of Mīr Dāmād’s theses in the works of two of his students, Mullā Šamsā Gīlānī (m. 1064/1654), in a brief epistle on perfection, and Quṭb al-Dīn Aškiwarī (m. between 1088/1677 and 1095/1684), in a monumental history of universal wisdom. This should make appear that the problem of Evil was a powerful catalyst for the emergence of a “Shiʿi philosophy” in the 11th/17th century.
Le problème de la bonté de Dieu, de la liberté de l’homme et de l’origine du mal, c’est-à-dire de la théodicée, s’avère particulièrement délicat dans l’islam shiʿite duodécimain, du fait de la conscience historique du mal dans la communauté et du dualisme foncier, moral et métaphysique, de la doctrine. Ce problème fit pourtant l’objet de véritables essais de théodicée chez des philosophes shiʿites iraniens d’inspiration néoplatonicienne, s’efforçant de concilier les enseignements de la tradition shiʿite (les ḥadīṯs attribués aux imâms impeccables) et les arguments de la philosophie avicennienne. La première partie de l’article se concentre sur l’œuvre du philosophe, théologien et juriste Mīr Dāmād (m. 1041/1631). Ses réflexions sur le problème ne sont pas rassemblées dans un même livre, à la différence de Leibniz, mais disséminées dans des ouvrages de différents domaines (fiqh, kalām, philosophie per se), en arabe et en persan. Il traite successivement du problème de la liberté humaine (qadar) vs le déterminisme divin (ǧabr) ; de la notion imâmite de badāʾ, le changement apparent de la Volonté divine dans le cours de l’histoire ; du bien et du mal au regard des catégories ontologiques de l’essence (ḏāt) et de l’accident (ʿaraḍ), de l’existence (wuǧūd) et de l’inexistence (ʿadam) ; de l’exécution des menaces eschatologiques et du châtiment des damnés – embrassant ainsi toutes les dimensions du problème et du phénomène du mal. La seconde partie de l’article étudie les prolongements, à la fois cohérents et inattendus, des thèses de Mīr Dāmād chez deux de ses élèves, Mullā Šamsā Gīlānī (m. 1064/1654), dans une épître sur la perfection, et Quṭb al-Dīn Aškiwarī (m. entre 1088/1677 et 1095/1684), dans une histoire de la sagesse universelle. Le problème du mal apparaît ainsi comme un facteur d’émergence d’une authentique « philosophie shiʿite » au XIe/XVIIe siècle.
Le problème de la bonté de Dieu, de la liberté de l’homme et de l’origine du mal, c’est-à-dire de la théodicée, s’avère particulièrement délicat dans l’islam shiʿite duodécimain, du fait de la conscience historique du mal dans la communauté et du dualisme foncier, moral et métaphysique, de la doctrine. Ce problème fit pourtant l’objet de véritables essais de théodicée chez des philosophes shiʿites iraniens d’inspiration néoplatonicienne, s’efforçant de concilier les enseignements de la tradition shiʿite (les ḥadīṯs attribués aux imâms impeccables) et les arguments de la philosophie avicennienne. La première partie de l’article se concentre sur l’œuvre du philosophe, théologien et juriste Mīr Dāmād (m. 1041/1631). Ses réflexions sur le problème ne sont pas rassemblées dans un même livre, à la différence de Leibniz, mais disséminées dans des ouvrages de différents domaines (fiqh, kalām, philosophie per se), en arabe et en persan. Il traite successivement du problème de la liberté humaine (qadar) vs le déterminisme divin (ǧabr) ; de la notion imâmite de badāʾ, le changement apparent de la Volonté divine dans le cours de l’histoire ; du bien et du mal au regard des catégories ontologiques de l’essence (ḏāt) et de l’accident (ʿaraḍ), de l’existence (wuǧūd) et de l’inexistence (ʿadam) ; de l’exécution des menaces eschatologiques et du châtiment des damnés – embrassant ainsi toutes les dimensions du problème et du phénomène du mal. La seconde partie de l’article étudie les prolongements, à la fois cohérents et inattendus, des thèses de Mīr Dāmād chez deux de ses élèves, Mullā Šamsā Gīlānī (m. 1064/1654), dans une épître sur la perfection, et Quṭb al-Dīn Aškiwarī (m. entre 1088/1677 et 1095/1684), dans une histoire de la sagesse universelle. Le problème du mal apparaît ainsi comme un facteur d’émergence d’une authentique « philosophie shiʿite » au XIe/XVIIe siècle.
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The problem of the goodness of God, the freedom of man and the origin of Evil, i.e. theodicy, proves to be particularly acute in Twelver Shiʿi Islam, because of the historical awareness of evil within the community and of the fundamental dualism, metaphysical as well as moral, of the doctrine. However, this problem was the subject of various essays by Iranian Shiʿi philosophers of Neoplatonic inspiration, trying to harmonize the teachings of the Shiʿi tradition (i.e. the ḥadīṯs attributed to the Impeccable imams) with the arguments of the Avicennian philosophy. The first part of the article focuses in detail on the works of the philosopher, theologian and lawyer Mīr Dāmād (m. 1041/1631). His reflections on the problem are not collected in a single book, as they are in Leibniz, but scattered in works belonging to different fields (fiqh, kalām, or philosophy per se), in Arabic or in Persian. He deals successively with the problem of human freedom (qadar) versus divine determinism (ǧabr); with the Imami notion of badāʾ, i.e. the apparent change of the divine Will in the course of history; with Good and Evil with regard to the ontological categories of essence (ḏāt), accident (ʿaraḍ), existence (wuǧūd), and non-existence (ʿadam); with the execution of eschatological threats and the punishment of the damned – thus embracing all the dimensions of the problem and phenomenon of evil. The second part of the article considers some logical and unexpected developments of Mīr Dāmād’s theses in the works of two of his students, Mullā Šamsā Gīlānī (m. 1064/1654), in a brief epistle on perfection, and Quṭb al-Dīn Aškiwarī (m. between 1088/1677 and 1095/1684), in a monumental history of universal wisdom. This should make appear that the problem of Evil was a powerful catalyst for the emergence of a “Shiʿi philosophy” in the 11th/17th century.
Le problème de la bonté de Dieu, de la liberté de l’homme et de l’origine du mal, c’est-à-dire de la théodicée, s’avère particulièrement délicat dans l’islam shiʿite duodécimain, du fait de la conscience historique du mal dans la communauté et du dualisme foncier, moral et métaphysique, de la doctrine. Ce problème fit pourtant l’objet de véritables essais de théodicée chez des philosophes shiʿites iraniens d’inspiration néoplatonicienne, s’efforçant de concilier les enseignements de la tradition shiʿite (les ḥadīṯs attribués aux imâms impeccables) et les arguments de la philosophie avicennienne. La première partie de l’article se concentre sur l’œuvre du philosophe, théologien et juriste Mīr Dāmād (m. 1041/1631). Ses réflexions sur le problème ne sont pas rassemblées dans un même livre, à la différence de Leibniz, mais disséminées dans des ouvrages de différents domaines (fiqh, kalām, philosophie per se), en arabe et en persan. Il traite successivement du problème de la liberté humaine (qadar) vs le déterminisme divin (ǧabr) ; de la notion imâmite de badāʾ, le changement apparent de la Volonté divine dans le cours de l’histoire ; du bien et du mal au regard des catégories ontologiques de l’essence (ḏāt) et de l’accident (ʿaraḍ), de l’existence (wuǧūd) et de l’inexistence (ʿadam) ; de l’exécution des menaces eschatologiques et du châtiment des damnés – embrassant ainsi toutes les dimensions du problème et du phénomène du mal. La seconde partie de l’article étudie les prolongements, à la fois cohérents et inattendus, des thèses de Mīr Dāmād chez deux de ses élèves, Mullā Šamsā Gīlānī (m. 1064/1654), dans une épître sur la perfection, et Quṭb al-Dīn Aškiwarī (m. entre 1088/1677 et 1095/1684), dans une histoire de la sagesse universelle. Le problème du mal apparaît ainsi comme un facteur d’émergence d’une authentique « philosophie shiʿite » au XIe/XVIIe siècle.
Le problème de la bonté de Dieu, de la liberté de l’homme et de l’origine du mal, c’est-à-dire de la théodicée, s’avère particulièrement délicat dans l’islam shiʿite duodécimain, du fait de la conscience historique du mal dans la communauté et du dualisme foncier, moral et métaphysique, de la doctrine. Ce problème fit pourtant l’objet de véritables essais de théodicée chez des philosophes shiʿites iraniens d’inspiration néoplatonicienne, s’efforçant de concilier les enseignements de la tradition shiʿite (les ḥadīṯs attribués aux imâms impeccables) et les arguments de la philosophie avicennienne. La première partie de l’article se concentre sur l’œuvre du philosophe, théologien et juriste Mīr Dāmād (m. 1041/1631). Ses réflexions sur le problème ne sont pas rassemblées dans un même livre, à la différence de Leibniz, mais disséminées dans des ouvrages de différents domaines (fiqh, kalām, philosophie per se), en arabe et en persan. Il traite successivement du problème de la liberté humaine (qadar) vs le déterminisme divin (ǧabr) ; de la notion imâmite de badāʾ, le changement apparent de la Volonté divine dans le cours de l’histoire ; du bien et du mal au regard des catégories ontologiques de l’essence (ḏāt) et de l’accident (ʿaraḍ), de l’existence (wuǧūd) et de l’inexistence (ʿadam) ; de l’exécution des menaces eschatologiques et du châtiment des damnés – embrassant ainsi toutes les dimensions du problème et du phénomène du mal. La seconde partie de l’article étudie les prolongements, à la fois cohérents et inattendus, des thèses de Mīr Dāmād chez deux de ses élèves, Mullā Šamsā Gīlānī (m. 1064/1654), dans une épître sur la perfection, et Quṭb al-Dīn Aškiwarī (m. entre 1088/1677 et 1095/1684), dans une histoire de la sagesse universelle. Le problème du mal apparaît ainsi comme un facteur d’émergence d’une authentique « philosophie shiʿite » au XIe/XVIIe siècle.
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