By their very nature, multilingual dictionaries and lexicons are an emblem of cultural transfers. When printing widely different types of writing is necessary, they may also be precious witnesses of technical transfers and innovations in publishing and printing practice. Successfully publishing a major dictionary requires the conjunction of institutional or governmental will and adequate economic resources. This article provides an overview of the various versions of Basilio Brollo’s Dictionarium Sinico-Latinum, which served as a blueprint for several publishing projects, most of them abortive, in the eighteenth and nineteenth centuries. It introduces the various printing techniques used in these attempts, and discusses the mixed results of the editorial programs pursued in Europe, particularly in Italy and France. The Napoleonic period is significant not just because a Dictionnaire chinois, français et latin was published in Paris in 1813, but also because of the work carried out at the Collegio dei Cinese during the “French Decade” (1806–1815) in Naples. The article introduces several protagonists—both scholars concerned with publishing and teaching Chinese and publishers pursuing commercial interests—along the way.
Par leur contenu même les dictionnaires et lexiques plurilingues sont emblématiques des transferts culturels. La nécessité d’imprimer des écritures très différentes en fait parfois de précieux témoins des transferts techniques et des innovations dans les pratiques d’édition et d’impression. Concernant les dictionnaires les plus importants, l’aboutissement d’une publication nécessite la concomitance d’une volonté institutionnelle ou étatique et de moyens économiques adéquats. Cet article donne un aperçu des différentes versions du Dictionarium Sinico-Latinum de Basilio Brollo, qui fut à la base de plusieurs projets d’édition, la plupart inaboutis, aux xviiie et xixe siècles. Il évoque les différentes techniques d’impression utilisées dans ces tentatives, ainsi que les résultats très inégaux des programmes éditoriaux menés en Europe, notamment en Italie et en France. La période napoléonienne est significative non seulement en raison de la parution à Paris en 1813 du Dictionnaire chinois, français et latin, mais aussi à cause des travaux entrepris au Collegio dei Cinesi pendant la “décennie française” à Naples (1806–1815). Plusieurs protagonistes — savants soucieux de l’édition et de l’enseignement du chinois, éditeurs mus par des motivations commerciales — sont évoqués en cours de route.
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Voir aussi plus bas, p. 378. Ce missionnaire a attiré récemment l’attention des chercheurs italiens. Un colloque a eu lieu à Castorano (près d’Ascoli Piceno) en 2012, dont une intervention portait sur “son” dictionnaire et “sa” grammaire. Les actes n’étaient pas disponibles au moment de l’écriture de cet article, mais on trouvait quelques informations en ligne (http://www.padrecarlodacastorano.net/images/brochure.jpg); ce site a été récemment fermé. La copie en question se trouve à la bibliothèque de l’Università Teologica dell’Italia Meridionale, section San Tommaso; les premiers caractères sont çhă [za] 雜 et çhă [za] 拶.
Cité par Henri Cordier, L’imprimerie sino-européenne en Chine. Bibliographie des ouvrages publiés en Chine par les Européens au xviie et au xviiie siècles (Paris: Imprimerie nationale, 1901), 66. Ce passage est extrait de Voyages de Montesquieu (Bordeaux: G. Gounouilhou, 1894–1896), vol. II, 12; version numérisée: https://archive.org/stream/voyagesdemontesq01mont/voyagesdemontesq01mont_djvu.txt.
F. Prandi, Memoirs of Father Ripa During Thirteen Years’ Residence at the Court of Peking in the Service of the Emperor of China; With an Account of the Foundation of the College for Education of Young Chinese at Naples (Londres: J. Murray, 1844); la traduction en chinois est due à Li Tiangang 李天綱, Qing ting shisan nian: Ma Guoxian zai Hua huiyilu 清廷十三年 ——馬國賢在華回憶錄 (Shanghai: Shanghai guji chubanshe, 2004).
Cf. Vincenzo Trombetta, L’editoria a Napoli nel decennio francese. Produzione libraria e stampa periodica tra Stato e imprenditoria privata (1806–1815) (Milano: Franco Angeli, 2011), 194–197; comme le dit cet auteur, et ainsi que je l’ai vérifié, il existe aux Archives d’État à Naples une série de documents de 1814–1815 concernant Bonnefond. Celui-ci avait été exempté des formalités pour obtenir une carte de séjour, précisément parce qu’il était “employé par S.M. dans l’organisation des collèges et des différentes commissions relatives à l’Instruction publique”. Les différentes pièces du dossier (ministère des Affaires étrangères, 1472 [5488/3], ancien 5420/123) attestent de son activité à Naples depuis 1809.
Trombetta, L’editoria a Napoli nel decennio francese, 196–197.
R.P. Ga[g]liano, Discorso inagurale pronunciato in occasione della solenne apertura del collegio Asiatico di Napoli, addí 25 novembre 1868 (Napoli: Grande stabilimento tipo-litografico de Fratelli de Angelis, 1868). Un exemplaire du texte se trouve à la Bibliothèque universitaire des langues et civilisations à Paris.
Paul Pelliot et Takata Tokio, Inventaire sommaire des manuscrits et imprimés chinois de la Bibliothèque Vaticane, a posthumous works (Kyoto: Istituto Italiano di Cultura – Scuola di Studi sull’Asia Orientale, 1995), 63. Cette explication est donnée par Henri Cordier, Bibliotheca sinica; dictionnaire bibliographique des ouvrages relatifs à l’Empire chinois (Paris: P. Geuthner, 1922), col. 3906–3907.
F. Vacca (note de), “Catalogo delle opere giapponesi e cinesi manoscritte e stampate, conservate nella Biblioteca della R. Accademia dei Lincei (fondo Caetani e fondo Corsini)”, in Rendiconti della regia Accademia dei Lincei, classe di scienze morali, storiche e filologiche, 1912, Serie V, vol. XXI, fasc. 5–6 (p. 332 et 339).
Abel-Rémusat, Plan d’un dictionnaire chinois, 20–21. Sur Montucci, voir la bibliographie en ligne de Stefano Villani dans le dictionnaire biographique Treccani, http://www.treccani.it/enciclopedia/antonio-montucci_(Dizionario-Biografico) (consulté en mars 2014). Cette présentation met en relief les compétences linguistiques de ce polyglotte qui résida d’abord en Grande-Bretagne (entre 1789 et 1806), puis en Allemagne, avant de rentrer en Italie dans les dernières années de sa vie. Son déménagement à Berlin, sur invitation de Frédéric-Guillaume III (1770–1840), intervint à un moment où le roi de Prusse avait d’autres préoccupations que de soutenir un programme éditorial en chinois (les armées napoléoniennes venaient d’entrer dans Berlin): le passage de Montucci en Prusse se solda donc par un échec, autant que l’avait été pour Matteo Ripa le projet de développer son institution avec le soutien de Vienne. Les empires d’Europe centrale n’avaient pas vocation à conquérir la Chine, ce qui à l’époque ne pouvait être qu’une entreprise maritime. Voir aussi Henry McAnallay, “Antonio Montucci”, Modern Language Quarterly, 7 (1946): 65–81, et Georg Lehner, Der Druck chinesischer Zeichen in Europa: Entwicklungen im 19. Jahrhundert (Wiesbaden: Harrassowitz, 2004), 110–113.
Cf. Montucci, Urh-chih-tsze-tëen-se-yin-pe-keáou, 59–61. En 1814, Abel-Rémusat (Plan d’un dictionnaire chinois, 21) dit à propos de Montucci: “Le bruit d’ailleurs s’était répandu parmi les savans qu’il faisait graver un nombre considérable de caractères, et qu’il s’occupait à rédiger un dictionnaire chinois sur un plan excellent.”
Montucci, Réponse à une lettre imprimée et signée Julius von Klaproth, 1.
Montucci et Morrison, Urh-chih-tsze-tëen-se-yin-pe-keáou, 119–120.
Giuseppe Baraldi, Leone Duodecimo e Pio Ottavo (Modena: Eredi Soliani Tipografi Reali, 1827), 17. Dans son article “Litografia”, Antologia, 87 (mars 1828): 133, note 9, Montucci parle de 24 000 caractères entaillés dans du buis. Pour d’autres chiffres, voir G. Lehner, Der Druck chinesischer Zeichen in Europa, 112. Cordier (Bibliotheca sinica, col. 3909) écrit que les caractères de Montucci sont entrés (tous ou en partie) à l’Imprimerie du Vatican en 1902, au moment où le fonds Borgia Cinese est passé de la Propagande à la Vaticane.
Montucci, “Litografia”, 139. En fait l’article de Montucci n’est pas une étude sur cette technique d’impression: il s’agit, une fois de plus, d’un texte polémique, celui-là contre P. Bartoli, auteur de la Storia della Cina, qui a confondu la technique d’estampage traditionnel avec la lithographie.
Cf. Michela Fatica, “Francis Xavier Wang. Missionary, Translator and Poet: A Life Experience in Naples (1861–91)” et Bai Hua, “The Bible Condensed in Latin Dactylic Hexameters and in Chinese Classical Stanzas of Four Verses: Francis Xavier Wang’s Rendering of Genesis and Matthew’s Gospel”, Tianzhu jiao xuebao, 2011, 2: 311–348 et 350–431; Bai Hua 白樺, “Nabulesi Zhonghua shuyuan Hanyu jiaocai zaitan: Wang Zuocai (1842–1921) jindai dui haiwai Hanyu jiaoxue de gongxian” 那不勒斯中華書院漢語教材再探 —— 王佐才 (1842–1921) 近代對海外漢語教學的貢獻, Ming Qing yanjiu XVI (2011): 177–192.
E. Vitale, Grammatica cinese con temi, letture e piccolo vocabolario nonché tavola delle 214 chiavi (Napoli: Tipografia Di Luigi Gargiulo, 1888).
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Par leur contenu même les dictionnaires et lexiques plurilingues sont emblématiques des transferts culturels. La nécessité d’imprimer des écritures très différentes en fait parfois de précieux témoins des transferts techniques et des innovations dans les pratiques d’édition et d’impression. Concernant les dictionnaires les plus importants, l’aboutissement d’une publication nécessite la concomitance d’une volonté institutionnelle ou étatique et de moyens économiques adéquats. Cet article donne un aperçu des différentes versions du Dictionarium Sinico-Latinum de Basilio Brollo, qui fut à la base de plusieurs projets d’édition, la plupart inaboutis, aux xviiie et xixe siècles. Il évoque les différentes techniques d’impression utilisées dans ces tentatives, ainsi que les résultats très inégaux des programmes éditoriaux menés en Europe, notamment en Italie et en France. La période napoléonienne est significative non seulement en raison de la parution à Paris en 1813 du Dictionnaire chinois, français et latin, mais aussi à cause des travaux entrepris au Collegio dei Cinesi pendant la “décennie française” à Naples (1806–1815). Plusieurs protagonistes — savants soucieux de l’édition et de l’enseignement du chinois, éditeurs mus par des motivations commerciales — sont évoqués en cours de route.
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