Chapitre 2 État de la recherche

In: Les manuscrits arabes des lettres de Paul
Author:
Sara Schulthess
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1 Les premières éditions

Aux 16e et 17e s., un intérêt certain pour le Nouveau Testament en arabe mena à plusieurs éditions ; nous discutons l’évolution de l’intérêt pour le corpus du Nouveau Testament en arabe au chapitre 3. Du désintérêt à la redécouverte : analyse d’un phénomène scientifique1. Nous énumérons rapidement ici ces premières éditions2. L’editio princeps des évangiles fut préparé par Giovanni Battista Raimundi et édité en 1590 par la Typografia Medicea3. En 1616, Thomas Erpenius édite le Nouveau Testament à partir du manuscrit Leiden Universiteitsbibliotheek Or. 2174. Une version du Nouveau Testament, aux côtés du grec, latin, syriaque, est éditée dans la Polyglotte de Paris (1628-1645)5 ; cette édition est reprise dans la Polyglotte de Londres (1654-1657)6. En 1671, la Congregatio de la Propaganda Fide édite une Bible arabe complète7.

2 Le 19e s. : d’une Vorlage latine à la complexité des nombreuses familles

À partir du 19e s., la recherche semble tourner le dos aux manuscrits arabes du Nouveau Testament, contrairement à ce que l’on aurait pu penser suite à l’apparition des premières éditions critiques du Nouveau Testament8. En 1849, Constantin Tischendorf intégrait pourtant plusieurs versions arabes à sa première édition du Novum Testamentum Graece dans la catégorie des Versiones antiquae9. De même, les premières éditions du Greek Testament de Henry Alford comptaient une version arabe ; la quatrième édition de 1859 ne la prend plus en compte, considérée à présent avec les versions perses, slavonnes et anglo-saxonnes, comme « comparatively recent translations […] and not from the original Greek. »10 Cette tendance est observée par Peter Renouf, et serait selon lui le résultat des critiques faites à l’encontre de l’utilisation des versions arabes de la part de l’Edinburgh Reviewer, mais surtout de Samuel Davidson11.

En se basant sur les éditions arabes du Nouveau Testament, Davidson remet fortement en question leur utilisation à des fins de critique textuelle. Il considère que la traduction des évangiles est inutile : « The Arabic versions of the gospels must be discarded as useless, for it was not made from the original but from the Vulgate. We should therefore consistently omit all mention of the version in question. »12 Quant aux autres livres du Nouveau Testament, si ceux-ci ne sont pas considérés comme étant traduits du latin, ils n’en sont pas plus utiles : « The value of this version is very small. It is modern, and represents a modern form of the text. It is not worth collating for critical purposes, and may be safely neglected. »13 L’argument principal de Davidson, celui qu’il s’agit d’une traduction des évangiles faite sur la Vulgate, est remis en question dans l’article de Renouf. De manière générale, il rappelle que la parenté du texte avec celui de la Vulgate ne constitue pas un argument négatif, étant donné l’antiquité de cette version latine. Renouf s’efforce ensuite de démontrer la proximité entre le texte arabe et le texte grec : on trouverait par exemple pour une même expression un mot dans la version grecque et la version arabe, contre plusieurs en latin ; certains seraient clairement copiés sur le grec (ex. : en Mt 2,11, on trouve لبانا en arabe pour « encens », le terme grec étant λίβανον, contre le terme latin thus)14 ; enfin, il fait la liste de nombreuses variantes où le texte arabe et celui de la Vulgate diffèrent. Il conclut ainsi : « I have now, I think, produced a considerable mass of evidence in favour of the Greek origin of the Arabic Gospels. »15

Malgré cela, la pertinence des versions arabes pour la recherche néotestamentaire reste critiquée. En 1864, Lagarde publie le texte d’un manuscrit des évangiles, Vienne ÖNB Or. 1544 (alors wiener hds 43). Si son édition peut être considérée comme la première édition scientifique d’un texte complet d’un manuscrit arabe du Nouveau Testament, ici les évangiles, Lagarde ne considère pas celui-ci comme utile à la recherche. « Meine ausgabe der wiener hds soll nur der grundstein sein, auf welchem die textkritik weiterbauen kann, wenn sie es überhaupt noch für der mühe werth hält sich mit den arabischen evangelienübersetzungen einzulassen […] »16 Et s’il en reconnaît l’intérêt linguistique, il raille son intérêt pour la théologie : « Wer will […] die zeit daran wenden ? da wenigstens die theologie noch wichtigeres zu thun hat. »17 Par la suite, l’avis de Lagarde continuera d’être partagé par les chercheurs en critique textuelle, comme par exemple par Eberhard Nestle, celui-ci considérant que : « Für die Biblische Kritik und Exegese haben sie nur wenig Wert, da sie mit wenigen Ausnahmen Tochterübersetzungen sind. »18

En 1865, Johann Gildemeister publie plusieurs passages des évangiles du manuscrit Londres BL Or. 1075 (Add. 14467), qu’il estime être traduit du syriaque19.

En 1888, Ignazio Guidi sort la première étude qui permettra de mettre réellement en perspective les avis divisés dans la recherche, Le traduzioni degli evangelii in arabo e in etiopico20. La première et majeure partie de l’étude est consacrée aux manuscrits arabes des évangiles et offre le premier classement des manuscrits par famille, formant respectivement cinq groupes : 1) les traductions faites à partir du grec, 2) les traductions à partir du syriaque ou corrigées selon le syriaque, 3) les traductions à partir du copte ou corrigées selon le copte, 4) les recensions éclectiques, 5) les traductions en prose rimée ou singulières à un autre titre. Au total, Guidi classe 68 manuscrits. Si le travail de Guidi présente certainement des faiblesses, comme celle de ne baser son analyse que sur un passage-type (Mt 1,18-25), et de ne pas tenir compte des différents types de textes grecs à la base des traductions, cette première classification est un bond en avant dans un champ méconnu en proie à des préjugés et donne aux chercheurs une base de travail commune21.

On notera que, jusqu’alors, ce sont surtout les évangiles qui ont retenu l’attention de la recherche22. Les travaux de Agnes S. Lewis et Margaret D. Gibson sur certains manuscrits arabes du Monastère de Sainte-Catherine au Mont Sinaï font exception. En 1894, Gibson édite le Sin. Ar. 15523, qu’elle date du 9e s. et estime être traduit du grec24 (voir ci-dessous, point 9 Les lettres de Paul, parent pauvre de la recherche, et notre comparaison chapitre 8, point 3.1 Comparaison avec Sin. Ar. 151 et Sin. Ar. 155). En 1899, elle édite le manuscrit Sin. Ar. 154, contenant les Actes et les lettres catholiques, qu’elle considère comme le manuscrit le plus ancien du couvent, du moins pour le texte biblique25 ; le manuscrit, qui date probablement du 9e s., contient un traité sur la nature trine de Dieu qui serait un des plus anciens textes chrétiens composés en arabe qui nous soit parvenu ; il aurait été écrit entre 755 et 78826.

En 1898, F. C. Burkitt consacre dans son article « Arabic Versions » un point aux lettres de Paul, aux Actes et aux lettres catholiques, et à l’Apocalypse. Il ne peut malheureusement que lister les quelques manuscrits connus et mentionner le premier article de Gibson27. Henri Hyvernat, qui publie en 1895 un article d’encyclopédie semblable à celui de Burkitt, souligne cette lacune dans la recherche. Dans sa partie sur les versions arabes extra-évangéliques, il fait remarquer :

On n’a pas encore suffisamment étudié l’histoire des versions de cette partie du Nouveau Testament, on se contente de dire d’une manière un peu vague qu’elle sont dérivées du syriaque. Mais il est probable qu’une étude judicieuse des manuscrits conservés dans les différentes bibliothèques d’Europe conduirait à des résultats analogues à ceux auxquels M. Guidi est arrivé pour les Evangiles28.

Enfin, on attendra 1929 pour que soit publié un premier article sur l’Apocalypse en arabe ; Georg Graf, considérant les éditions anciennes et plusieurs manuscrits, définit quatre recensions différentes29.

3 Le début du 20e s. : une traduction préislamique ?

Le débat sur l’origine des traductions, qui se basait alors principalement sur les éditions, a trouvé son prolongement dans la diversité des versions arabes et la recherche se concentre à partir du 20e s. sur l’étude des versions et la description des manuscrits30. En 1902, Caspar R. Gregory fournit dans Textkritik des Neuen Testamentes31 une liste de 137 manuscrits arabes du Nouveau Testament classés par pays, un travail qui sera continué par Graf en 1944. Dans son ouvrage sur la littérature des chrétiens arabisés de la Péninsule ibérique, Heinrich Goussen présente également des manuscrits bibliques arabes ; il mentionne notamment la traduction des évangiles qui aurait été effectuée par Isḥāq ibn Balašk (ou Isaac Velasco ou Velasquez) qui remonterait à 946 selon les indications trouvées dans deux manuscrits munichois et un manuscrit de la cathédrale de León32. En 1910, Eugène Tisserant consacre un article à un folio bilingue latin-arabe, qui vient d’être alors transféré à la Bibliothèque vaticane et deviendra Vat. Lat. 1290033. Il y transcrit les folios qui contiennent Galates 1,1-15 et 3,6-24 (avec photo du f. 1v). Il conclut à propos du manuscrit : « […] que ce ms. bilingue n’est pas l’original d’une traduction, mais qu’on y a réuni un texte latin et un texte arabe indépendants l’un de l’autre. Que cette version arabe ait pour auteur Jean de Séville ou un autre […], peu nous importe ; […] Un fait est du moins certain, c’est qu’il y avait avant 946, c’est-à-dire avant la traduction des Évangiles par Isaac de Cordoue, un texte arabe espagnol du Nouveau Testament. »34

Mais les chercheurs montrent surtout un intérêt particulier pour les manuscrits les plus anciens et leur datation, spéculant sur l’existence de traductions contemporaines aux débuts de l’Islam, voire précédant celui-ci (voir chapitre 3, point 4 L’existence de traductions préislamiques, un point de vue minoritaire). Cette question rejoint celle de la possible existence d’une littérature chrétienne préislamique, défendue par le chercheur Louis Cheikho dans son ouvrage de 1912, Le christianisme et la littérature chrétienne en Arabie avant l’Islam35.

Dans les années 1930, Anton Baumstark défend également dans une série d’articles l’existence d’une traduction arabe de livres bibliques par les chrétiens avant l’Islam36. Un de ses arguments est d’ordre historique : Baumstark se base sur les attestations de la présence chrétienne et du travail missionnaire en Arabie au 5e s. pour affirmer la nécessité d’une traduction : « An allen diesen Fronten christlichen Vordringens muß nach der unverbrüchlichen Praxis der Missiontätigkeit des östlichen Frühchristentums von vornherein mit einer sofortigen Übersetzung mindestens der Evangelien und des Psalters als der für die Liturgie wichtigsten Teile der Bibel in die arabische Volkssprache des neuen Missionsgebiets gerechnet werden. »37 Un autre argument qu’il développe est la présence dans les manuscrits Vat. Borg. Ar. 95 (9e s.) et Berlin Staatsbibl. Or. 1108 (11e s.) de rubriques liturgiques qui seraient d’origine palestinienne prébyzantine ; cela prouverait l’antiquité des traductions contenues dans ces manuscrits, le traducteur ayant indiqué la pratique de son temps38. Enfin, il s’appuie sur les citations bibliques d’auteurs musulmans anciens, tels que Ibn Isḥāq (8e s., œuvre transmise par Ibn Hišām, 9e s.), Ibn Qutayba, ʿAlī ibn Sahl aṭ-Ṭabarī et al-Jāhiz (9e s.), dont l’étude de la Vorlage syriaque ancienne montrerait l’origine préislamique39. Les différents arguments de Baumstark seront discutés par Georg Graf, qui trouve les preuves insuffisantes pour conclure à une traduction préislamique40.

En 1938, Bernhard Levin s’intéresse également aux manuscrits Vat. Borg. Ar. 95 et Berlin Staatsbibl. Or. 1108 et édite les évangiles de Matthieu et de Marc. Selon lui, le texte présent dans ces manuscrits pourrait être bien plus ancien et il s’appuie comme Baumstark sur l’argument historique : « Das palästinische Christentum der Euthymiosmission hat auch wohl von frühester Zeit an die notwendigsten liturgischen Bücher in der Volkssprache besessen. »41

4 La contribution de Georg Graf (1944)

Entre 1944 et 1953 paraissent les cinq imposants volumes de l’orientaliste allemand Georg Graf, Geschichte der christlichen arabischen Literatur. Ces volumes cherchent à inventorier la production littéraire arabe chrétienne jusqu’en 190042. Pour son étude, Graf définit la littérature arabe chrétienne selon son contenu, et pas seulement selon l’identité de l’auteur (laissant de côté par exemple la littérature profane)43. Son premier volume, intitulé Übersetzungen, parcourt les traductions en arabe de l’Ancien et du Nouveau Testament, des apocryphes et des pseudépigraphes, de la littérature patristique, de l’hagiographie et de la littérature liturgique. Graf offre au début de l’ouvrage une introduction très fournie sur l’histoire des chrétiens arabes ; il y consacre une partie à la question de la littérature arabe présislamique, intitulée « Das Problem einer Literatur der arabischen Christen in vorislamischer Zeit »44. Graf montre de manière systématique, reprenant, entre autres, les arguments de Cheikho et de Baumstark, que les éléments actuels de la recherche ne suffisent pas à affirmer l’existence d’une telle littérature. Graf suit la classification de Guidi, classant les manuscrits selon leur Vorlage ; au côté des familles grecque, syriaque et copte, Graf y ajoute la famille latine et les manuscrits dont la Vorlage est inconnue (voir chapitre 5, point 5 Vorlagen selon Graf). On trouve pour chaque version de chaque famille une courte explication historique, les principaux manuscrits et des indications bibliographiques. Graf manque parfois de systématique dans sa classification interne et dans ses références, ce qui peut rendre ardu le pistage des manuscrits45. Toutefois, cette centaine de pages sur le Nouveau Testament, mentionnant plus de quatre cents manuscrits, fournissent un concentré d’informations sur ceux-ci et sur la littérature secondaire, et le travail de Graf reste inégalé jusqu’à présent.

5 De Vööbus (1954) à Griffith (1983) : remise en question de l’existence préislamique de traductions

La question de la datation des premières traductions arabes du Nouveau Testament reste une problématique importante pour la recherche. Des chercheurs comme Vööbus, Blau et Griffith remettent en question les arguments de Baumstark et se positionnent pour une datation postérieure aux débuts de l’Islam.

Dans son ouvrage Early Versions of the New Testament de 1954, Arthur Vööbus consacre un chapitre aux versions arabes, au côté des versions latines, syriaques, arméniennes, géorgiennes, coptes, éthiopiennes et gothiques, et du Diatessaron46. Il met en évidence la complexité et la diversité du phénomène de traduction en arabe : « The New Testament in Arabic is the most colorful phenomenon. Here we have to do, not with two or three versions, but with a great number of translations. »47 Le propos principal de Vööbus est de démontrer la large influence de la Vieille Syriaque dans la tradition arabe, tant chez les auteurs arabes musulmans et chrétiens que dans les manuscrits du Nouveau Testament (il donne en exemple Sin. Ar. 82 et Berlin Staatsbibl. Or. Quarto 2101). Baumstark voyait en ces traces syriaques archaïques une preuve de l’antériorité à l’Islam des premières traductions des évangiles (voir ci-dessus). Pour Vööbus, la présence de la Vieille Syriaque dans les évangiles arabes atteste uniquement de l’influence de cette version jusqu’à une époque tardive et ne constitue pas une preuve en faveur d’une traduction préislamique.

En 1973, Joshua Blau traite directement de la question de l’existence préislamique d’une traduction arabe, dans son article « Sind uns Reste arabischer Bibelübersetzungen aus vorislamischer Zeit erhalten geblieben ? »48 Également en désaccord avec Baumstark et Levin, il analyse les manuscrits édités par ce dernier, Vat. Borg. Ar. 95 et Berlin Staatsbibl. Or. 1108, et développe une argumentation se basant uniquement sur l’aspect linguistique de leurs textes. En effet, les textes contiennent, selon Blau, à la fois des expressions d’arabe vulgaire et d’arabe classique, ainsi que des formes « pseudo-correctes »49, c’est-à-dire se voulant classiques et élégantes, mais fausses. Une telle influence de l’arabe classique sur un traducteur qui, de toute évidence, ne le maîtrise pas, ne serait pas possible avant l’Islam. Il en conclut : « Dieser Einfluss des klassichen Arabisch, der in alle Einzelheiten geht, ist nur in islamischer Zeit vorstellbar. »50

Dans un article de 1983, Sidney H. Griffith défend, contre Baumstark notamment, l’hypothèse selon laquelle les premières traductions arabes apparaîtraient au premier siècle abbasside (env. 750-850), en Syrie-Palestine51. Griffith brosse un portrait de cette période, montrant que ce contexte offre la plus grande vraisemblance pour une première traduction des évangiles. Il souligne le manque de documents remontant avec certitude avant le 9e s., tandis que nous avons des manuscrits datés par la suite (par ex. Sin. Ar. New Find Parch. 14 et 16 daté de 87352 ou Sin. Ar. 72 de 897). Il soutient également que les références chrétiennes chez les auteurs musulmans anciens comme Ibn Isḥāq ne peuvent être considérés comme des références explicites à des textes bibliques existants en arabe. Par contre, les sources musulmanes plus tardives, comme Ibn Qutayba ou aṭ-Ṭabarī, montrent que les évangiles étaient disponibles en arabe au 9e s. Enfin, selon Griffith, la situation des communautés melkites en Syrie-Palestine, éloignées de Constantinople, en fait le milieu le plus probable pour les premières traductions (à ce propos, voir chapitre 5, point 3 Dates).

Contre l’avis de ces derniers, on trouve l’article de Raif Georges Khoury qui s’intéresse principalement aux mentions de textes bibliques chez les premiers auteurs musulmans53. Il se base notamment sur le témoignage du yéménite Wahb Ibn Munnabih, qui vécut au 7e ou au 8e s., cité par Ibn Hišām. Khoury résume la situation ainsi : « […] ces citations déformées, islamisées dans leur ensemble, nous ont quand même conservé assez de parties, même s’il ne s’agit parfois que de petits fragments de versets bibliques, qui nous ramènent à un fonds archaïque d’une Bible arabe qui a sans doute dû exister en période préislamique […]. »54 Alors qu’il souligne lui-même que cela « est bien loin de constituer une Bible complète »55, Khoury pense que la littérature des premières générations islamiques « forme bien un témoignage évident, en faveur de l’existence d’une Bible arabe archaïque »56. On regrettera que Khoury ne discute pas les critiques de Graf ou de Griffith à propos des témoignages des auteurs musulmans anciens.

En parallèle aux articles traitant directement de cette problématique, on trouve en 1967 un article de Aziz S. Atiya présentant le manuscrit Sin. Ar. 514, qui présente plusieurs particularités57. Il s’agit d’un quintuple palimpseste en trois langues différentes : la couche du dessus est en arabe et contient des traités hagiographiques. La deuxième couche est en arabe, la troisième en grec et les deux dernières en syriaque58. Selon Atiya, la seconde couche pourrait être un évangile ou un évangéliaire qui remonterait à la fin du 7e s. ou au début du 8e s. : « In this case it could be the most ancient attempt at an Arabic rendering of any section of the Christian Scripture. »59

En 1983 et 1984, Harvey Staal édite successivement les lettres pauliniennes puis les Actes et les lettres catholiques du manuscrit de Sainte-Catherine Sin. Ar. 15160. Le manuscrit contient la date de 867 et est souvent décrit comme l’un des plus anciens manuscrits d’une traduction arabe du Nouveau Testament. Il est toutefois probable que la date soit celle de la traduction et non de la copie (voir ci-dessous, point 9 Les lettres de Paul, parent pauvre de la recherche)61.

On notera encore en 1977 la contribution de Bruce M. Metzger dans Early Version of the New Testament62. Il s’agit ici d’un résumé de la recherche et non d’une nouvelle contribution, mais il est intéressant qu’un chercheur venant du milieu de la critique textuelle du Nouveau Testament consacre plusieurs pages aux versions arabes, comme nous le verrons au chapitre 3, point 163.

6 Les années 1990-2000 : séries d’articles

Au tournant du millénaire, la recherche continue sous forme d’articles. En 1992, Samir Khalil Samir, un acteur important de la recherche en littérature arabe chrétienne64, publie une étude sur la recension du savant Ibn al-ʿAssāl (13e s.), où il analyse trente et un manuscrits de cette œuvre65. Un classement chronologique des manuscrits met en évidence un fait étonnant : de nombreux manuscrits datent du vivant Ibn al-ʿAssāl et de la génération qui suit. Sur trente et un manuscrits, dix-sept ont été rédigés au 13e et 14e s., comme dans le cas du manuscrit Beyrouth Bibliothèque orientale 433, qui fut copié par le neveu Ibn al-ʿAssāl66.

Deux articles, en 1994 et 1999, sont consacrés à la version des évangiles du traducteur andalou Isḥāq ibn Balašk67. López y López suppose que ce dernier a également traduit cinq des lettres de Paul et les autres livres du Nouveau Testament, car on trouve des citations de ces livres chez le théologien musulman Ibn Ḥazm, qui utilise abondamment la version de Isḥāq ibn Balašk pour les évangiles68.

Depuis les années 2000, le chercheur Juan P. Monferrer-Sala a publié de nombreux articles sur différents manuscrits. Il édite les trois épîtres de Jean du manuscrit Escurial Ar. 162569 ; il publie plusieurs articles sur le Vat. Ar. 1370 ; en 2005, il publie un article avec Angel Urbán Fernández sur le Paris BNF supplément grec 911, un manuscrit bilingue grec-arabe contenant l’évangile de Luc71. Paul Géhin avait déjà publié en 1997 un article sur ce manuscrit72 ; Fernández écrit un deuxième article à son propos en 200773.

Jean Valentin publie en 2003 un long article sur les évangiles arabes contenus dans la Bibliothèque du Monastère Sainte-Catherine au Mont Sinaï74. Il étudie vingt-cinq manuscrits, datant du 9e au 15e s., qu’il classe en huit groupes en se basant sur l’analyse de Mt 28. L’étude de Valentin montre à nouveau la complexité des versions arabes, le chercheur se demandant comment « démêler l’écheveau » des différentes versions, et soutient l’importance d’une méthode qui distinguerait la langue et le type de texte du modèle utilisé par le traducteur75.

En 2005, Samir Arbache publie avec Philippe Roisse un article sur les versions de Marc 1,1-11 en arabe, présentant sept types de textes différents76.

Enfin, en 2007, Hikmat Kashouh publie deux articles. Le premier article cherche à démontrer l’ancienneté de la version contenue dans un manuscrit du 19e s., version qui serait plus ancienne que le Vat. Ar. 13 (9e s.)77. Dans le recueil de David R. Thomas The Bible in Arab Christianity, son article étudie en détail les versets Jean 1,1 et Jean 1,8 de 40 manuscrits des évangiles, regroupés en 15 familles, article dont le contenu annonce sa monographie78.

7 Hikmat Kashouh (2012) : une monographie attendue

En 2012, Kashouh publie une large étude sur les manuscrits arabes des évangiles, The Arabic Versions of the Gospels. The Manuscripts and their Families79. Kashouh répertorie et classe plus de 200 manuscrits des évangiles – il se limite aux « manuscripts containing the continuous text of the Arabic Gospels », provenant de vingt-et-une bibliothèques80. Ils classent les manuscrits en vingt-quatre familles de texte. Parmi celles-ci, on trouve la famille a, traduction d’origine grecque, comportant les manuscrits Sin. Ar. 72 (897), Sin. Ar. 74 (9e s.), Vat. Borg. Ar. 95 (9e s.), Berlin Staatsbibl. Or. 1108 (1046) ; la famille b, d’origine grecque également, est aussi intéressante : elle contient le palimpseste Sin. Ar. New Finds Parch. 8,28, qui daterait du 8e ou 9e s. Enfin, la famille h contient le manuscrit Vat. Ar. 13, qui joue un grand rôle dans l’argumentation de Kashouh ; pour ce dernier, la traduction copiée dans le Vat. Ar. 13 précède les débuts de l’Islam. Il soutient ainsi l’existence d’une traduction arabe préislamique du Nouveau Testament81.

This study is the first work which deals with dating the AGM [Arabic Gospel manuscritpts] based on the manuscripts themselves through comparison and textual and linguistic analysis. Historical and sociological data play a secondary role, and their function is to confirm the dating which has been determined through the examination of the manuscripts. This study suggests that the Gospels could have been first translated into Arabic in either the sixth or early seventh century82.

Si le travail de Kashouh a été critiqué pour ses conclusions concernant l’existence de traductions préislamiques83, il s’agit d’une étape importante dans la recherche, une entreprise de cette dimension n’ayant pas été menée à bien depuis Graf en 1944. La vue d’ensemble offerte sur les manuscrits arabes des évangiles est utile pour toute recherche future et permet de mettre en évidence la complexité de la tradition, au vu du nombre de familles décrites.

8 Un nombre de publications croissant (2012-2017)

On trouve en parallèle ou à la suite de la thèse de Kashouh un nombre important de publications. Joséphine Nasr édite en 2011 trois manuscrits, Leiden Universiteitsbibliotheek Or. 561 (15e s.), Vat. Ar. 18 (daté de 993) et Vat. Ar. 17 (daté de 1009) contenant une traduction arabe en prose de l’évangile de Luc84. Les manuscrits contiennent les quatre évangiles. La traduction, d’origine syriaque, utilise la prose rimée dans le style du Coran ou de la poésie arabe. Dans un article de 198585, Samir émettait l’hypothèse qu’il puisse s’agir de la traduction dont ʿAbdišūʿ bar Brikhā a eu connaissance, la traduction d’Ibn Dādīšūʿ, lorsqu’il compose son évangéliaire en prose rimée86.

En 2012, Samir Arbache édite l’évangile de Luc dans le Sin. Ar. 72, manuscrit daté de 89787. Arbache s’intéresse depuis de nombreuses années au Sin. Ar. 72, auquel il a consacré sa thèse, qui était restée non publiée jusqu’à présent88.

En 2013 paraît le livre de Griffith, The Bible in Arabic. The Scriptures of the « People of the Book » in the Language of Islam. L’ouvrage de Griffith se veut une synthèse des connaissances sur le Bible en arabe :

So while the present study makes no substantive contribution to the study of the Bible in Arabic per se, its purpose is to call attention to the progress that has been made by others in this undertaking, to provide an overview of the significant topics in early Islamic history in which the Bible has a major part, and not least to highlight the social and interreligious developments that resulted from the very fact of having the scriptures of the « People of the Book » in the language of Islam89.

Il reprend ainsi plusieurs des questions importantes de la recherche au vu des nouvelles publications, se prononçant à nouveau en faveur des premières traductions datant du premier siècle abbasside. On remarquera que Griffith, malgré le titre généraliste de son livre, se concentre principalement sur les traductions les plus anciennes90.

En 2014, Samuel Moawad publie une édition critique des quatre évangiles selon la version de Ibn al-ʿAssāl, se basant sur huit manuscrits91.

Enfin, une édition du Munich Staatsbibliothek Ar. 238 qui contient la version andalouse des évangiles de Isḥāq ibn Balašk été publié en 201692. Monferrer-Sala complexifie le dossier en éditant une autre version « mozarabe » des évangiles préservée dans le manuscrit fragmentaire Qarawiyyīn 730, qui serait plus ancienne93.

Monferrer-Sala a quant à lui publié ces dernières années différents articles importants pour l’étude du Vat. Ar. 13 que nous discutons au chapitre 6, point 2 État de la recherche sur le Vat. Ar. 13.

9 Les lettres de Paul, parent pauvre de la recherche

Comme nous pouvons le constater après cet état de la recherche sur les manuscrits arabes du Nouveau Testament, les études concernant les lettres de Paul sont particulièrement peu nombreuses, la recherche s’étant dans l’ensemble concentrée sur les évangiles. En effet, les chercheurs semblent considérer que les évangiles furent traduits en premier, et davantage que les autres livres du Nouveau Testament (voir à ce propos chapitre 4, point 1). Nous montrons pourtant dans la deuxième partie de notre thèse que le corpus paulinien en arabe représente une tradition tout aussi importante.

Le manuscrit Sin. Ar. 155 est le premier manuscrit des lettres pauliennes à faire l’objet d’une étude approfondie. Gibson en édite le texte en 189494. Le manuscrit, trouvé au Monastère Sainte-Catherine Mont Sinaï en 1892, comprend Romains, Corinthiens, Galates et une partie d’Éphésiens (1,1-2,9) ; la première partie du manuscrit contient le Siracide. Le codex daterait du 9e s. et contient une traduction faite à partir du grec. Le manuscrit serait une copie d’un modèle plus ancien. Graf relèvera que la suite du texte, de Éphésiens 2,9 à Timothée 2,12a ainsi que Hébreux, se trouve dans le manuscrit Londres BL Or. 861295.

Dans son article « Arabic Versions », Burkitt signale, au côté du Sin. Ar. 155, le Vat. Ar. 13 (8e ou 9e s.), traduit du grec, ainsi qu’un manuscrit se trouvant à Saint-Pétersbourg, Bibl. Nat. Ar. New Series 32796. Datant de 892, ce dernier manuscrit, apporté par Tischendorf « de l’Est », contient le corpus paulinien. Cette version serait faite à partir d’une « Nestorian copy of the Peshîttâ »97.

Dans sa liste des manuscrits arabes du Nouveau Testament, Gregory propose 41 manuscrits contenant le texte paulinien, allant de quelques fragments au corpus complet98. Graf poursuit ce catalogue, ajoutant une centaine de manuscrits pauliniens à la liste de Gregory, et esquisse une classification selon les Vorlagen (voir point 4 La contribution de Georg Graf (1944))99.

Il faut attendre 1983 pour retrouver l’étude complète d’un manuscrit arabe de lettres de Paul : Harvey Staal édite le Sin. Ar. 151, qui contient le corpus paulinien, ainsi que les Actes des Apôtres et les lettres catholiques100. Il transcrit et traduit les quatorze épîtres pauliniennes. Le manuscrit contient un colophon datant de l’an 867, mais la composition de l’entier du manuscrit s’est faite dans un laps de temps plus large : deux autres colophons attestent de deux révisions entre 1030 et 1035. En plus du texte biblique, le manuscrit comprend des indications liturgiques, des gloses et de nombreux commentaires. Il est intéressant de noter que le second scribe a parfois inséré la formule « musulmane » Bismillāh ar-raḥmān ar-raḥīm (« au nom de Dieu clément et miséricordieux »), qui commence les sourates du Coran. D’après l’étude de Staal, la traduction reflète de toute évidence une Vorlage syriaque101.

Avant l’édition de Staal, Joseph Nasrallah mentionnait le Sin. Ar. 151 dans un article102. Il y relève notamment l’homonymie du traducteur du Sin. Ar. 151 mentionné dans le colophon, Bišr ibn al-Sirrī, avec l’auteur, qui serait plus tardif, d’une traduction et d’un commentaire de l’évangile de Matthieu et Marc, et d’une préface et d’un commentaire de Daniel, mentionné dans l’introduction de la recension des évangiles de Ibn al-ʿAssāl. En 2004, Sebastian P. Brock s’intéresse au commentaire présent dans le Sin. Ar. 151. Il y note l’influence syriaque orientale : « […] the Commentary in Sinai Arabic 151 offers another example of the ways in which the East Syriac exegetical tradition – including material deriving from Theodore of Mopsuestia – became available in Chalcedonian circles […]. »103 Brock s’intéresse aussi à l’identité du traducteur, Bišr ibn al-Sirrī ; contrairement à Nasrallah, Brock pense qu’il s’agit de la même personne que l’auteur mentionné par Ibn al-ʿAssāl.

Dans un article de 2005, Paul Féghali commente également le Sin. Ar. 151. Il confirme l’origine syriaque (Peshitta) de la traduction ; la langue et le vocabulaire refléteraient les 9e-10e s. Pour Féghali, les commentaires s’apparentent à l’École théologique d’Antioche, avec un intérêt évident pour les discussions christologiques, qui marquèrent le christianisme oriental. Il ne semble pas avoir connaissance des conclusions de Brock quant à l’influence syriaque orientale104.

En 2011, Daniel Potthast s’intéresse à la lettre aux Romains dans le manuscrit Madrid BN 4971105. Il fait le point dans son article sur la situation des lettres en Paul en arabe dans la tradition andalouse chrétienne lors de l’« âge d’or » des traduction andalouses qui se situerait entre 850 à 950, notant le peu de témoins pauliniens. Il existe le manuscrit Madrid BN 4971 et le folio de la lettre aux Galates, Vat. Lat. 12900106, ainsi que six citations de Ibn Ḥazm, provenant de Romains, 1 Corinthiens, Galates et Philippiens. Le manuscrit Madrid BN 4971 contenait à l’origine vraisemblablement le Nouveau Testament complet, dont il reste aujourd’hui des fragments des évangiles et les lettres de Paul, avec lacunes (Tite et Philémon sont par ailleurs manquants). Potthast, qui édite la lettre aux Romains, pense que le texte, bien que le manuscrit soit plutôt récent, reflète bien une traduction andalouse ancienne, qui traduit fidèlement une recension hispanique de la Vulgate107.

Dans notre récente recherche sur le Venise Marciana Gr. 379, nous montrons que la traduction arabe qui s’y trouve est parente de celle présente dans le Vat. Lat. 12900 et le Madrid BN 4971. Ce manuscrit, qui contient toutes les lettres de Paul à l’exception de Philémon, représente donc un nouveau chaînon important pour l’étude des traductions « mozarabes » faite à partir du latin108.

On mentionnera encore l’article de Monferrer-Sala de 2015 sur la lettre à Philémon du Vat. Ar. 13. Il considère l’épître traduite à partir du grec et du syriaque (à ce propos, voir chapitre 6, point 2 État de la recherche sur le Vat. Ar. 13 et chapitre 8, point 5.2. Une traduction aux origines multilingues)109.

Enfin, en 2017, Vevian Zaki a publié un article consacré à une version d’origine grecque avec influence du syriaque, que l’on retrouve dans six manuscrits : Sin. Ar. 155 et Londres BL Or. 8612 (qui formaient un ensemble à l’origine) ; Sin. Ar. 73 et Paris BNF arabe 6725 (un manuscrit fragmentaire, qui contient une partie du Sin. Ar. 73) ; Sin. Ar. 159 et Sin. Ar. 160110.

1

Nous limitions, à quelques exceptions près, cet état de la recherche aux études sur les manuscrits arabes du Nouveau Testament et leurs textes continus ; les études sur les citations du Nouveau Testament chez les auteurs musulmans ou chrétiens, l’utilisation liturgique ou encore les traductions modernes ne sont pas comprises dans cette recherche.

2

Voir ARBACHE Samir, « Les versions arabes des Évangiles », Mélanges de Science Religieuse 3, 1999, pp. 85-94. En ligne : <http://bdr.proxience.net/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=198619> ; METZGER Bruce Manning, « The Arabic Versions », in : The Early Versions of the New Testament : Their Origin, Transmission and Limitations, Oxford, Clarendon Press, 1977, pp. 257-268.

3

Al-Ingîl al Muqaddas. Evangelium sanctum, Rome, Ex Typographia Medicæ, 1590-1591.

4

Novum Domini Nostri Jesu Christi Testamentum arabice, ex Bibliotheca Leidesi, éditée par Thomas Erpenius, Leiden, 1616. Nous notons ici que l’article Wikipédia « Thomas van Erpe » mentionne une première édition de deux lettres de Paul, Romains et Galates, datant de 1613. Nous n’avons pas trouvé confirmation de celle-ci dans la littérature secondaire. Cf. <https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_van_Erpe>, consulté le 01.03.16.

5

Biblia hebraïca, samaritana, chaldaïca, græca, syriaca, latina, arabica, quibus textus originales totius Scripturæ Sacræ (…), éditée par Guy Michel Lejay, imprimée à Paris par Antoine Vitré, 1628-1645.

6

Biblia Sacra polyglotta, complectentia textus originales, hebraicum, cum Pentateucho samaritano, chaldaicum, graecum ; versionumque antiquarum, samaritanae, graecae LXXII interp., chaldaicae, syriacae, arabicae (…), Londres, imprimée par Thomas Roycroft, 1657.

7

Biblia sacra Arabica : Sacrae Congregationis de propaganda fide iussu edita ad usum Ecclesiarum Orientalium : Additis è regione Bibliis Latinis vulgatis, Rome, Sacra Congregatio de Propaganda Fide, 1671. Voir FÉGHALI Paul, « The Holy Books in Arabic : The Example of the Propaganda Fide Edition », in : BINAY Sara et LEDER Stefan (éds), Translating the Bible into Arabic : Historical, Text-Critical and Literary Aspects, Würzburg, Beyrouth, Ergon-Verlag, 2012 (Beiruter Texte und Studien 131), pp. 37-51.

8

Lachmann et Tischendorf sont considérés comme les chercheurs ayant rompu avec la tradition du Textus receptus grec (METZGER Bruce M. et EHRMAN Bart D., The Text of New Testament. Its Transmission, Corruption, and Restoration, 4e édition, Oxford, Oxford University Press, 2005, p. 170. ALAND Kurt et ALAND Barbara, The Text of the New Testament : An Introduction to the Critical Editions and to the Theory and Practice of Modern Textual Criticism, 2e édition, Grand Rapids, Eerdmans Publishing Co., 1995 (Studies and Documents 46), p. 11.) Lachmann a-t-il utilisé une version arabe ? Renouf sous-entend que oui (RENOUF LE PAGE Peter, « On the Supposed Latin Origin of the Arabic Version of the Gospels », Atlantis : or Register of Literature and Science of the Catholic University of Ireland 4, 1863, p. 241), mais nous n’en avons pas trouvé mention.

9

S’il ne les considère pas comme fiables, il leur consacre un paragraphe entier. Tischendorf considère les versions arabes comme très anciennes : « arabicae (arr), quarum alia ab ipsis Graecis (saec. fere IV.), alia a Syria, alia a Coptis, alia a Latinis (saec. VIII.) petita est. » Il utilise deux éditions, celle d’Erpenius et celle des Polyglottes, et le texte du Vat. Ar. 13 tel que reproduit par Scholz. TISCHENDORF Constantin, Novum Testamentum Graece. Ad antiquos testes recensuit, apparatum criticum multis modis auctum et correctum apposuit, commentationem isagogicam praemisit …, Leipzig, Winter, 1849, p. LXXVIII. Voir notre chapitre 6, point 2 État de la recherche sur le Vat. Ar. 13. Tischendorf continue dans les éditions suivantes d’utiliser les versions arabes ; elles sont mentionnées rapidement dans l’introduction de la 8ème édition : « Raro tantum adhibuimus arabicas lectiones […] », TISCHENDORF Constantin, Novum Testamentum Graece. Ad antiquissimos testes denuo recensuit apparatum criticum omni studio perfectum, vol. 1, 8e édition, Leipzig, Giesecke & Devrient, 1869, pp. XV-XVI. C’est Gregory, dans les Prolegomena, qui détaille quelles versions Tischendorf a utilisées (celles utilisées pour sa première édition, citée ci-dessus, et des passages du Leipzig UB Vollers 1058 et du Saint-Pétersbourg Bibl. Nat. Ar. New Series 327), GREGORY Caspar René, Novum Testamentum graece. Ad antiquissimos testes denuo recensuit, apparatum criticum omni studio perfectum apposuit. Editio octava critica maior. Volumen III. Prolegomena IX-XIII, vol. 1, Leipzig, J. C. Hinrichs, 1884, p. 37. Gregory fait ensuite la liste de 137 manuscrits arabes du Nouveau Testament, GREGORY Caspar René, Novum Testamentum graece. Ad antiquissimos testes denuo recensuit, apparatum criticum omni studio perfectum apposuit. Editio octava critica maior. Volumen III. Prolegomena IX-XIII, vol. 3, Leipzig, J. C. Hinrichs, 1894, pp. 928-947.

10

ALFORD Henry, The Greek Testament : With a Critically Revised Text, A Digest of Various Readings, Marginal References to Verbal and Idiomatic Usage, Prolegomena, And a Critical and Exegetical Commentary, vol. 1, 4e édition, Londres, Rivingtons, 1859, p. 115.

11

« The Arabic versions of the four Gospels is one of those ancient translations of Scriptures, which it has lately become fashionable among English Biblical scholars to set aside as valueless for the purposes of criticism or exegesis. » RENOUF LE PAGE, « On the Supposed Latin Origin of the Arabic Version of the Gospels », art. cit., 1863, p. 241.

12

DAVIDSON Samuel, A Treatise on Biblical Criticism : Exhibiting a Systematic View of That Science, Edimburgh, A&C Black, 1852, p. 222. Davidson partage l’idée selon laquelle la traduction arabe des évangiles aurait été faite directement de la Vulgate latine par un certain Jean de Séville au 8e s. (il donne en référence les travaux de Storr et Juynboll, non publiés). Cette thèse est remise en question dans l’article de Renouf, mais aussi par Gildemeister (GILDEMEISTER Johann, De Evangeliis in Arabicum e simplici Syriaca translatis, Bonn, Marcus, 1865), Lagarde (LAGARDE Paul, Die vier Evangelien, arabisch aus der Wiener Handschrift herausgegeben, Leipzig, F.A. Brockhaus, 1864, pp. XI-XVI), Tregelles (TREGELLES Samuel P., « Arabic Versions », in : A Dictionary of the Bible Comprising Its Antiquities, Biography, Geography, and Natural History, vol. 3, 2e édition, Londres, John Murray, 1893, pp. 1614-1616.) Nous ne discutons pas ce développement ici. Voir KASHOUH Hikmat, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, Berlin, Boston, De Gruyter, 2012 (Arbeiten zur neutestamentlichen Textforschung 42), p. 14.

13

DAVIDSON, A Treatise on Biblical Criticism : Exhibiting a Systematic View of That Science, op. cit., 1852, p. 228.

14

RENOUF LE PAGE, « On the Supposed Latin Origin of the Arabic Version of the Gospels », art. cit., 1863, p. 249. Pour son analyse, Renouf se base sur l’édition de Raimundi et celle d’Erpenius, Ibid., p. 244.

15

RENOUF LE PAGE, « On the Supposed Latin Origin of the Arabic Version of the Gospels », art. cit., 1863, p. 257.

16

LAGARDE, Die vier Evangelien, arabisch aus der Wiener Handschrift herausgegeben, op. cit., 1864, p. XXXI. Nous gardons ici l’orthographe d’origine.

17

Ibid., p. XXXII. Nous gardons ici l’orthographe d’origine.

18

NESTLE Eberhard, « Bibelübersetzungen, Arabische », in : Realencyklopädie für protestantische Theologie und Kirche, vol. 3, Leipzig, Hinrichs, 1897, pp. 90-95. Voir aussi HORNE Thomas H., DAVIDSON Samuel et TREGELLES Samuel P., An Introduction to the Critical Study and Knowledge of the Holy Scriptures. Volume 4. An Introduction to the Textual Criticism, Etc. of the New Testament, 10e édition, Londres, Longman, Brown, Green, Longmans & Roberts, 1856, p. 323.Voir les références de Vollandt : VOLLANDT Ronny, Arabic Versions of the Pentateuch. A Comparative Study of Jewish, Christian, and Muslim Sources, Leiden, Brill, 2015 (Biblia Arabica 2), pp. 3-4.

19

GILDEMEISTER, De Evangeliis in Arabicum e simplici Syriaca translatis, op. cit., 1865.

20

GUIDI Ignazio, Le Traduzioni degli Evangelii in arabo e in etiopico, Rome, Tipografia della r. accademia dei Lincei, 1888 (Atti della reale accademia dei Lince 4).

21

Pour une critique de Guidi, voir KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, pp. 12-13.

22

Nous reprenons cette question plus bas, au point 9.

23

Voir la notice 156 au chapitre 4.

24

GIBSON Margaret Dunlop, An Arabic Version of the Epistles of St Paul to the Romans, Corinthians, Galatians with Part of the Epistles to the Ephesians, Londres, C. J. Clay, 1894 (Studia Sinaitica 2). Le manuscrit était déjà présenté, ainsi que le Sin. Ar. 75, dans l’article LEWIS Agnes Smith et DELMAR MORGAN E., « Some Ancient Manuscripts of the Arabic New Testament », in : Transactions of the Ninth International Congress of Orientalists, vol. 2, Londres, Committee of the Congress, 1893, pp. 96-98.

25

GIBSON Margaret Dunlop, An Arabic Version of the Acts of the Apostles and the Seven Catholic Epistles, Londres, C. J. Clay, 1899 (Studia Sinaitica 6).

26

À propos de la question de la datation du Sin. Ar. 154, voir SAMIR Samir Khalil, « The Earliest Arab Apology for Christianity », in : SAMIR Samir Khalil et NIELSON Jørgen S. (éds), Christian Arabic Apologetics during the Abbasid Period (750-1258), Leiden, Brill, 1994, pp. 57-114 ; GRIFFITH Sidney H., The Bible in Arabic. The Scriptures of the « People of the Book » in the Language of Islam, Princeton, Princeton University Press, 2013, p. 112 ; SWANSON Mark N., « Fī tathlīth Allāh al-wāḥid », in : THOMAS David Richard et ROGGEMA Barbara (éds), Christian-Muslim Relations : A Bibliographical History (600-900), Leiden, Boston, Brill, 2009 (The History of Christian-Muslim Relations 11), pp. 330-333 ; id., « An Apology for the Christian Faith », in : NOBLE Samuel et TREIGER Alexander (éds), The Orthodox Church in the Arab World (700-1700) : An Anthology of Sources, DeKalb, Northern Illinois University Press, 2014, pp. 40-59.

27

BURKITT Francis Crawford, « Arabic Versions », in : Dictionary of the Bible : Dealing with Its Language, Literature, and Contents Including the Biblical Theology, vol. 1, Edinburgh, T&T Clark, 1898, pp. 136-138.

28

HYVERNAT Henri, « Arabes (versions) des écritures », in : Dictionnaire de la Bible, vol. 1, Leipzig, Letouzey et Ané, 1895, pp. 845-856.

29

GRAF Georg, « Arabische Übersetzungen der Apokalypse », Biblica 10, 1929, pp. 170-194.

30

En addition des recherches discutées ci-dessous, voir aussi : RÖMER Karl, « Studien über den Codex Arabicus Monacensis Aumer 238 », Zeitschrift für Assyriologie und Vorderasiatische Archäologie 19 (1), 1906, pp. 98-125 ; EURINGER Sebastian, « Zum Stammbaum der arabischen Bibelhandschriften Vat. ar. 468 und 467 », Zeitschrift für Semitistik und verwandte Gebiete 7, 1929, pp. 259-273 ; id., « Zum Stammbaum der arabischen Bibelhandschriften Vat. ar. 468 und 467. Nachträge zum Band 7. », Zeitschrift für Semitistik und verwandte Gebiete 8, 1929, pp. 260-261. Sur les manuscrits du Sinaï : LEWIS Agnes Smith et GIBSON Margaret Dunlop, Forty-One Facsimiles of Dated Christian Arabic Manuscripts, Cambridge, Cambridge University Press, 1907 (Studia Sinaitica 12) ; GRAF Georg, « Sinaitische Bibelfragmente », Oriens Christianus 14, 1925, pp. 217-220. Sur le Vat. Copt. 9 et son lien au traité du pseudo-Ġazālī al-Radd al-Jamīl : PADWICK Constance E., « Al-Ghazali and the Arabic Versions of the Gospels. An Unsolved Problem », The Muslim World 29 (2), 1939, pp. 130-140. La thèse de Padwick est remise en question par Kashouh, voir KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, p. 35.

31

GREGORY Caspar René, Textkritik des Neuen Testamentes, vol. 2, Leipzig, Hinrichs, 1902, pp. 579-592. Les manuscrits sont déjà énumérés dans les Prolegomena, voir note 9 ci-dessus.

32

Archives de la cathédrale de León codex 35, Munich Staatsbibliothek Ar. 238, Munich Staatsbibliothek Ar. 234, GOUSSEN Heinrich, Die christlich-arabische Literatur der Mozaraber, Leipzig, O. Harrassowitz, 1909, p. 9. Il s’agit de la famille m selon Kashouh, KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, pp. 275-276. Voir aussi l’article de Baumstark (BAUMSTARK Anton, « Markus Kap. 2 in der arabischen Übersetzung des Isaak Velasquez », Oriens Christianus 9, 1934, pp. 226-239), l’article de Römer (RÖMER, « Studien über den Codex Arabicus Monacensis Aumer 238 », art. cit., 1906), les articles que nous mentionnons dans la note 67 (LÓPEZ et ROISSE) et le travail récent de Kassis (KASSIS H. E., An Andalusian Arabic Version of the Four Gospels (Bayer. Staatsbibl., München, cod. arab. 238), Peeters, Louvain, 2016 (CSCO 663).

33

Voir la notice 184 dans le chapitre 4.

34

TISSERANT Eugène et BRUYNE Donatien DE, « Une feuille arabo-latine de l’épître aux Galates », Revue biblique N.S. 7, 1910, p. 335. Notre recherche actuelle sur le manuscrit Venise Marciana 379 apporte des nouveaux éléments à la question. Voir la note 108 ci-dessous et la notice 194 dans le chapitre 4.

35

CHEIKHO Louis, An-naṣrāniyya wa-ādābuhā bayna ʿarab al-jāhiliyya, 3 vol., Beyrouth, Imprimerie Catholique, 1912.

36

BAUMSTARK Anton, « Die sonntägliche Evangelienlesung im vorbyzantinischen Jerusalem », Byzantinische Zeitschrift 30, 1930, pp. 350-359 ; id., « Das Problem eines vorislamischen christlich-kirchlichen Schrifttums in arabischer Sprache », Islamica 4, 1931, pp. 574-575 ; id., « Eine altarabische Evangelienübersetzung aus dem Christlich-Palästinensischen », Zeitschrift für Semitistik and verwandte Gebiete 8, 1932, pp. 201-209 ; id., « Der älteste erhaltene griechisch-arabische Text von Psalm 110 (109) », Oriens Christianus 9, 1934, pp. 55-66 ; id., « Eine frühislamische und eine vorislamische arabische Evangelienübersetzung », in : Atti Del XIX Congresso Internazionale Orientalisti, Rome, Tipografia del Senato, 1938, pp. 682-684.

37

BAUMSTARK, « Eine altarabische Evangelienübersetzung aus dem Christlich-Palästinensischen », art. cit., 1932, p. 166.

38

BAUMSTARK, « Die sonntägliche Evangelienlesung im vorbyzantinischen Jerusalem », art. cit., 1930.

39

« [D]ie Tatsache einer christlich-palästinensischen Vorlage dürfte für die Entstehung des bei Ibn Ishaq bzw. Ibn Hichâm nachwirkenden arabischen Evangelientextes in noch vorislamische Zeit weisen. » BAUMSTARK, « Eine altarabische Evangelienübersetzung aus dem Christlich-Palästinensischen », art. cit., 1932, p. 209. Son élève Curt Peters cherchera également à établir l’origine « pré-Peshitta » de groupes de manuscrits : PETERS Curt, « Proben eines bedeutsamen arabischen Evangelientextes », Oriens Christianus 11, 1942, pp. 189-211 ; id., « Von arabischen Evangelientexten in Handschriften der Universitäts-Bibliothek Leiden », Acta Orientalia 18, 1940, pp. 124-137. Il soutient également l’existence de traductions préislamiques : PETERS Curt, « Grundsätzliche Bemerkungen zur Frage der arabischen Bibeltexte », Rivista degli studi orientali 20 (1), 1942, pp. 129-143.

40

GRAF Georg, Geschichte der christlichen arabischen Literatur, vol. 1, Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, 1944 (Studi e Testi 118), pp. 39-52. Voir aussi les avis de Vööbus et Griffith ci-dessous.

41

LEVIN Bernhard, Die griechisch-arabische Evangelien-Übersetzung Vat. Borg. Ar. 95 und Ber. Orient. Oct. 1108, Uppsala, Almqvist & Wiksell, 1938, pp. 10-11.

42

En 1905, Graf avait publié une première contribution allant jusqu’au 11e s. : GRAF Georg, Die christlich-arabische Literatur bis zur fränkischen Zeit, Freiburg, Herdersche Verlagshandlung, 1905.

43

GRAF Georg, Geschichte der christlichen arabischen Literatur, vol. 1, Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, 1944 (Studi e Testi 118), pp. 2-3.

44

Ibid., pp. 27-52.

45

Voir la critique de Samir K. Samir : SAMIR Samir Khalil, « Pour une nouvelle histoire de la littérature arabe des Chrétiens », in : SAMIR Samir Khalil (éd.), Actes du premier congrès international d’études arabes chrétiennes (Goslar, septembre 1980, Rome, Pontificio Instituto Orientale, 1982 (Orientalia Christiana Analecta 218), pp. 259-271. Et celle de Kashouh : KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, pp. 23-24.

46

VÖÖBUS Arthur, « The Arabic Versions », in : Early Versions of the New Testament : Manuscript Studies, Stockholm, Estonian Theological Society in Exile, 1954, pp. 271-297.

47

Ibid., p. 288.

48

BLAU Joshua, « Sind uns Reste arabischer Bibelübersetzungen aus vorislamischer Zeit erhalten geblieben ? », Le Muséon 86, 1973, pp. 67-72. Voir aussi BLAU Joshua, « Über einige christlich-arabische Manuskripte aus dem 9. und 10. Jahrhundert », Le Muséon 75, 1962, pp. 101-108.

49

Ce que Blau définit comme étant du moyen arabe, voir à ce propos le chapitre 8, point 2 Moyen arabe.

50

BLAU, « Sind uns Reste arabischer Bibelübersetzungen aus vorislamischer Zeit erhalten geblieben ? », art. cit., 1973, p. 70.

51

GRIFFITH Sidney H., « The Gospel in Arabic : An Inquiry into its Appearance in the First Abbasid Century », Oriens Christianus 67, 1983, pp. 126-167.

52

Cette date est remise en question ; voir la discussion au chapitre 5, point 3.3.

53

KHOURY Raif Georges, « La ou les premières bibles arabes », in : FAHD Toufic (éd.), L’Arabie préislamique et son environnement historique et culturel : Actes du Colloque de Strasbourg, 24-27 juin 1987, Leiden, Brill, 1989 (Travaux du Centre de Recherche sur le Proche Orient et la Grèce Antiques 10), pp. 549-561.

54

Ibid., p. 559.

55

Ibid., p. 560.

56

Ibid.

57

ATIYA Aziz Suryal, « Codex Arabicus (Sinai Arabic Ms. No. 514) », in : LEHMANN-HAUPT Hellmut (éd.), Homage to a Bookman : Essays on Manuscripts, Books and Printing Written for Hans P. Kraus on His 60th Birthday Oct. 12, 1967, Berlin, Gebr. Mann Verlag, 1967, pp. 75-85.

58

Voir BROCK Sebastian P., « A Palimpsest Folio of Matt 20 :23-31 (Peshitta) in Sinai Ar. 514 (“Codex Arabicus”) », Orientalia. Nova Series 61 (2), 1992, pp. 102-105.

59

ATIYA, « Codex Arabicus (Sinai Arabic Ms. No. 514) », art. cit., 1967, p. 78.

60

STAAL Harvey, Mt. Sinai Arabic Codex 151 I : The Pauline Epistles, vol. 1, Louvain, Peeters, 1983 (CSCO 452) ; id., Mt. Sinai Arabic Codex 151 I : The Pauline Epistles, vol. 2, Louvain, Peeters, 1983 (CSCO 453) ; id., Mt. Sinai Arabic Codex 151 II : Acts of the Apostles, Catholic Epistles, 2 vol., Louvain, Peeters, 1984 (CSCO 462-463).

61

Voir la discussion au chapitre 5, point 3.3.

62

METZGER, « The Arabic Versions », art. cit., 1977. Voir la critique de Metzger par Kashouh : KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, pp. 28-29.

63

Une thèse sur l’évangile de Marc est publiée en 1977, mais nous n’y avons pas eu accès (GARLAND Amy G., An Arabic Version of the Gospel According to Mark, Master of Arts diss., Catholic University of America, 1978). Voir KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, p. 29.

64

Voir entre autres : SAMIR, « Pour une nouvelle histoire de la littérature arabe des Chrétiens », art. cit., 1982 ; SAMIR Samir Khalil, « L’avenir des études arabes chrétiennes », Parole de l’Orient 24, 1999, pp. 21-43 ; id., « Survol de la situation des recherches arabes chrétiennes », in : MONFERRER-SALA Juan Pedro (éd.), Eastern Crossroads. Essays on Medieval Christian Legacy, New Jersey, Gorgias Press, 2007, pp. 371-385.

65

SAMIR Samir Khalil, « La version arabe des Évangiles d’Al-Asʿad Ibn al-ʿAssâl », Parole de l’Orient 19, 1994.

66

À propos de la recension d’Ibn al-ʿAssāl, voir chapitre 5, point 3.4 Remarques concernant les manuscrits du 13e s.

67

LÓPEZ Y LÓPEZ Ángel C., « La traducción de los Evangelios al árabe por Isaac Ben Velasco de Córdoba en el siglo X a. D. », Boletín Millares Carlo 13, 1994, pp. 79-84 ; ROISSE Philippe, « Los Evangelios traducidos del latín al árabe por Isḥāq b. Balašk al-Qurṭubī en 946 d.C. », in : SECO DE LUCENA PAREDES Luis, CASTILLO CASTILLO Concepción, CORTÉS PEÑA Immaculada et al. (éds), Estudios Árabes. Dedicados a D. Luis Seco de Lucena (En el XXV Aniversario de su muerte), Grenade, University of Granada, 1999, pp. 147-164. Kashouh annonce en 2012 que Philippe Roisse termine sa thèse sur l’évangile de Marc dans cette version (KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, pp. 17, 34, 275) ; nous n’avons pas d’information à ce sujet.

68

LÓPEZ Y LÓPEZ, « La traducción de los Evangelios al árabe por Isaac Ben Velasco de Córdoba en el siglo X a. D. », art. cit., 1994, p. 82. Potthast ne pense pas qu’il s’agisse de la même traduction, POTTHAST Daniel, « Die andalusische Übersetzung des Römerbriefs », Collectanea Christiana Orientalia 8, 2011, p. 72.

69

Ar. 1625 est le numéro de catalogue ; sa cote est Escorial Real Biblioteca Cas. 1619, voir la notice 91 dans le chapitre 4. MONFERRER-SALA Juan Pedro, « An Eastern Arabic Version of the Three Epistles of Saint John (Codex Ar. 1625) Kept in the Monastery of el Escorial (Madrid) », Parole de l’Orient 27, 2002, pp. 27-49.

70

Voir chapitre 6, point 2 État de la recherche sur le Vat. Ar. 13.

71

URBÁN FERNÁNDEZ Angel et MONFERRER-SALA Juan Pedro, « Some Regards on Textual Criticism in a Greek-Arabic Ms. BnF Suppl. grec 911 (A.D. 1043) », Parole de l’Orient 30, 2005, pp. 72-102. Voir aussi MONFERRER-SALA Juan Pedro, « Kērýssō and its Arabic Renditions in a Bilingual Gospel of Luke (BnF ’Supl. grec 911’, 1043 CE) », in : SAMIR Samir Khalil et MONFERRER-SALA Juan Pedro (éds), Graeco-Latina et Orientalia : Studia in Honorem Angeli Urbani Heptagenarii, Cordoue, Beyrouth, Oriens Academic, 2013 (Syro-Arabica 2), pp. 221-236.

72

GÉHIN Paul, « Un manuscrit bilingue grec-arabe, BnF, Supplément grec 911 (année 1043) », in : DÉROCHE François (éd.), Scribes et manuscrits du Moyen-Orient, Paris, Bibliothèque nationale de France, 1997 (Études et recherches / Bibliothèque nationale de France), pp. 162-175.

73

URBÁN FERNÁNDEZ Angel, « An Unpublished Greek-Arabic MS of Luke’s Gospel (BnF Suppl. grec 911, AD 1043): A Report », in : MONFERRER-SALA Juan Pedro (éd.), Eastern Crossroads. Essays on Medieval Christian Legacy, New Jersey, Gorgias Press, 2007 (Gorgias Eastern Christianity Studies 1), pp. 83-95.

74

VALENTIN Jean, « Les évangéliaires arabes de la bibliothèque du Monastère Ste-Catherine (Mont Sinaï) : Essai de classification d’après l’étude d’un chapitre (Matth. 28). Traducteurs, réviseurs, types textuels », Le Muséon 116, 2003, pp. 415-477. Valentin prépare actuellement une édition critique de l’évangile de Marc à partir des manuscrits traités dans son article (nous remercions Herman Teule pour cette information).

75

Ibid., p. 475.

76

ARBACHE Samir et ROISSE Philippe, « Marc 1, 1-11 arabe. Versions anciennes de Syrie-Palestine et d’al-Andalus », Mélanges de Science Religieuse 2, 2005, pp. 65-78. En ligne : <http://bdr.proxience.net/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=205053>.

77

KASHOUH Hikmat, « The Arabic Gospel Text of Codex Beirut, Bibliothèque orientale, 430 : Is It Recent or Archaic ? », Parole de l’Orient 32, 2007, pp. 105-121.

78

KASHOUH Hikmat, « The Arabic Versions of the Gospels. A Case Study of John 1,1 and 1,18 », in : THOMAS David Richard (éd.), The Bible in Arab Christianity, Leiden, Brill, 2007 (The History of Christian-Muslim Relations 6), pp. 9-36.

79

La version soutenue de la thèse est accessible en ligne depuis 2010 : <http://ethos.bl.uk/OrderDetails.do?did=1&uin=uk.bl.ethos.496010>, consulté le 10.10.2017. Elle présente certaines différences, notamment au niveau de la datation de la traduction de Vat. Ar. 13, Kashouh proposant dans la thèse de remonter jusqu’au 5e-6e s., tandis que la version éditée chez De Gruyter contient une datation plus basse, 6e-7e s.

80

Il en propose une liste abrégée : KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, pp. 46-77.

81

Voir chapitre 6, point 2 État de la recherche sur le Vat. Ar. 13, ainsi que le chapitre 3, point 4 L’existence de traductions préislamiques, un point de vue minoritaire.

82

KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, p. 326.

83

Voir chapitre 6, point 2 État de la recherche sur le Vat. Ar. 13.

84

NASR Joséphine, Une traduction arabe de l’Évangile de Luc, Beyrouth, CEDRAC, 2011 (Patrimoine arabe chrétien 26).

85

SAMIR Samir Khalil, « Une réponse implicite à l’iʿǧāz du Coran : l’Évangéliaire rimé de ʿAbdišūʿ », Proche-Orient Chrétien 35, 1985, pp. 225-237.

86

L’évangéliaire en prose rimée a été édité en 2007 : KHOURY Sami et SAMIR Samir Khalil, L’Évangéliaire arabe rimé de ‘Abdīšū‘ de Nisibe (†1318), Beyrouth, CEDRAC, 2007 (Patrimoine arabe chrétien 19-20).

87

ARBACHE Samir, L’Évangile arabe selon saint Luc : texte du VIIIe siècle, copié en 897, Bruxelles, Safran, 2012.

88

ARBACHE Samir, Une version arabe des évangiles : Langue, texte et lexique, Ph.D., Université Michel de Montaigne Bordeaux III, 1994. Voir aussi : ARBACHE Samir, Le tétraévangile Sinai arabe 72, ses rubriques liturgiques et son substrat grec, Mémoire de licence, Université catholique de Louvain, 1975.

89

GRIFFITH, The Bible in Arabic. The Scriptures of the « People of the Book » in the Language of Islam, op. cit., 2013, p. 2.

90

Herman Teule regrettait l’absence de mention des productions faites en Mésopotamie du Nord et de l’Est entre le 11e et le 14e s. dans sa conférence sur la traduction des évangiles par ʿAbdišūʿ bar Brikhā du 22 avril 2015 (<http://www.unil.ch/nt-arabe/colloque-2015/>, consulté le 8.02.2016.

91

MOAWAD Samuel, Al-As’ad Abū al-Faraǧ Hibat Allāh ibn al-’Assāl : Die arabische Übersetzung der vier Evangelien, Le Caire, Alexandria School, 2014.

92

KASSIS, An Andalusian Arabic Version of the Four Gospels (Bayer. Staatsbibl., München, cod. arab. 238), op. cit., 2016.

93

MONFERRER-SALA Juan Pedro, Evangelio Árabe fragmentario de Marcos (Ms. Qarawiyyīn 730) : una traducción árabe andalusí del siglo X. Edición diplomática y estudio preliminar, Cordoba, UCOPress, CNERU, CEDRAC, 2016 (Syro-Arabica).

94

GIBSON, An Arabic Version of the Epistles of St Paul to the Romans, Corinthians, Galatians with Part of the Epistles to the Ephesians, op. cit., 1894. Il nous faut mentionner ici une thèse non publiée : BOYD R.H., The Arabic text of I Corinthians in « Studia sinaitica no. II » ; a Comparative Linguistic and Critical Study, Princeton, Princeton University, 1942. L’auteur y défendrait l’origine préislamique du texte. Blau trouve sa conclusion infondée, voir BLAU Joshua, « The State of Research in the Field of the Linguistic Study of Middle Arabic », Arabica (28), 1981, p. 194.

95

KRENKOW F., « Two Ancient Fragments of an Arabic Translation of the New Testament », Journal of the Royal Asiatic Society (New Series) 58 (2), 1926, pp. 275-285. En ligne : Cambridge Journals Online, <http://journals.cambridge.org/article_S0035869X00069288>, consulté le 11.11.2014. Voir la notice 117 dans le chapitre 4.

96

Voir la notice 150 dans le chapitre 4.

97

BURKITT, « Arabic Versions », art. cit., 1898.

98

GREGORY, Textkritik des Neuen Testamentes, op. cit., 1902, pp. 579-592.

99

GRAF, Geschichte der christlichen arabischen Literatur, op. cit., 1944, pp. 170-181.

100

STAAL, Mt. Sinai Arabic Codex 151 I : The Pauline Epistles, op. cit., 1983 ; STAAL, Mt. Sinai Arabic Codex 151 I : The Pauline Epistles, op. cit., 1983 ; STAAL, Mt. Sinai Arabic Codex 151 II : Acts of the Apostles, Catholic Epistles, op. cit., 1984.

101

Voir la discussion concernant la datation du manuscrit au chapitre 5, point 3.3.

102

NASRALLAH Joseph, « Deux versions Melchites partielles de la Bible du IXe et du Xe siècles », Oriens Christianus 64, 1980, pp. 202-215. À propos de la recension d’Ibn al-ʿAssāl, voir chapitre 5, point 3.4 Remarques concernant les manuscrits du 13e s.

103

BROCK Sebastian P., « A Neglected Witness to the East Syriac New Testament Commentary Tradition : Sinai Arabic MS 151 », in : EBIED Rifaat et TEULE Herman (éds), Studies on the Christian Arabic Heritage, Louvain, Peeters, 2004 (Eastern Christian Studies 5), p. 215.

104

FÉGHALI Paul, « Les épîtres de Saint Paul dans une des premières traductions en arabe », Parole de l’Orient 30, 2005, pp. 103-130.

105

POTTHAST, « Die andalusische Übersetzung des Römerbriefs », art. cit., 2011.

106

Voir les notices 121 et 184 dans le chapitre 4.

107

POTTHAST, « Die andalusische Übersetzung des Römerbriefs », art. cit., 2011, p. 83. À propos de la partie évangélique de Madrid BN 4971 l’article : MONFERRER-SALA Juan Pedro, « Scripture and Translation an Arabic Fragment of the Gospel of Mark Preserved in Ms 4971 BNM », Journal of Eastern Christian Studies 70 (1-2), 2018, pp. 35-62.

108

Venise Marciana Gr. 379 est l’objet d’une recherche en ligne : <https://humarec.org>, consulté le 26.05.2017. Le projet est soutenu par le Fonds national suisse de la recherche (no. 169869). À propos de la traduction arabe, voir : SCHULTHESS Sara, « Important Comments on the Arabic Translation », HumaRec, 02.05.2017, <https://www.humarec.org/index.php/continuous-publications-blog/25-important-comments-on-the-arabic-translation>, consulté le 26.05.2017.

109

MONFERRER-SALA Juan Pedro, « The Pauline Epistle to Philemon from Codex Vatican Arabic 13 (Ninth Century CE): Transcription and Study », Journal of Semitic Studies 60 (2), 2015, pp. 341-371.

110

ZAKI Vevian, « The Textual History of the Arabic Pauline Epistles : One Version, Three Recensions, Six Manuscripts », in : HJÄLM Miriam L. (éd.), Senses of Scripture, Treasures of Tradition. The Bible in Arabic among Jews, Christians and Muslims, Leiden, Brill, 2017 (Biblica Arabica 5).

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