1 Introduction
La troisième partie du travail (La première lettre aux Corinthiens dans le Vat. Ar. 13) est consacrée au Vat. Ar. 13 et à la première lettre aux Corinthiens de ce manuscrit. Nous avons présenté dans les remarques méthodologiques introductives (chapitre 1, point 2) notre positionnement en faveur de l’étude d’un manuscrit unique, et non pas pour une édition critique se basant sur une approche généalogique du texte, celle de l’arbre, qui nous semblent problématique. L’approche généalogique, en plus des problèmes épistémologiques que celle-ci pose en sous-entendant un texte original, est d’autant plus difficile à justifier dans le cas de textes dont l’histoire de transmission est particulièrement compliquée. Dans le cas des versions arabes du Nouveau Testament, on observe des Vorlagen différentes et multiples, des « contaminations » entre familles, l’influence de pratiques liturgiques variées, etc. Dans son analyse des manuscrits arabes des évangiles, Hikmat Kashouh décrit 24 familles, avec des sous-groupes1. Cette situation remet en question, à notre avis, la finalité d’une édition critique du Nouveau Testament arabe. Dans le chapitre concernant l’édition dans le « Handbook » de l’association COMSt (Comparative Oriental Manuscript Studies), Caroline Macé dit à propos de l’édition diplomatique, ou édition documentaire : « An essential distinction needs to be made between editing a text or a work and editing a document […]. In some cases, the unique character of a document preserving a text may prompt scholars to edit this document for its own sake. »2 Si on comprend bien l’intention de l’auteur, qui donne ensuite l’exemple d’un témoin unique d’un texte, on peut se demander si tout document n’a pas son « caractère unique » justifiant une édition propre. Cette idée se popularise notamment avec l’avènement du digital (voir aussi chapitre 1, point 2) et avec elle des éditions de manuscrits per se3. De plus, le Vat. Ar. 13 a certainement un caractère unique. Le manuscrit passionne la recherche depuis des années, notamment à cause de son ancienneté. Nous discutons cette recherche et ses conclusions dans ce chapitre 6. Par ailleurs, il pourrait s’agir du seul témoin de sa famille (voir chapitre 8, point 3.1 Comparaison avec Sin. Ar. 151 et Sin. Ar. 155).
2 État de la recherche sur le Vat. Ar. 13
La première mention du Vat. Ar. 13 dans un volume imprimé est celle faite par Joseph Simon Assemani dans la Bibliotheca Orientalis Clementino-Vaticana en 1719, le Vat. Ar. 13 faisant partie des manuscrits rapportés d’Orient par Assemani. Nous reproduisons ici cette notice :
LXXI. Evangelia Matthaei, Marci, & Lucae. Epistolae S. Pauli. In fol. membr. 1784.
À la suite de l’armistice de Bologne (1796) et du traité de Tolentino (1797), plusieurs manuscrit romains furent réquisitionnés par la France. On trouve le Vat. Ar. 13 mentionné dans un registre de ces objets conservés à la Bibliothèque nationale de Paris5, qui furent rendus au Vatican en 1815 (voir aussi point 2 ci-dessous)6.
En 1823, dans ses pages « über die arabischen Handschriften des N.T. zu Rom », J. M. A. Scholz propose une description de plus de dix pages du Vat. Ar. 137 et il transcrit plusieurs passages du manuscrit (Mt 13,1-20 ; Mc 5,20-28 ; Lc 4,1-15 ; Gal 2,1-3 ; 1 Tim 3,14-16 ; Phm). Selon Scholz, il s’agit d’une traduction faite sur le grec, qui diffèrerait de la traduction éditée par Thomas Erpenius en 16168 ; les notes de lectures, les chapitres et autres annotations en grec (voir points 3.7 et 3.8) correspondraient à ce que l’on trouve dans la plupart des manuscrits grecs. Scholz transcrit également le nom que se donne un copiste à la fin des lettres de Paul, Justas ben Leun ben Abilwalidi (179r), ainsi que l’épigramme que l’on trouve sur le dernier folio (179v) ; il explique que la note est signée, de manière cryptographique, par un certain diacre Kerikos, mais il ne s’étend pas davantage sur le contenu de la note (voir 3.6.2 Épigramme grec). Scholz est convaincu de l’antiquité du manuscrit, qu’il situe au 9e s. Il mentionne à l’appui de cette datation l’écriture arabe qu’il décrit comme de style kūfī et l’écriture grecque de type oncial. Il soutient aussi l’antiquité du texte ; pour lui, la version « folgt also dem konstantinopolischen Texte, und zwar nicht dem spätern, sondern demjenigen, welchen wir in einigen alten Handschriften dieser Familie wiederfinden. »9 Donnant quelques exemples de variantes, Scholz affirme que le texte traduit un témoin grec d’avant le 8e s.
Dans le catalogue des manuscrits de la Bibliothèque apostolique vaticane établit en 1831, Angelo Mai considère le manuscrit comme un « codex antiquissimus », qu’il pense lui aussi être traduit du grec. Sa notice traduit les incipit et les desinit arabes en latin et donne leur foliotation. Comme Assemani, Mai donne le folio 178 comme le folio final10.
On notera que dans son Novum Testamentum Graece de 1849, Constantin Tischendorf utilise Vat. Ar. 13 au côté de l’édition d’Erpenius et des polyglottes, tout en lui réservant un usage limité : « arabica versio e graeco Emesae in Syria facta, quam in vaticano codice reperit Scholzius et ad evangelia passim contulit. »11 Tischendorf se base certainement sur les passages transcrits de Scholz, et non sur le manuscrit lui-même.
Samuel Davidson, dans sa critique à propos de l’utilisation de versions arabes en critique textuelle du Nouveau Testament, mentionne le Vat. Ar. 13. Il dit à propos de celui-ci : « It is no use in criticism, being neither ancient nor valuable »12. Nous discutons les propos de Davidson et de ses contemporains aux chapitre 2, point 2 et chapitre 3, point 1.
En 1888, Ignazio Guidi, qui considère la description de Mai incomplète, consacre une longue note de bas de page au Vat. Ar. 1313. Guidi y fait la distinction pour les évangiles entre une partie ancienne, datant du 8e s., et une partie plus récente, réécrite vers le 10e s. (ff. 1-15 et 47-55)14. La partie ancienne aurait une Vorlage grecque, ce que Guidi étaye en transcrivant Mt 10,28-41 et Mt 26,1-13. Pour Guidi, il s’agit davantage d’une paraphrase que d’une traduction15. La partie plus récente aurait quant à elle une Vorlage syriaque (Peshitta), transcription de Mt 1,18-2,12 à l’appui. Il transcrit aussi Mt 28,1-8 en note16.
En 1895, Henri Hyvernat mentionne le Vat. Ar. 13 dans son article sur les versions arabes de la Bible17. Pour Hyvernat, le manuscrit (du moins la partie concernant les évangiles), traduit du grec, serait à rapprocher du codex Tischendorf XXXI (Leipzig Univ. Or. 1059A) et du codex Borg. K. II 31 (Vat. Ar. Borg. 95). Tischendorf ayant rapporté le codex Tischendorf XXXI de Mar Saba, Hyvernat soutient que les deux autres manuscrits proviennent également de Mar Saba. Alors que le rapprochement de ces trois manuscrits n’a pas été retenu par la suite18, l’idée que Vat. Ar. 13 vient de Mar Saba va être reprise régulièrement par la recherche (voir 3.2 Le lieu d’origine du manuscrit).
Francis C. Burkitt, dans son article de 1898, ne suit pas les avis précédents19. Pour lui, les évangiles dans Vat. Ar. 13 sont traduits du syriaque (Peshitta), et non du grec. Il mentionne en note les différences de main dans Mt, supposant une unité de traduction dans le texte : « Some of the missing portions of ar. vat in Mt have been supplied in a hand of the 10th cent. From the style and vocabulary they seem to have been copied from the original MS before the leaves were lost. »20 Burkitt souligne l’antiquité du manuscrit, « generally assigned to the 8th cent. »21, et du texte des évangiles de Vat. Ar. 13 : « The oldest representative of this class, perhaps the oldest monument of Arab Christianity […]. No other Arabic versions can claim such a high antiquity. »22 Les épîtres pauliniennes sont selon lui traduites du grec ; il propose la même datation que pour la section syriaque (8e-9e s.)23. Burkitt soutient que le manuscrit vient de Mar Saba, reprenant certainement l’hypothèse d’Hyvernat.
Par la suite, Curt Peters (1939) et Arthur Vööbus (1954) se prononcent également contre l’avis de Guidi et soutiennent l’origine syriaque du Vat. Ar. 13. En s’appuyant sur Mt 10,28-41, Peters soutient l’origine syriaque de la partie ancienne des évangiles ainsi que la présence de leçons harmonisantes, voyant en Vat. Ar. 13 un témoin potentiellement intéressant pour l’étude du Diatessaron24. Pour Vööbus, Vat. Ar. 13 présente une version traduite du syriaque avec des leçons de la Vetus Syra, comme Sin. Arab. 82 et Berl. Or. Quart. 2102, chaque manuscrit présentant toutefois une version différente. Pour lui, « that these manuscripts were translated from Syriac becomes obvious when one examines the vocabulary and renderings. […] By no means could their base have been the Peshitta, but only an Old Syriac type. »25 Pour appuyer son propos, Vööbus transcrit le verset Mt 1,24. Plus loin, il précise encore que Vat. Ar. 13 ne fait partie d’aucune famille et réaffirme son origine syriaque : « Ms. Vat. arab. 13 certainly goes back to a Syriac base in its older, as well as younger, part. »26 Ne le précisant pas, certainement inclut-il les lettres de Paul dans l’une ou l’autre des parties.
Georg Graf revient ensuite à l’avis de Guidi, classant la partie plus ancienne des évangiles dans la catégorie grecque et la partie plus récente (c’est-à-dire ff. 1-14 et 47-55) dans la catégorie syriaque. Quant à la partie paulinienne, Graf la considère d’origine grecque, louant la qualité de la traduction : « in sprachlicher Beziehung wertvollter [als Sin. Ar. 155] »27. Graf considère que le Vat. Ar. 13 pourrait être le plus ancien manuscrit contenant une collection de livres bibliques en arabe : « Aelteste Sammelhandschrift mag einmal cod. Vat. ar. 13 gewesen sein, der in seinem unsprünglichen Bestande neben den Pss auch das N.T. ohne Apk umfasste. »28
Le Vat. Ar. 13 fait partie des manuscrits utilisés par Joshua Blau pour sa grammaire ; celui-ci n’intègre toutefois que les passages du manuscrit transcrits dans les différentes études susmentionnées. Résumant les avis de ces prédécesseurs, Blau signale que les propos de Graf concernant l’origine de la partie ancienne et de celle plus récente des évangiles « not only contradict Guidi but are even self-contradictory »29. Pourquoi Blau trouve-t-il que Graf se contredit ? Est-ce parce que Graf, lorsqu’il mentionne les ajouts plus récents traduits, selon lui, du syriaque, donne la date du 11e s. mais aussi du 9e s., c’est-à-dire du même siècle que la partie plus ancienne ? Les propos de Graf nous semblent toutefois parfaitement clairs : selon lui, a) la partie ancienne des évangiles (9e s. ou avant) est traduite du grec ; b) la partie plus récente des évangiles (ajoutée au 9e et 11e s. par deux mains différentes) est traduite du syriaque ; c) les lettres de Paul (pas d’appréciation temporelle) sont traduites du grec. La critique de Blau à l’égard de Graf aura toutefois du succès, étant reprise par exemple par Hikmat Kashouh30 et Juan Pedro Monferrer-Sala31.
Ce dernier s’intéresse une première fois au Vat. Ar. 13, au côté du Sin. Ar. 72, dans un article de 2000, où il analyse le verset Mt 5,41b. Pour Monferrer-Sala, le verset Mt 5,41b est clairement traduit du syriaque et serait de nature « pseudo-diatessaronique »32 : la traduction est harmonisante mais ne se base pas sur le Diatessaron. La raison pour laquelle le verset Mt 5,41b, dont Monferrer-Sala vient de montrer l’origine syriaque et non grecque, est ensuite associé à la « sección más moderna » n’est pas claire, étant donné que Mt 5,41b est considéré depuis Guidi comme faisant partie de la partie ancienne du manuscrit33. On regrettera également que Monferrer-Sala appuie une partie de son argumentation sur le fait que le Vat. Ar. 13 soit originaire de Mar Saba, élément qui est à la base une simple hypothèse de Hyvernat. Les remarques qu’en tire Monferrer-Sala sont toutefois pertinentes, lorsqu’il souligne par exemple le milieu de production trilingue du manuscrit34.
En 2001, Monferrer-Sala publie un nouvel article consacré au Vat. Ar. 13. Il souligne l’aspect hybride du manuscrit, décrivant ses caractéristiques paléographiques et codicologiques et soulevant à nouveau la question des langues d’origine. Il suppose qu’un texte d’origine syriaque a été introduit dans le texte originel traduit à partir du grec lors de la restauration du manuscrit (renversant ainsi l’hypothèse de Guidi). Une telle hybridité ne pourrait être que le résultat d’une restauration qui s’est faite hors du milieu d’origine du manuscrit (« el producto manuscrito que nos hallegado muy probablemete sea labor ajena a la de los monjes de la laura de Mār Sāba »35 ), certainement faite en Europe (« Una vez en Roma, si no ya antes, al proceder a la tarea de inventariado, ordenación y catalogación de todo el material, pudieron acabar fusionándose muestras pertenecientes a dos manuscritos distintos. »36 ) S’il est possible qu’une partie de la restauration se soit faite après que le manuscrit ait quitté sa communauté (voir nos conclusions de la description du manuscrit au point 3.9), on notera que le manuscrit était déjà « hybride » bien avant (Monferrer parle de « engendro textual »37 ), les lettres de Paul étant textuellement différentes des évangiles. De plus, le manuscrit avait déjà son nombre de folios actuels lorsqu’il est arrivé en Europe (voir 3.2 Le lieu d’origine du manuscrit).
Monferrer-Sala porte ensuite son attention sur les versets Mt 5,14-16, contestant la conclusion de Guidi quant à l’aspect périphrastique de la traduction :
Veíamos al principio que Guidi hablaba de « la índole parafrástica de la versión » […] y podemos comprobar después del análisis efectuado que dicha paráfrasis […] no es tal. Las distintas calas que he podido realizar sobre esta peculiar versión árabe me confirman en la hipótesis de que estamos ante un texto de especial y rico valor desde el punto de vista tanto textual como de tradición escrituraria38.
Une étude poussée de la partie du Vat. Ar. 13 contenant les évangiles se trouve dans l’ouvrage de Hikmat Kashouh39. Le manuscrit, qui est serait le seul représentant de la famille h et est désigné par h1, joue un grand rôle dans l’argumentation de Kashouh en faveur de l’existence préislamique d’une traduction des évangiles40. Kashouh distingue cinq scribes ayant participé à la composition de celui-ci (que nous discutons en détail au point 3 Description du manuscrit Vat. Ar. 13). Comme le veut le cadre de son étude, Kashouh se concentre sur les évangiles. À propos des lettres de Paul, Kashouh souligne que la partie paulinienne est un cas différent de celui des évangiles ; la traduction des lettres de Paul n’aurait pas les mêmes caractéristiques et aurait été faite indépendamment. De plus, elles auraient été traduites du grec et non du syriaque et ne présenteraient pas les traits archaïques trouvés dans celle des évangiles41. Concernant les évangiles, Kashouh concentre son étude sur la partie la partie la plus ancienne : elle est seule représentante de la famille h et aurait la Peshitta comme Vorlage. h1 (qui désigne donc la partie ancienne des évangiles) aurait été copié aux environs de 800 mais présenterait le texte le plus ancien parmi les versions arabes. Pour prouver l’antiquité du texte, Kashouh se base tout d’abord sur des arguments paléographiques : le scribe copierait une graphie très archaïque, qui présente des caractéristiques particulières, comme par exemple la forme des alifs (une conclusion que nous discutons en 3.5 Quelques aspects paléographiques). Une analyse linguistique vient appuyer l’antiquité du texte : h1 ne présenterait pas, malgré l’origine syro-palestinienne du manuscrit42, les caractéristiques du Early Middle Arabic décrites par Blau et de manière générale, ce témoin ne se rapprocherait d’aucun autre manuscrit :
[…] the linguistic characteristics of h1 are crucial because they are unique and not shared with other manuscripts studied in this study, and they […] strongly suggest that the archetype of h1 was produced before the seventh century ; a date when the majority of the AGM were first translated43.
Enfin, Kashouh compare le vocabulaire de h1 et le vocabulaire coranique et conclut : « […] there is clear linguistic evidence that some terms found in the text of Vatican, Ar. 13 precede the Qurʾān […] »44. À l’issue de ses analyses, Kashouh émet deux hypothèses :
1. The autographed text of h1, in the Gospels only, was prepared in the sixth century in a place such as al-Hîra in Iraq, by a scholar, possibly Nestorian, who was well acquainted with the Arabic language […] ; 2. The autographed text of h1, in the Gospels only, was prepared in the early seventh century and coincides with the rise of Islam. It was prepared for the Arab Christians in al-Hîra, Basra or Najrân. This version precedes all other versions of the Gospels prepared in the second half of the seventh or early eighth century. This version uses the language of the Arab Christians at the time and some terms clearly pre-date the advent of Islam45.
Bien que Sidney Griffith reconnaisse dans son ouvrage de 2013 les qualités de l’étude de Kashouh, qu’il qualifie de « breath of fresh air »46, il remet sévèrement en cause les conclusions de ce dernier quant au Vat. Ar. 13. Discutant l’un après l’autre les arguments de Kashouh, il conclut :
The facts that the vocabulary in the original exemplar of the translated Gospels seems to have been strange to the later copyist, that the script lacked vowel marks, that there is no evidence of Qurʾānic language in the translation, and that the Arabic writing does not feature many of the characteristics that Joshua Blau described as typical of ‘old south Palestinian’ Christian Arabic, do not add up to evidence that the translation was done originally in Najrān, or anywhere else in the Arabic-speaking milieu prior to the rise of Islam in the fifth or sixth century47.
Pour Griffith, les arguments présentés par Kashouh pourraient aussi correspondre à une datation plus récente (« the late seventh or early eighth century, which, as we shall also see, is the period within which a number of other early Bible translations can plausibly be thought to have been done »48 ) ainsi qu’à une origine syro-palestinienne49, comme c’est le cas pour le manuscrit lui-même et pour les premières traductions évangéliques en arabe.
En 2013, Monferrer-Sala publie un article qui remet en question la majorité des conclusions émises jusqu’alors sur la Vorlage de la partie la plus ancienne des évangiles. Analysant verset par verset Mt 11,1-19, il démontre l’origine à la fois grecque et syriaque de la traduction :
The foregoing analysis of the fragment of Matthew 11 :1-19 suggests that the Arabic translator of Vat. Ar. 13 used a Greek original as the source for his version. However, in the light of the lectiones offered by the fragment, there is every reason to believe that he also made use of other versions, and more specifically of a Syriac text. Accordingly, it may be assumed that the translation was indeed based on a Greek text, as asserted by Guidi in the nineteenth century and maintained ever since. But it may additionally be postulated that the translator made use of other materials, of at least one other text which was in all probability a Syriac version, specifically of the Peshitta, with whose options the Arabic translation coincides at several points50.
Enfin, il souligne à nouveau qu’il ne partage pas l’avis de Guidi quant à l’aspect périphrastique de la traduction : « the translation may be described as ‘exegetic’, but certainly not ‘periphrastic’. »51 On notera que la conclusion de Monferrer-Sala quant à l’origine à la fois grecque et syriaque de la traduction remet en question le classement de Kashouh qui classait le texte dans la famille des traductions faites sur la Peshitta seulement.
Par la suite, Monferrer-Sala consacre deux articles à la partie plus récente des évangiles. Il publie en 2014 une étude de Mt 2,18-2352 et en 2015 une étude de Mt 3,1-1753. Ces deux passages se trouvent dans les folios restaurés par la main de Sc (9e s., voir point 3.4). Monferrer-Sala conclut que le traducteur de Mt 2,18-23 s’est basé sur au moins deux textes, un texte grec ainsi qu’un texte araméen que Monferrer-Sala renonce à identifier. À propos de Mt 3,1-17, il détermine que la traduction se base sur un texte syriaque tout en ayant quelques corrections faites à partir du grec. Si Monferrer-Sala ne discute pas sa conclusion de 2014 dans son article de 2015, son opposition générale entre deux corpus – la section ancienne (« the oldest section of the codex Vaticano Arabo 13, based on a Greek Vorlage, exhibits a whole series of features in terms of translation ») et la section récente (« this later section, based on a Syriac text, is much less complex as regards translation strategies, and much more dependent on its Syriac Vorlage, making only very minor concessions to the Greek text techniques and strategies »)54 – nous laisser penser que ce qui s’applique à Mt 3,1-17 s’applique aussi à Mt 2,18-23.
Enfin, plus récemment, Monferrer-Sala s’est intéressé aux lettres de Paul dans le Vat. Ar. 13 en publiant un article sur la lettre à Philémon dans le Vat. Ar. 13, dans lequel il donne une transcription complète de la lettre55. Son analyse de la traduction suggère que le traducteur se base sur un texte grec tout en faisant usage de la Peshitta pour des raisons linguistiques ou exégétiques. Cette conclusion est similaire à celle que nous établissons à propos de 1 Corinthiens, grâce à l’analyse textuel du chapitre 8.
En conclusion de cet état de la recherche, nous pouvons dire que le Vat. Ar. 13 a éveillé un intérêt peu habituel depuis le début de la recherche sur les manuscrits arabes du Nouveau Testament. Cet intérêt est lié à l’antiquité du manuscrit, antiquité qui, bien que le manuscrit soit non daté, fait l’unanimité. La recherche s’est principalement concentrée sur le texte des évangiles, suivant un mouvement général dans la recherche (voir chapitre 2, point 9 et chapitre 4, point 1) ; bien que copiées en partie par le même scribe, les lettres de Paul sont généralement à peine mentionnées.
L’histoire de la recherche est marquée par la recherche de l’origine de la traduction de la partie la plus ancienne des évangiles, les chercheurs proposant le grec ou le syriaque comme langue d’origine. Le désaccord sur l’origine de la traduction trouve en partie une explication dans l’étude de Monferrer-Sala de 2013, qui montre que le texte (du moins Mt 11,1-19) se base à la fois sur un texte grec et un texte syriaque.
Concernant les lettres de Paul, celles-ci n’avaient pas fait l’objet d’étude particulière jusqu’en 201556. Lorsqu’elles sont mentionnées, elles sont considérées à l’unanimité comme étant traduites du grec, une conclusion que nous remettons en partie en cause au chapitre 8.
Enfin, nous noterons que l’information selon laquelle le manuscrit a été copié à Mar Saba semble être née d’une hypothèse de Hyvernat qui a été reprise sans vérification par de nombreux chercheurs par la suite. Si nous ne remettons pas en cause le milieu d’origine melkite, le manuscrit lui-même ne porte aucune preuve de son appartenance à Mar Saba, comme nous allons le voir.
3 Description du manuscrit Vat. Ar. 1357
3.1 Le lieu de conservation du manuscrit
Le manuscrit est conservé à la Bibliothèque Vaticane et porte la cote Vaticanus Arabicus 13. Il fait partie du fonds des manuscrits arabes de la Bibliothèque Vaticane acquis progressivement à partir du 15e s.58 En 1715, Clément XI envoie Joseph Simon Assemani à la recherche de manuscrits orientaux. Le manuscrit fait partie des manuscrits qu’Assemani rapporte à Rome à la suite de son deuxième voyage en 1715 au Proche-Orient59. Le manuscrit est en effet mentionné dans la Biblioteca Orientalis Clementino-Vaticana parmi les « Codices Arabici, quos auctor ex oriente advexit », au numéro 71 (nous reproduisons la notice ci-dessus au point 2). Le manuscrit reçoit la cote 13, toujours en usage aujourd’hui, lors du catalogage d’Assemani, qui a « fondu » la section des manuscrits acquis avant Clément XI (1700-1721) et ceux acquis pour Clément XI60. Le manuscrit a ensuite été déplacé à Paris ; il fait en effet partie des manuscrits romains réquisitionnés par la France à la suite l’armistice de Bologne (1796) et du traité de Tolentino (1797), conservés à la Bibliothèque nationale de Paris et rendus au Vatican en 181561. Ce séjour à Paris est confirmé par la présence du tampon de la Bibliothèque nationale aux f. 1r et 179v. Une courte description du manuscrit se trouve dans un registre des manuscrits romains réquisitionnés, la Recensio manuscriptorum codicum, datant de 180362. On trouve ensuite la description faite par Angelo Mai en 1831 dans le premier catalogue imprimé des manuscrits arabes, qui reprend le travail de Joseph Simon Assemani. Aujourd’hui, la Bibliothèque Vaticane met à disposition une description détaillée du manuscrit dans son catalogue en ligne63 et, depuis peu, les images du manuscrit64.
3.2 Le lieu d’origine du manuscrit
Quel est le lieu d’origine du Vat. Ar. 13 ? L’épigramme en grec au f. 179v (voir point 3.6.2) mentionne la ville d’Emèse, c’est-à-dire Ḥoms, en Syrie. L’information concernant Ḥoms est mentionnée par les chercheurs au 19e s.65 Or en 1895, Hyvernat mentionne le monastère de Mar Saba comme possible lieu d’origine du Vat. Ar. 1366 et par la suite, le manuscrit a été associé à ce monastère. Récemment, Mar Saba est mentionnée comme lieu d’origine du manuscrit par Monferrer-Sala, Kashouh ou encore Griffith (voir point 2 ci-dessus). Si nous ne remettons pas en question l’origine melkite du manuscrit (voir les conclusions du chapitre 8, point 5), aucun élément ne permet de relier directement le manuscrit au monastère de Mar Saba. D’où vient alors le Vat. Ar. 13 ? Comme nous le mentionnons au point précédent, le manuscrit fait partie des manuscrits que Joseph Simon Assemani a acquis lors de son premier voyage en Orient, un épisode qui semble également avoir été oublié par la recherche67, et qui devrait nous donner des éléments de réponse. Malheureusement, Assemani ne mentionne pas les lieux d’origine des manuscrits dans les notices des « Codices Arabici, quos auctor ex oriente advexit ». Il nous faut donc essayer de retracer le voyage que celui-ci a effectué. Les informations que l’on peut rassembler à propos de ce voyage sont maigres, et la description qu’Assemani donne lui-même de son périple est imprécise68. Certains manuscrits furent acquis en Égypte et d’autres en Syrie et au Liban. En Égypte, Assemani visita le Caire, les monastères du désert de Nitrie (Saint-Macaire, Monastère des Syriens, Saint-Antoine, Saint-Paul). En Syrie, il passa par Damas et Alep, ainsi que par Tripoli, et visita des monastères environnants. Les manuscrits proviennent de ces différentes étapes. Le Vat. Ar. 13 n’a donc pas été ramené en Europe depuis Mar Saba. Il est vraisemblable que le manuscrit provienne de l’étape syro-libanaise d’Assemani, le manuscrit ne portant aucun signe d’une origine copte.
Ce dernier point nous redirige vers une provenance possible de la région de Ḥoms, qui est mentionnée dans l’épigramme du manuscrit (voir 3.6.2 Épigramme grec). La ville Ḥoms se trouve dans le Patriarcat d’Antioche et était une métropole autonome, témoin de l’importance de sa communauté orthodoxe. Elle fut occupée par les arabes à partir de 636 et était au 9e s. sous le régime abbasside une des villes les plus importantes de Syrie ; elle fut prise par les croisés en 1099. La présence de l’Église syriaque occidentale y était aussi importante69. Les indications liturgiques dans le manuscrit indiquent une pratique communautaire et celui-ci a probablement été copié et utilisé dans un monastère. Celui-ci ne se trouvait pas forcément à Ḥoms même. En effet, la mention géographique peut aussi faire référence au district de Ḥoms. Si l’on sait peu de chose sur les monastères de la région70, on a connaissance du monastère maronite Mar Maron71 et aussi que, grâce à une inscription en syriaque du 8e s., d’un ermitage melkite72.
Si nous ne pouvons déterminer avec précision l’origine du manuscrit, rien ne vient soutenir Mar Saba comme lieu d’origine du manuscrit. Par contre, une origine dans les environs de la ville de Ḥoms, une ville importante dans le patriarcat d’Antioche, est possible (voir aussi point 3.6.2). On notera que la traduction du Sin. Ar. 151, datée de 867, vient de la ville de Damas, dont la situation peut être comparée à celle de Ḥoms.
3.3 Le support du manuscrit et la mise en page
Le manuscrit est écrit sur parchemin73. Cela prouve certainement l’antiquité du manuscrit, sans pouvoir être précis : comme l’explique Gacek, « [d]espite the wide-spread use of paper from the 3rd/9th century on, the use of parchment in the central part of the Muslim world was still significant even in the 4/10th century. »74 La majorité des manuscrits des lettres de Paul copiés sur parchemin date toutefois du 9e s. (voir chapitre 5, point 7 Matériel). Les folios sont de dimensions inégales, variant de 260 à 278 mm de hauteur et de 170 à 180 mm de largeur. Le manuscrit ne présente aucune réglure et la surface écrite varie également, allant de 200 à 230 mm de hauteur et de 125 à 170 mm de largeur75. Le nombre de lignes est très variable, entre 13 (voir f. 6r) et 21 lignes.
La reliure n’est pas d’origine. Elle est en cuir rouge et porte sur la tranche le numéro 13, les meubles du blason des Albani (étoiles à 6 branches et trois montagnes), la famille de Clément XI, ainsi que les armes du cardinal Benedetto Pamphilj, bibliothécaire de 1704-173076.
3.4 La composition du manuscrit et les différentes mains
Comme nous avons pu le voir dans l’état de la recherche, la présence de différentes mains a retenu l’attention de la plupart des chercheurs qui se sont penchés sur le manuscrit. Avant de commencer l’étude des différentes mains du manuscrits, nous tenons à préciser ici que le manuscrit n’est pas un autographe. Il présente plusieurs erreurs de copie qui permettent de l’exclure, notamment de type homoeoteleuton, à la fois dans la partie ancienne des évangiles77 et dans la partie des lettres de Paul78.
Lors du départ du manuscrit pour la France, celui-ci était déjà considéré comme composé de deux parties (« ut binus »79 ), ce qui est confirmé par le Recensio manuscriptorum codicum de 1803 qui le décrit comme « divisibilis in duas partes » et qui considère que les lettres de Paul sont d’une autre main80. La description de l’aspect composite du manuscrit s’affine par la suite, surtout avec Guidi en 188881. Grâce à l’observation des cahiers, il délimite une partie ancienne dans les évangiles, puis constate deux mains différentes dans la partie récente. Par la suite, Graf liste quatre scribes : deux mains ayant travaillé sur la partie ancienne des évangiles, différentes mais contemporaines82, et deux mains ayant travaillé sur la partie récente des évangiles (respectivement du 9e et du 11e s.)83. Rien n’est précisé à propos du scribe des lettres de Paul84.
En 2012, Kashouh distingue cinq scribes :
Here is a list of the five scribes and the texts they copied : 1st scribe (Sa), early 9th century, copied folios 15-46 (Mt 10 :27b-26 :17a) ; folios 55-56 (Mk 5 :19b-6 :9a) ; folios 83-86 (Mk 6 :9b-7 :12a) ; folios 57-64r (Mk 7 :12b-10 :29a) ; folios 75-82 (Lk 3 :31-7 :11). 2nd scribe (Sb), early 9th century, copied folios 64v-74 (Mk 10 :29b-16 :8) ; folios 87v-179 (Paul’s Epistles and the Letters to the Hebrews) ; 3rd scribe (Sc) about the 10th century copied folios 1-6 (Matthew 1 :1-6 :18a) ; 4th scribe (Sd) about the 12th century copied folios 7-14 (Matthew 6 :18b-10 :27a) and folios 47-54 (Mt 26 :17b-28 :11). Folios 47-54 are in disorder and should be read as follows : 47, 53, 52, 51, 50, 49, 4885.
Le cinquième scribe serait : « an anonymous hand (Se) [who] made a few corrections in the text copied by Sa. »
En plus des considérations paléographiques que nous traiterons plus bas, c’est surtout la signature des cahiers que l’on retrouve dans le manuscrit qui vient à l’appui des conclusions de Kashouh. En effet, comme Guidi l’avait déjà remarqué en 1888, certains cahiers sont numérotés et portent alors la signature au recto du premier folio du cahier et au verso du dernier folio du cahier. Sur ce verso, on trouve aussi
Cette numérotation nous aide à recomposer l’histoire du manuscrit : en effet, les cahiers correspondant aux mains Sa et Sb sont numérotés, tandis que les cahiers de Sc (cahier 1) et Sd (cahiers 2 et 7) ne le sont pas. Il semblerait donc que la numérotation soit d’origine, et que les cahiers de Sc et Sd ait été ajoutés plus tard.
Nous proposons ci-dessous un tableau pour aider à visualiser ce découpage :
* On trouve à la fin du quaternion le folio 119, qui contient He 11,16b-12,2a et qui devrait se trouver entre 176 et 177.
Voici quelques remarques à tirer du tableau :
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Les folios 83-86 (cahier 12) ont été déplacés : ils se trouvaient à l’origine avec le cahier 8 et il n’y avait pas de lacunes de texte après Mc 6,9a87. Cela est confirmé par le fait que le cahier 8 et le cahier 12 sont les seuls binions.
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Seuls les cahiers de Sa et Sb portent une signature. Les lacunes dans la numérotation correspondent à la description des livres bibliques qui se trouvaient à l’origine dans le manuscrit donnée dans l’épigramme (point 3.6.2) : avant le cahier ΙΑ’ (= 11), il y avait donc 10 cahiers contenant les Psaumes et le début de Matthieu ; entre les cahiers ΙΔ’ (= 14) et ΙΖ’ (= 17), on trouvait la fin de Matthieu et le début de Marc ; entre le cahier ΙΘ’ (= 19) et le cahier ΚΑ’ (= 21), on trouvait le début de Luc ; entre le cahier ΚΑ’ (= 21) et le cahier Μ’ (= 40), on trouvait la fin de Luc, l’évangile de Jean, les Actes, les épîtres catholiques88.
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Suite à la remarque 2, nous pouvons conclure que le manuscrit était à l’origine très long (51 quaternions, c’est-à-dire 408 folios). Peut-on y voir un lien avec la perte de nombreux folios, s’il y avait, par exemple, plusieurs volumes ?
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Comme noté à la remarque 2, les cahiers copiés par Sa et Sb ont des signatures, ce qui laisse penser que ces deux scribes ont travaillé de manière contemporaine. De plus, si Sa a principalement copié ce qu’il nous reste des évangiles et Sb les lettres de Paul, une main qui semble être celle de Sb a aussi copié quelques folios des évangiles (une partie du cahier 9 et le cahier 10). Sb continue au verso (64v) d’un folio commencé par Sa (64r)89. Il semble donc que Sa et Sb ont travaillé en même temps à la copie du manuscrit ; nous revenons sur ce point plus bas.
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Les cahiers copiés par Sc et Sd n’ont pas de signature et sont donc plus tardifs. Ils semblent avoir été faits pour combler les lacunes du manuscrit : en effet, on remarque que le début de Matthieu est entièrement restauré par Sc et Sd et que en 47r, Sd reprend là où Sa avait terminé le folio 46v. Toutefois, Sc et Sd ne sont probablement pas contemporains (voir l’estimation de Kashouh ci-dessus). D’une part, Sd vocalise son texte, contrairement aux autres scribes (voir 3.5 Quelques aspects paléographiques) ; d’autre part, les folios copiés par Sd sont les seuls à ne présenter aucune indication liturgique (voir 3.8 Indications de lecture).
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Le manuscrit rapporté d’Orient à la Bibliothèque apostolique vaticane par Assemani contenait déjà le nombre de folios que le manuscrit a aujourd’hui. Les différentes étapes décrites ci-dessus ont se sont déroulées avant l’arrivée du manuscrit en Europe. Il nous faut ajouter ici que les folios portent aussi une foliotation en chiffres arabes d’une main occidentale, certainement faite lors de l’arrivée à la bibliothèque90.
3.5 Quelques aspects paléographiques
Si les changements de main ne laissent pas de doute tant celles-ci sont différentes, il n’est pas pour autant évident de tirer des conclusions sur une base paléographique. En effet, la paléographie arabe présente plusieurs difficultés, notamment celle d’être une discipline en développement, comme le regrette Déroche : « pour dire les choses de manière un peu abrupte, la paléographie des écritures arabes livresques a deux siècles de retard par rapport à ce qui s’est fait pour les manuscrits latins ou grecs. »91 Dans le cas de la paléographie pour les manuscrits chrétiens arabes, on se réjouira déjà de pouvoir travailler avec l’album de manuscrits chrétiens arabes datés de Lewis et Gibson, malgré son âge honorable92. D’autres difficultés sont liées à l’écriture arabe, comme la « complexité de la détermination du changement d’un type à l’autre »93 et l’utilisation contemporaine de différents types d’écriture94, comme c’est le cas dans notre manuscrit pour les écritures de Sa et Sb, qui, bien que contemporaines, sont très différentes. C’est donc avec prudence que nous avançons les éléments paléographiques qui suivent.
Sa présente une écriture « brisée » au trait épais, que beaucoup ont rapproché du style kūfī (Mai, Scholz), style utilisé de la moitié du 8e au 10e s.95 Certains chercheurs n’ont pas manqué de remarquer des similitudes entre ce type d’écriture utilisé dans les manuscrits chrétiens arabes anciens et le syriaque de type esṭrangēlā, avec un résultat se rapprochant du kūfī. C’est le cas d’Abbot, qui en note donne comme exemple la planche II de l’album Lewis-Gibson représentant Londres BL Or. 4950, daté de 87796 (copié au monastère Saint-Chariton)97. C’est cette planche de l’album qui nous semble en effet se rapprocher le plus de la main de Sa98. Dans son étude de l’écriture de Sa, Kashouh en avait souligné l’antiquité, listant les traits archaïques suivants :
1. The writing of the Alef in Sa is unique among [Arabic Gospels manuscripts]. At the base of the Alef, there is a turning of the hand to the right. According to Ibn al-Nadim, a tenth century scholar from Baghdad, this peculiar form of the alef is common among manuscripts of Makkah and al-Madinah, in the south of Arabia, copied in the first and second centuries AH (seventh/eighth centuries AD). 2. In general, the middle ‘ayn and ghayn are written with two oblique strokes only (without a horizontal stroke joining them together). 3. The tail of the final mīm is short and has a slant which makes it look like the ra’. 4. The final ba’ and ta’ do not end with a vertical stroke. 5. The semi-circle (or the curve) of the final nun is pointing more forward then upward. 6. Some of the initial and independent ‘ayn have the lower base extended to the right99.
Pour Kashouh, ces caractéristiques rapprochent la main de Sa de BNF Ar. 328 : « A comparison of this kind shows not only the antiquity of h1 (though codex BNF, Ar. 328 is older than h1) but also the similar geographical milieu of both codices. »100 À notre avis, la comparaison entre Sa et BNF Ar. 328 est problématique. En effet, une des caractéristiques de l’écriture ḥijāzī dont BNF Ar. 328 est un représentant est la suivante : « a distinct ductus, where the shafts of the alif and other letters are slanted to the right »101. L’écriture de Sa ne présente pas d’inclinaison vers la droite, mais est bien verticale, tout comme l’écriture de la planche II. La caractéristique la plus importante de Sa, que Kashouh a bien mise en évidence, est son utilisation régulière d’un alif qui se courbe en bas vers la droite, mais un tel alif courbé existe aussi dans les écritures kūfī – sous sa forme verticale, tandis que que dans les écritures ḥijāzī, il est penché vers la droite102.
Sb se différencie nettement de Sa par des alifs droits et une écriture plus petite et plus souple, bien qu’encore angulaire. Elle présente toujours des caractéristiques archaïques communes à Sa (points 3, 4, 5 et 6 de la liste de Kashouh). À notre avis, l’écriture peut être rapprochée de celle de Sin. Ar. 514, un manuscrit palimpseste dont la dernière couche, écrite en arabe, a été évaluée au 9e s.103 Tout en étant différente de celle de Sa, l’écriture de Sb reste aussi proche de l’écriture de la planche II (Londres BL Or. 4950, 877). Ces comparaisons nous rapprochent donc de la fin du 9e s.
On notera encore que Sa et Sb utilisent des points diacritiques, mais de manière irrégulière. Ils n’utilisent pas de taškīl, une caractéristique partagée par les manuscrits décrits par Blau104 dans son étude sur la langue des manuscrits arabes chrétiens du premier millénaire, mais s’étend après le 10e s. si l’on observe les planches de Lewis-Gibson (planche VII (Sin. Ar. 69, 1065), planche XIII (Sin. Ar. 117, 1204), planche XXXIV (Sin. Ar. 135, 1558).
L’écriture de Sc est difficile à définir : elle est plus cursive que l’écriture de Sb mais le trait semble encore trop épais pour être considéré comme du nasḫī. Contrairement à Sa et Sb, Sc utilise des voyelles, mais avec parcimonie (il marque surtout la ḍamma
Sd a une écriture de type nasḫī qui est plus largement vocalisée et présente des šaddas. Il utilise par ailleurs le système de désambiguïsation des consonnes consistant à placer sous les homographes (comme ʿayn et ġayn par exemple) une lettre miniature quand il s’agit de la lettre sans point. Déroche attribue ce genre de système aux 9e-11e s.105 Cet aspect devrait être étudié dans le détail. L’écriture se rapproche, selon nous, de celle de la planche XII de l’album Lewis-Gibson, qui représente Sin. Ar. 82, daté de 1197.
3.6 Souscription et épigramme
Concernant les informations qu’ont laissés les copistes eux-mêmes dans le manuscrit, deux sont notables.
3.6.1 Souscription en arabe (179r)
En 179r, à la suite du desinit de l’épître aux Hébreux, le même scribe (Sb) écrit la souscription suivante :
الشكر لله المعين علي الخير الڛابغ نعماوه علي عباده المشد رڛوله وڛليحه بقوة جبروته الذي اعان وڛلم عبده نڛطاڛ بن ليون بن ايى الوليد الضعيف
Grâce à Dieu, celui qui contribue au bien, qui abonde en grâce pour ses serviteurs, qui raffermit son envoyé et son disciple par la force de sa toute puissance, qui a aidé et qui a protégé son serviteur Nasṭās106 ibn Liyūn ibn Abī al-Walīd, le faible.
Cette souscription ne nous donne pas d’autre information à part le nom du copiste, lequel n’aide pas à préciser l’origine ou la fonction du scribe. Nous ne pouvons pas non plus exclure que le scribe ait copié une souscription existante. Le nom du copiste est accompagné par certaines caractéristiques communes pour les manuscrits arabes chrétiens, mises en évidence par Troupeau : « La mention du copiste, désigné par le nom de ʿabd « serviteur » […], est toujours accompagnée d’un ou de plusieurs qualificatifs dépréciatifs, destinés à bien marquer son indignité »107 ; ici, le dépréciatif est
3.6.2 Épigramme grec (179v)
Au verso (179v), on trouve le texte en grec suivant109 :
Le texte est écrit en majuscule ogivale inclinée, une écriture surtout répandue entre le 8e et le 9e s.114 Cela correspond à nos remarques paléographiques à propos des écritures de Sa et Sb. L’écriture ressemble à celle des incipit grecs (point 3.7) et de certaines indications de lecture (point 3.8).
Il est en dodécasyllabe, ce qui le rapproche du genre des « épigrammes byzantins ». Les épigrammes byzantins sont des poèmes en grec qui accompagnent souvent les manuscrits byzantins médiévaux115. Ce genre est très répandu et fait l’objet d’un projet de recherche qui établit une base de données de ces épigrammes, Database of Byzantine Book Epigrams (DBBE). Le dodécasyllabe y est très populaire : la base de données DBBE recense plus de 3152 épigrammes en dodécasyllabe.
Le fait que le livre prenne la parole au début semble faire partie de ce genre poétique : grâce à la base de données, nous avons trouvé la même formulation dans deux manuscrits du Mont Athos, Monê Megistês Lauras Δ 71 (11e s.)116 et Monê Koutloumousiou 307 (14e s.)117. On trouve par ailleurs des expressions similaires, comme par ex. ὄργανον εἰµι· (Florence BML Plut. 72, Cod. 3)118. Notre épigramme s’inscrit plutôt dans la catégorie « text-related », donnant surtout des informations sur le contenu du manuscrit119. On apprend ainsi que le manuscrit contenait initialement les Psaumes, les quatre évangiles, les Actes des Apôtres, les sept lettres catholiques, les quatorze lettres de Paul, ce qui est confirmé par l’étude des signatures des cahiers.
Il est mentionné ensuite deux noms, Daniel et Gabriel. Ceux-ci sont suivis des qualificatifs philentolos « qui aime les commandements » et philokalos « qui aime le beau », pouvant tout autant être des noms propres que des adjectifs épithètes120. Le terme γόνου exprime une relation filiale (familiale ou autre) entre les deux individus. Il n’est pas possible d’affirmer avec certitude qui est le « père » et qui est le « fils », mais nous supposons que, étant donné que γόνου se trouve dans le même vers que Γαβριήλ, Gabriel est le fils de Daniel. Le participe présent τελούντος semble désigner ici le scribe terminant sa tâche, il s’agirait donc du scribe Gabriel philokalos, fils de Daniel philentolos.
Il est fait ensuite mention de la patrie Ἐµίσης, c’est-à-dire la ville de Ḥoms. S’agit-il du lieu d’origine du manuscrit ou du scribe ? Le relatif οὗ semble relier la ville à Daniel, une caractéristique qui lui serait propre, souligné par αὖτε. D’un autre côté, il serait quelque peu surprenant de trouver une information géographique à propos du scribe sans trouver son équivalent à propos du manuscrit, le scribe se mettant d’ordinaire au second plan121. La question de savoir si Ἐµίσης est la ville d’origine du scribe ou du manuscrit reste à notre avis ouverte (voir aussi 3.2 Le lieu d’origine du manuscrit).
On trouve à la fin une signature cryptographiée. Elle est déchiffrée par une main récente sous la ligne : ἐγράφη χειρὶ κηρύκου διακόνου. Le système cryptographique fonctionne comme suit : l’alphabet (y compris les lettres numériques) est séparée en trois « ennéades » suivant les lettres utilisées pour les unités, les dizaines et les centaines. Chaque liste est inversée pour obtenir un équivalent encrypté122 :
ΕΖϡΘΦΒ ΥΕϟϡϟ ΠΒϡΧΠΛΧ ϚϟΘΠΛΝΛΧ
ΕΓΡΑΦΗ ΧΕΙΡΙ ΚΗΡΥΚΟΥ ΔΙΑΚΟΝΟΥ
Scholz semble considérer κηρύκου comme un nom propre, ce qui pousse à croire qu’il s’agit d’un autre individu qui a copié un colophon dans lequel il est question de Gabriel, fils de Daniel123. κηρύκου pourrait aussi être un qualificatif (dérivé de κηρύσσω) appliqué au diacre : « le diacre prédicateur » ; il s’agit peut-être d’un titre spécifique pour le diacre en charge de la prédication.
Dans tous les cas, il y a au moins deux noms de scribes différents donnés dans le manuscrit, Nasṭās ibn Liyūn ibn Abī al-Walīd en arabe en 179r et Gabriel philokalos, fils de Daniel philentolos en grec en 179v, voire trois noms si on considère le diacre Kērukos. Cela n’est pas étonnant, vu qu’au moins deux scribes sont actifs dans la copie du manuscrit dès le début de la constitution de celui-ci.
3.7 Incipit et desinit
Tous les livres dont le début a été préservé, c’est-à-dire toutes les lettres de Paul, ont un incipit et un desinit en arabe écrit à l’encre rouge, ainsi qu’un incipit en grec se situant dans la marge supérieure. Les incipit sont succincts124. Au début de 1 Corinthiens (103r), on trouve à l’encre rouge l’incipit arabe suivant :
܀ الرڛالة من بولوڛ الي القورنثانيين الاولي ܀
La lettre de Paul aux Corinthiens, la première
On trouve écrit dans la marge supérieure de 103r, à l’encre rouge, l’incipit grec :
ΠΑΥΛΟΥ ΠΡΟΣ ΚΟΡΙΝΘΙΟΥΣ Α̅
Le même incipit grec est répété dans la marge supérieure du folio 111r.
Les desinit des lettres de Paul présentent l’apparat euthalien en arabe, écrit à l’encre rouge. Dans le cas de 1 Corinthiens (120r), on trouve :
܀ تمت رڛاله بولوڛ الرڛول الي القورنثانيين الاولي وكتبت في مدينه فيليبوڛ علي يدي اڛطفانا وفرطونطوڛ وحايقوڛ وطيماثيوڛ فيها خمڛ قريانات والروڛ تڛع والشهادات ڛبع وعشرين و الايات ثمان ميه وتڛعه
est terminée la lettre de Paul l’apôtre aux Corinthiens, la première, elle a été écrite dans la ville de Philippes, à l’aide de Stéphane, Fortunatus et Achaïus et Timothée ; dans celle-ci se trouvent cinq leçons, neufs chapitres, vingt-sept testimonia, 809 signes.
Ce desinit correspond au texte syriaque de la version harkléenne (syh) telle qu’éditée par Barbara Aland125. Le matériel euthalien peut toutefois avoir été transmis par le grec ou par un manuscrit de la Peshitta révisé sur syh126. On notera encore que la mention de la ville de Philippes appartient à la tradition majoritaire byzantine127. Jusqu’à présent, la tradition arabe n’est pas intégrée dans l’étude de l’apparat euthalien128.
3.8 Indications de lectures
3.8.1 Les différentes indications de lecture dans le manuscrit
Plusieurs éléments dans le manuscrit sont les témoins de son utilisation comme lectionnaire.
(1) On trouve des éléments directement dans le corps du texte, ponctué des indications de lecture ἀρχή et τέλος. Ἀρχή est abrégé à l’aide de αρ surmonté de χ ; τέλος est abrégé à l’aide de τ surmonté de ε et surligné par un longe tilde ~. Nous les signalons dans l’édition à l’aide de α̅ρ̅χ̅ et de τ̅ε̅ (voir chapitre 7, point 4). Ces abréviations ont clairement été ajoutées dans un second temps : elles se superposent à la ponctuation ou sont écrites dans la marge. Elles sont souvent écrites à l’encre rouge, comme c’est le cas dans 1 Corinthiens, ou à l’encre noire. Des notes de ce genre existent également dans des manuscrits bibliques grecs au texte continu129.
Seuls les cahiers copiés par Sd (ff. 7-14 et 47-54) n’en portent pas la trace.
On trouve également des indications en grec dans la marge supérieure des pages. Celle-ci sont de plusieurs sortes, écrites à l’encre rouge ou noire, et d’au moins trois mains différentes.
(2) On trouve parmi elles, écrite à l’encre noire, des références à un calendrier liturgique, par exemple :
3v : ΚΥΡΗΑΚΗ Α
16v : ΣΑΒΒΑΤΩΝ Δ
90v : ΚΥΡΙΑΚΗ B
On trouve alors le plus souvent un α̅ρ̅χ̅ dans le corps du texte de la page en question. La main semble plus récente que celles des indications de type (3) ci-dessous.
Comme c’est le cas pour les signes α̅ρ̅χ̅ et τ̅ε̅, les cahiers copiés par Sd (ff. 7-14 et 47-54) n’en portent pas la trace.
(3) D’autres indications fonctionnent conjointement avec les notes α̅ρ̅χ̅ et τ̅ε̅ dans le texte. Elles donnent les premiers mots en grec de la leçon qui commence avec α̅ρ̅χ̅. La description détaillée de celles que l’on trouve en 1 Corinthiens permet de comprendre leur fonctionnement général (voir ci-dessous). Ces indications sont écrites à l’encre rouge ou noire et ont été faites par plusieurs mains. On ne les trouve pas dans le cahier de Sc (ff. 1-6) ni de de Sd (ff. 7-14 et 47-54).
(4) Enfin, dans les folios 1-6 (Sc), on trouve des indications de lecture en arabe dans le corps du texte, commençant par une formule telle que
En résumé, nous pouvons souligner que toutes les parties du manuscrit semblent avoir été utilisées comme lectionnaire, à l’exception des cahiers les plus récents, copiés par Sd (ff. 7-14 et 47-54). Les cahiers copiés par Sa et Sb sont les seuls à avoir les indications de type (3), de mains plus anciennes, tandis que les indications de type (2), ajoutées vraisemblablement après le travail de Sc, parcourent les cahiers de Sa, Sb et Sc (le folio 15v, par exemple, présente ainsi des indications de type (2) et de type (3) dans la marge supérieure). Ces éléments viennent soutenir la chronologie de la composition du manuscrit (voir 3.9 Conclusion).
3.8.2 Détails des indications de lecture dans 1 Corinthiens
Dans les folios contenant 1 Corinthiens (ff. 103r-120r), on trouve dans le corpus du texte les indications de type (1) α̅ρ̅χ̅ (23 fois) et τ̅ε̅ (31 fois) écrits à l’encre rouge. Nous les signalons dans l’édition diplomatique (voir chapitre 7, point 2). Dans la marge supérieure, on trouve des indications de type (3). Il s’agit des premiers mots en grec de la leçon qui commence là où se trouve ἀρχή dans le corps du texte. Ces débuts de lecture sont le plus souvent précédés par l’indication du thème de la lecture. Au f. 108v, par exemple, on trouve ainsi ΕΙΣ ΓΥΝΑΙΚΑΣ, suivi des premiers mots de 1 Co 7,25 ΠΕΡΙ ΔΕ ΤΩΝ ΠΑΡΘΕΝΩΝ ΕΠ (Περὶ δὲ τῶν παρθένων ἐπιταγὴν…). On peut aussi trouver des indications liturgiques, à l’image du type (2) ci-dessus, comme en 103v, où l’on a ΚΥΡΙΑΚΗ Σ̅ Σ̅Ρ̅Ω̅, suivi des premiers mots de 1 Co 1,18 : ΟΛΟΓΟΣΤΟΥΣΤΡΟΥΤΟΥΣ (Ὁ λόγος γὰρ ὁ τοῦ σταυροῦ τοῖς …).
Nous transcrivons ici les indications que l’on trouve en 1 Corinthiens et les passages auxquels elles se réfèrent :
103v : ΚΥΡΙΑΚΗ Σ̅ Σ̅Ρ̅Ω̅ ΗΜΕΡΑ ΟΛΟΓΟΣΤΟΥΣ̅Τ̅Ρ̅Ο̅Υ̅ΤΟΥΣ
cf. 1 Co 1,18 : Ὁ λόγος γὰρ ὁ τοῦ σταυροῦ τοῖς …
105r : ΤΟΥΑΓΙΟΥΜΕΓΑΛΩΦΥΤΕΩΡΓΙΟΥ ( ?) ΕΚΑΣΤΟΣΔΕΤΟΗΔΙΟΣ
cf. 1 Co 3,8b : ἕκαστος δὲ τὸν ἴδιον …
105v : ΕΙΣ ΑΠΟΣΤΟΛΟΥΣ ΔΟΚΩΓΑΡΟΘ̅Σ̅ΗΜΑΣΤΟΥΣΑΠ
cf. 1 Co 4,9 : δοκῶ γάρ, ὁ θεὸς ἡµᾶς τοὺς ἀποστόλους …
107r : ΕΙΣΤΟΝΑΠΟΘΕΣΗΝΤΩΚΡΕΩΝ ( ?) ΗΟΙΚΟΙΔΑΤΕΟΤΗΑΔΗΚΟΙ
cf. 1 Co 6,9 : Ἢ οὐκ οἴδατε ὅτι ἄδικοι …
108v : ΕΙΣΓΥΝΑΙΚΑΣ ΠΕΡΙΔΕΤΩΝΠΑΡΘΕΝΩΝΕΠ
cf. 1 Co 7,25 : Περὶ δὲ τῶν παρθένων ἐπιταγὴν …
110v : ΕΙΣΤΟΝΑΓΙΑΣΜΟΝΤΩΝΑΓΙΩΝΥΔΑΤΩΝ ΟΥΘΕΛΩΔΕΥΜΑΣ
cf. 1 Co 10,1 : Οὐ θέλω γὰρ ὑµᾶς …
112v : ΤΗΑΓΙΑ Ε ΕΓΩΠΑΡΕΛΑΒΟΝΑΠΟΤΟΥΚ̅Υ̅
cf. 1 Co 11,23 Ἐγὼ γὰρ παρέλαβον …
114r : ΕΙΣΤΩΝ […] ΚΑΙΕΙΣ […] ΥΜΗΣΕΣΤΕΣΩΜΑΧ̅Υ̅ΚΑΙ
cf. 1 Co 12,27 : Ὑµεῖς δέ ἐστε σῶµα Χριστοῦ καὶ …
114v : ΕΙΣΤΩΝΑΓΙΩΝΚΙΡΥΚΟΥΚΑΙ […] ΟΤΕΗΜΗΝΝΗΠΙΟΣ
cf. 1 Co 13,11 : ὅτε ἤµην νήπιος …
115r : ΕΙΣΠΡΟΦΗΤΑΣ ΑΔΕΛΦΟΙΜΗΠΕΔΙΑΝΕΣΘ
cf. 1 Co 14,20 : Ἀδελφοί, µὴ παιδία γίνεσθε …
116r : ΣΑΒΒΑΤΩΝΜΕΓΑΛΩ ΓΝΩΡΙΖΩΔΕΥΜΙΝΑΔΕΛΦΘ
cf. 1 Co 15,1 : Γνωρίζω δὲ ὑµῖν, ἀδελφοί …
116v : ΕΙΣΚΑΙΚΟΙΜΙΜΕΝΟΙΣ ΗΔΕΧΣΚΗΡΟΙΣΣΕΙΤΑΙ
cf. 1 Co 15,12 : Εἰ δὲ Χριστὸς κηρύσσεται …
117r : ΕΙΣΚΟΙΜΙΘΕΝΤΑΙ ΕΚΝΗΨΑ […] ΟΣΜΗ
cf. 1 Co 15,34 : ἐκνήψατε δικαίως καὶ µὴ …
117v : ΕΙΣΚΟΙΜΗΘΕΝΤΑΙ ΙΔΟΥΜΟΙΣΤΗΡΙΟΝΥΜΗΝΛ
cf. 1 Co 15,51 : ἰδοὺ µυστήριον ὑµῖν λέγω …
De manière générale, les indications de lecture dans le Vat. Ar. 13 demanderaient une étude minutieuse que nous ne pouvons mener ici. Dans tous les cas, elles attestent que le manuscrit a été utilisé par un clergé pour lequel le grec était une langue d’usage. Une comparaison avec des lectionnaires en circulation dans les communautés pourraient donner des indications sur la communauté dans laquelle le manuscrit était utilisé130. L’étude des indications de type (3) peut également présenter un intérêt pour la critique textuelle du Nouveau Testament. Ces passages peuvent être des extraits du texte grec sur lequel la traduction se base, des extraits d’un texte grec différent ou des citations de mémoire du scribe.
3.9 Conclusion
Une première conclusion peut être faite sur l’aspect général du manuscrit. Dans son chapitre sur la paléographie arabe, Déroche propose de faire la distinction entre graphie « soignée » et « informelle » :
[…] il a été jusqu’à présent assez peu fait usage de manière cohérente d’une distinction fondamentale entre d’une part, les graphies « soignées » (ou « calligraphiées »), réalisées par des professionnels avec le souci de la régularité et l’intention d’obtenir un résultat élégant, et, d’autre part, celles, « informelles », qui sont le fait de personnes maîtrisant insuffisamment l’écriture ou ne ressentant pas le besoin d’employer une écriture formelle131.
Dans le cas de notre manuscrit, aucun scribe ne présente une écriture régulière et il semble que la qualification d’« informelle » peut s’appliquer à l’écriture, mais aussi à d’autres aspects du manuscrit. En effet, nous avons noté l’irrégularité dans la taille des folios et dans la mise en page (point 3.3), qui ne peut pas être seulement imputée à l’histoire compliquée du manuscrit. Il serait intéressant de savoir si l’aspect général « informel » du manuscrit Vat. Ar. 13 a des parallèles chez d’autres manuscrits chrétiens de la même époque, comme c’est en tout cas le cas au niveau de l’écriture (Sin. Ar. 151, par exemple, partage ce type d’écriture « informelle »).
Concernant l’histoire de la composition du manuscrit, de nombreuses questions restent ouvertes et nous empêchent d’être conclusifs. Nous pouvons toutefois résumer ainsi plusieurs étapes :
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Sa et Sb (peut-être avec d’autres scribes) copient les Psaumes, les quatre évangiles, les Actes, les sept lettres catholiques et les quatorze lettres de Paul ; cette première étape laisse comme trace la numérotation en grec des cahiers. L’épigramme grec (voir point 3.6.2) date d’une époque où le manuscrit était encore entier. Les incipit et les indications de lecture de type (3) en grec datent de cette période également (voir points 3.7 et 3.8).
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Pour une raison inconnue, peut-être liée à la taille du manuscrit et à son utilisation régulière, des parties du manuscrit se perdent.
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Cela mène à un travail de restauration du texte manquant (a-t-on restauré seulement les évangiles, ou le reste également ?), travail auquel Sc a participé (cahier 1). Le manuscrit est utilisé dans la communauté : comme les cahiers de Sa et Sb, le cahier de Sc porte des marques de lecture de type (2) (voir point 3.8).
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Pour une raison inconnue, des parties du manuscrit se perdent à nouveau.
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Une nouvelle tentative de compléter le manuscrit a lieu, auquel Sd a participé (cahier 2 et cahier 7). Comme les parties de Sd ne portent pas d’indications de lecture grecques, le manuscrit n’était peut-être plus utilisé dans une communauté.
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Le manuscrit n’a pas été complété dans sa totalité ou des folios sont à nouveau perdus ; 179 folios (ou 178, voir la note 4 ci-dessus), sont rapportés à Rome par Assemani, qui les a acquis dans la région Syrie-Liban (voir point 3.2). Le manuscrit reçoit une nouvelle reliure et une nouvelle foliotation (en chiffres arabes).
KASHOUH Hikmat, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, Berlin, Boston, De Gruyter, 2012 (Arbeiten zur neutestamentlichen Textforschung 42).
MACÉ Caroline, BAUSI Alessandro, WITAKOWSKI Witold et al., « Textual Criticism and Text Editing », in : Comparative Oriental Manuscript Studies : An Introduction, Hambourg, Tredition, 2015, p. 342. En ligne : <https://www.aai.uni-hamburg.de/en/comst/publications/handbook.html>, consulté le 31.07.2018.
On peut donner en exemple l’édition du Codex Sinaïticus, <http://www.codexsinaiticus.org/>, des projets tel que Homer Multitext, <http://www.homermultitext.org>, qui donne accès aux manuscrits d’Homère et à leurs textes, ou encore le projet d’édition en ligne du Venise Marciana Gr. 379 sur lequel nous travaillons actuellement, <https://humarec.org>. Liens consultés le 27.07.2017.
ASSEMANI Joseph Simon, Bibliotheca Orientalis Clementino-Vaticana : In Qua Manuscriptos Codices Syriacos, Arabicos, Persicos, Turcicos, Hebraicos, Samaritanos, Armenicos, Aethiopicos, Graecos, Aegyptiacos, Ibericos, & Malabaricos, Jussu et Munificentia Clementis XI. Pontificis Maximi Ex Oriente conquisitos, comparatos, avectos, & Bibliothecae Vaticanae addictos, vol. 1, Rome, Typis Sacrae Congregationis de Propaganda Fide, 1719, p. 681. Pourquoi Assemani ainsi que Mai par la suite mentionnent-ils 178 et non 179 folios ? Le folio 179, qui contient sur son verso l’épigramme que nous discutons au point 3.6.2, contient bien le desinit d’Hébreux. Scholz rétablit cela en décrivant 179r et 179v.
Recensio manuscriptorum codicum qui ex universa Bibliotheca Vaticana (…) procuratoribus Gallorum iure belli, seu pactarum induciarum ergo, et initæ pacis traditi fuere (…), Leipzig, 1803, p. 17.
VIAN Paolo, « “Per le cose della Patria Nostra”. Lettere inedite di Luigi Angeloni e Marino Marini sul recupero dei manoscritti Vaticani a Parigi (1816-1819) », in : Miscellanea Bibliothecae Apostolicae Vaticanae, vol. XVIII, Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, 2011 (Studi e Testi 469), pp. 693-799.
SCHOLZ J.M.A., « Ueber die arabischen Handschriften des N.T. zu Rom », in : Biblisch-kritische Reise in Frankreich, der Schweiz, Italien, Palästina und im Archipel, in den Jahren 1818, 1819, 1820, 1821, nebst einer Geschichte des Textes N.T., Leipzig, F. Fleischer, 1823, pp. 117-135.
À propos de la version d’Erpenius, voir chapitre 2, point 1 Les premières éditions et chapitre 5, point 6 Vorlagen selon Graf.
SCHOLZ, « Ueber die arabischen Handschriften des N.T. zu Rom », art. cit., 1823, p. 127.
MAI Angelo, Scriptorum veterum nova collectio e Vaticanis codicibus edita, vol. 4, Rome, Typis Vaticanis, 1831, pp. 11-13.
TISCHENDORF Constantin, Novum Testamentum Graece. Ad antiquos testes recensuit, apparatum criticum multis modis auctum et correctum apposuit, commentationem isagogicam praemisit …, Leipzig, Winter, 1849, p. LXXVII. Voir la note de Ronny Vollandt dans VOLLANDT Ronny, « Some Historiographical Remarks on Medieval and Early- Modern Scholarship of Biblical Version in Arabic : A Status Quo », Intellectual History of the Islamicate World 1, 2013, p. 35, n. 36. Tischendorf continue à intégrer le Vat. Ar. 13 parmi les versions arabes dans les éditions suivantes, voir la note 9 au chapitre 2.
DAVIDSON Samuel, A Treatise on Biblical Criticism : Exhibiting a Systematic View of That Science, Edimburgh, A&C Black, 1852, p. 229.
GUIDI Ignazio, Le Traduzioni degli Evangelii in arabo e in etiopico, Rome, Tipografia della r. accademia dei Lincei, 1888 (Atti della reale accademia dei Lince 4), pp. 8-9.
Il s’agit en fait des folios 1-14 et 47-54.
« Come sorgesi è questa una parafrasi piuttosto che una traduzione […] », GUIDI, Le Traduzioni degli Evangelii in arabo e in etiopico, op. cit., 1888, p. 9.
Ibid., pp. 13-14.
HYVERNAT Henri, « Arabes (versions) des écritures », in : Dictionnaire de la Bible, vol. 1, Leipzig, Letouzey et Ané, 1895, p. 852.
Kashouh classe bien Leipzig Univ. Or. 1059A et Vat. Ar. Borg. 95 dans la même famille (famille a), mais Vat. Ar. 13 fait partie de la famille h. KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, pp. 86-96 et 142-170.
BURKITT Francis Crawford, « Arabic Versions », in : Dictionary of the Bible : Dealing with Its Language, Literature, and Contents Including the Biblical Theology, vol. 1, Edinburgh, T&T Clark, 1898, pp. 136-137.
Ibid., p. 136.
Ibid.
Ibid.
Ibid., p. 137.
PETERS Curt, Das Diatessaron Tatians : seine Überlieferung und sein Nachwirken im Morgen- und Abendland sowie der heutige Stand seiner Erforschung, Rome, Pont. Institutum orientalium studiorum, 1939 (Orientalia christiana analecta 123), pp. 48-62.
VÖÖBUS Arthur, « The Arabic Versions », in : Early Versions of the New Testament : Manuscript Studies, Stockholm, Estonian Theological Society in Exile, 1954, p. 281.
Ibid., p. 290.
GRAF Georg, Geschichte der christlichen arabischen Literatur, vol. 1, Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, 1944 (Studi e Testi 118), p. 171. Graf a eu accès au manuscrit lors de son travail de catalogage à la Bibliothèque Vaticane, voir notre note 63 ci-dessous.
Ibid., p. 138.
BLAU Joshua, A Grammar of Christian Arabic, Based Mainly on South-Palestinian Texts from the First Millennium, vol. Subsidia 27, Louvain, Secrétariat du CorpusSCO, 1966 (CSCO 267), p. 33.
KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, p. 145.
MONFERRER-SALA Juan Pedro, « Dos antiguas versiones neotestamentarias árabes surpalestinenses : Sin. Ar. 72 , Vat. Ar. 13 y sus posibles Vorlagen respectivas greco-alejandrina y siriaca de la Pešīṭtā », La Ciudad de Dios 213 (2), 2000, p. 382.
Ibid., p. 386.
Ibid., pp. 386-387.
Ibid., p. 381.
MONFERRER-SALA Juan Pedro, « Una traducción árabe con “pseudoescolio exegético anónimo”. Una nota de crítica textual interna a propósito del MS. Sabaítico Vaticano Arabo 13 », Boletín de la Asociación Española de Orientalistas 37, 2001, p. 76.
Ibid.
Ibid., p. 75.
Ibid., pp. 81-82.
KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, pp. 142-170.
Ibid., pp. 142-171. Voir aussi chapitre 3, point 4 L’existence de traductions préislamiques, un point de vue minoritaire.
Ibid., p. 153. Voir la conclusion de notre analyse de Vat. Ar. 13 au chapitre 8, point 5.
Comme la plupart de ses prédécesseurs, Kashouh considère que le manuscrit provient de Mar Saba, Ibid., p. 147.
Ibid., p. 153.
Ibid., p. 167.
Ibid., p. 169.
GRIFFITH Sidney H., The Bible in Arabic. The Scriptures of the « People of the Book » in the Language of Islam, Princeton, Princeton University Press, 2013, p. 49. On remarquera ici que Griffith commente la version non éditée de la thèse, qui soutient une origine remontant au 5e ou 6e s. ; la version éditée est plus modérée, soutenant le 6e ou 7e s. Voir note 79 au chapitre 2.
Ibid., p. 116.
Ibid., p. 117.
Griffith donne aussi le monastère de Mar Saba comme lieu d’origine du Vat. Ar. 13. Ibid., p. 116.
MONFERRER-SALA Juan Pedro, « An Early Fragmentary Christian Palestinian Rendition of the Gospels into Arabic from Mar Saba (MS Vat. Ar. 13, 9th c.) », Intellectual History of the Islamicate World 1, 2013, p. 95.
Ibid.
MONFERRER-SALA Juan Pedro, « Estrategias e interferencias en una traducción árabe cristiana surpalestinense (Vat. Ar. 13, S. IX) », in : MEOUAK Mohamed et PUENTE Cristina DE LA (éds), Vivir de tal suerte : Homenaje a Juan Antonio Souto Lasala, Cordoue, Madrid, Oriens Academic, 2014 (Serie Abacus 1), pp. 349-365.
MONFERRER-SALA Juan Pedro, « Translating the Gospels into Arabic from Syriac : Vatican Arabic 13 Restored Section, Strategies and Goals », Arabica (62), 2015, pp. 435-458.
Ibid., p. 456.
MONFERRER-SALA Juan Pedro, « The Pauline Epistle to Philemon from Codex Vatican Arabic 13 (Ninth Century CE): Transcription and Study », Journal of Semitic Studies 60 (2), 2015, pp. 341-371.
Ibid.
Ce sous-chapitre a été adapté en anglais et intégré dans l’article : SCHULTHESS Sara, « Vaticanus Arabicus 13 : What Do We Really Know About the Manuscript ? With an Additional Note on the Ending of Mark », Journal of Eastern Christian Studies 70(1-2), numéro spécial édité par SCHULTHESS Sara, TEULE Herman et VERHEYDEN Joseph, Arabica sunt, non leguntur … Studies on the Arabic Versions of the Bible in Jewish, Christian and Islamic Tradition, 2018, pp. 63-84. Quelques erreurs qui s’y étaient glissées ont été corrigées ici.
Une première attestation d’un noyau de 22 manuscrits arabes remonterait à 1481. VIAN Paolo, « Vaticani Arabi », in : VIAN Paolo et D’AIUTO Francesco (éds), Guida ai fondi manoscritti, numismatici, a stampa della Biblioteca Vaticana. I. Dipartimento Manoscritti, Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, 2011 (Studi e Testi 466), p. 553.
Vian fait la liste des manuscrits rapportés au Vatican par Assemani mais n’y mentionne pas le Vat. Ar. 13, ce qui a rendu ardue la reconstitution des déplacements du manuscrit, Ibid., p. 557.
Seuls les trois premiers volumes du catalogue d’Assemani, Bibliothecae Apostolicae Vaticanae codicum manuscriptorum Catalogus in tres partes distributus (Rome, 1756-1769), furent édités ; le volume concernant les manuscrits arabes, Vat. Ar. 13 y compris, n’a pas été publié, à cause d’un incendie. Ibid., p. 558.
VIAN, « “Per le cose della Patria Nostra”. Lettere inedite di Luigi Angeloni e Marino Marini sul recupero dei manoscritti Vaticani a Parigi (1816-1819) », art. cit., 2011.
Recensio manuscriptorum codicum qui ex universa Bibliotheca Vaticana (…) procuratoribus Gallorum iure belli, seu pactarum induciarum ergo, et initæ pacis traditi fuere (…), op. cit., 1803, p. 17.
Le catalogue en ligne reprend la description faite par Georg Graf lors de son travail de catalogage à la Bibliothèque vaticane à partir de 1930, qui n’a jamais été publié, <http://www.mss.vatlib.it/guii/console?service=shortDetail&id=115495>, consulté le 21.08.15. VIAN, « Vaticani Arabi », art. cit., 2011, p. 561.
<http://digi.vatlib.it/view/MSS_Vat.ar.13>, consulté le 14.03.2016.
Par ex. TISCHENDORF, Novum Testamentum Graece. Ad antiquos testes recensuit, apparatum criticum multis modis auctum et correctum apposuit, commentationem isagogicam praemisit …, op. cit., 1849, p. LXXVIII.
HYVERNAT, « Arabes (versions) des écritures », art. cit., 1895, p. 851.
Comme nous le mentionnons à la note 59 ci-dessus, Vian omet le Vat. Ar. 13 dans sa liste des manuscrits d’Assemani. Monferrer-Sala pense que la manuscrit dans son état actuel est le résultat d’un assemblage de plusieurs partie fait en Europe, voir point 2.
ASSEMANI, Bibliotheca Orientalis Clementino-Vaticana : In Qua Manuscriptos Codices Syriacos, Arabicos, Persicos, Turcicos, Hebraicos, Samaritanos, Armenicos, Aethiopicos, Graecos, Aegyptiacos, Ibericos, & Malabaricos, Jussu et Munificentia Clementis XI. Pontificis Maximi Ex Oriente conquisitos, comparatos, avectos, & Bibliothecae Vaticanae addictos, op. cit., 1719, point XI de la préface. Voir à propos du voyage d’Assemani, GEMAYEL Nasser, Les échanges culturels entre les Maronites et l’Europe : du Collège maronite de Rome (1584) au Collège de ʿAyn-Warqa (1789), vol. 1, Beyrouth, Impr. Y. et Ph. Gemayel, 1984, pp. 422-425. RAPHAËL Pierre, Le rôle du Collège maronite romain dans l’orientalisme aux XVIIe et XVIIIe siècles, Beyrouth, Université Saint Joseph, 1950, pp. 123-127.
JANIN R., « Emèse », in : Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, vol. 15, Paris, Letouzey et Ané, 1963. AUBERT J., « Homs », in : Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, vol. 24, Paris, Letouzey et Ané, 1993. Voir aussi DUSSAUD René, « Chapitre II. De Tripoli à Carné. — L’Émésène », in : Topographie historique de la Syrie antique et médiévale, Beyrouth, Presses de l’Ifpo, 2015 (Bibliothèque archéologique et historique 4), pp. 75-115. En ligne : OpenEdition Books, <http://books.openedition.org/ifpo/3699>, consulté le 22.03.2016 ; DUMPER Michael et STANLEY Bruce E., Cities of the Middle East and North Africa : A Historical Encyclopedia, Santa Barbara, ABC-CLIO, 2007, p. 172.
NASRALLAH Joseph, Histoire du mouvement littéraire dans l’Église Melchite du Ve au XXe siècle, vol. II.2, Louvain, Peeters, 1988, p. 15.
SUERMANN Harald, Die Gründungsgeschichte der maronitischen Kirche, Wiesbaden, Harrassowitz, 1998, pp. 70-72. TREIGER Alexander, « Palestinian Origenism and the Early History of the Maronites : In Search of the Origins of the Arabic Theology of Aristotle », in : JANOS Damien (éd.), Ideas in Motion in Baghdad and Beyond : Philosophical and Theological Exchanges between Christians and Muslims in the Third/Ninth and Fourth/Tenth Centuries, Leiden, Brill, 2015, pp. 44-80.
MOUTERDE Paul, « Un ermitage melkite en Emésène au VIIIe siècle », Mélanges de l’Université Saint-Joseph 18, 1934, pp. 101-106.
Kashouh donne comme support parchemin et papier ; nous n’avons personnellement pas constaté la présence de papier dans le manuscrit. KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, p. 65.
GACEK Adam, Arabic Manuscripts : A Vademecum for Readers, Leiden, Boston, Brill, 2009 (Handbook of Oriental Studies. Section 1, the Near and Middle East Ancient Near East 98), p. 195.
KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, p. 65.
Information donnée par Graf : <http://www.mss.vatlib.it/guii/console?service=shortDetail&id=115495>, consulté le 12.10.2017.
KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, p. 149.
Voir 1 Co 1,27 ; 2,3 ; 3,2 ; 6,12 ; 7,28 ; 9,20 ; 13,4 au chapitre 8, point 1.
VIAN, « “Per le cose della Patria Nostra”. Lettere inedite di Luigi Angeloni e Marino Marini sul recupero dei manoscritti Vaticani a Parigi (1816-1819) », art. cit., 2011, p. 781.
Recensio manuscriptorum codicum qui ex universa Bibliotheca Vaticana (…) procuratoribus Gallorum iure belli, seu pactarum induciarum ergo, et initæ pacis traditi fuere (…), op. cit., 1803, p. 17.
GUIDI, Le Traduzioni degli Evangelii in arabo e in etiopico, op. cit., 1888, p. 8.
GRAF, Geschichte der christlichen arabischen Literatur, op. cit., 1944, p. 147.
Ibid., p. 150.
Ibid., p. 171.
KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, p. 145, n. 47. Une analyse partagée par Graf, <http://www.mss.vatlib.it/guii/console?service=shortDetail&id=115495>, consulté le 19.10.2015.
GACEK, Arabic Manuscripts, op. cit., 2009, p. 65.
Relevé par Graf, <http://www.mss.vatlib.it/guii/console?service=shortDetail&id=156629>, consulté le 19.10.2015. Cet aspect est aussi développé par Monferrer-Sala. Nous ne comprenons toutefois pas son réarrangement des folios, qui le mène à « augmenter » le nombre de folios existant (jusqu’à 183 folios). Voir MONFERRER-SALA, « Una traducción árabe con “pseudoescolio exegético anónimo”. Una nota de crítica textual interna a propósito del MS. Sabaítico Vaticano Arabo 13 », art. cit., 2001, p. 72.
GUIDI, Le Traduzioni degli Evangelii in arabo e in etiopico, op. cit., 1888, p. 8.
KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, p. 147.
Cette foliotation s’arrête au folio 178 ; comme nous le notons à la note 4 ci-dessus, la notice d’Assemani mentionne 178 folios. Le dernier folio a-t-il été égaré à un moment donné ? Il contient pourtant bien la fin d’Hébreux.
DÉROCHE François (éd.), Manuel de codicologie des manuscrits en écriture arabe, Paris, Bibliothèque nationale de France, 2000, p. 227.
LEWIS Agnes Smith et GIBSON Margaret Dunlop, Forty-One Facsimiles of Dated Christian Arabic Manuscripts, Cambridge, Cambridge University Press, 1907 (Studia Sinaitica 12).
DÉROCHE (éd.), Manuel de codicologie des manuscrits en écriture arabe, op. cit., 2000, p. 227.
MUZERELLE Denis, « L’écriture », in : GÉHIN Paul (éd.), Lire le manuscrit médiéval, 2e édition, Paris, Armand Colin, 2013, pp. 85-120.
DÉROCHE (éd.), Manuel de codicologie des manuscrits en écriture arabe, op. cit., 2000, p. 234.
ABBOT Nadia, The Rise of the North Arabic Script and Its Ḳurʾānic Development, with a Full Description of the Ḳurʾān Manuscripts in the Oriental Institute, Chicago, University of Chicago Oriental Institute Publications, 1939, p. 20.
BLAU, A Grammar of Christian Arabic, Based Mainly on South-Palestinian Texts from the First Millennium, op. cit., 1966, p. 21.
LEWIS et GIBSON, Forty-One Facsimiles of Dated Christian Arabic Manuscripts, op. cit., 1907, pp. 3-4 et planche II.
KASHOUH, The Arabic Versions of the Gospels, The Manuscripts and their Families, op. cit., 2012, pp. 145-146.
Ibid., p. 146.
GACEK, Arabic Manuscripts, op. cit., 2009, p. 124.
Voir la typologique de Gacek. Ibid., p. 8.
ATIYA Aziz Suryal, « Codex Arabicus (Sinai Arabic Ms. No. 514) », in : LEHMANN-HAUPT Hellmut (éd.), Homage to a Bookman : Essays on Manuscripts, Books and Printing Written for Hans P. Kraus on His 60th Birthday Oct. 12, 1967, Berlin, Gebr. Mann Verlag, 1967, pp. 75-85. Voir les images : <https://www.loc.gov/item/00279390210-ms/>. Un fragment se trouve dans la collection Schøyen : <http://www.schoyencollection.com/apocryphal-literature/codex-arabicus-ms-579>. Voir aussi le Sinai Palimpsests Project (sur inscription) : <https://sinai.library.ucla.edu/>. Liens consultés le 01.02.2018.
Voir chapitre 8, point 2 Moyen arabe.
DÉROCHE (éd.), Manuel de codicologie des manuscrits en écriture arabe, op. cit., 2000, pp. 239-240.
Scholz proposait Justas (SCHOLZ, « Ueber die arabischen Handschriften des N.T. zu Rom », art. cit., 1823, p. 126), Mai Justus (MAI, Scriptorum veterum nova collectio e Vaticanis codicibus edita, op. cit., 1831, p. 13) ; Guidi propose de lire un nom propre se rapprochant d’Anastasio (GUIDI, Le Traduzioni degli Evangelii in arabo e in etiopico, op. cit., 1888, p. 8). Les deux premiers semblent n’avoir pas vu le point diacritique sur le nūn.
TROUPEAU Gérard, « Les colophons des manuscrits arabes chrétiens », in : DÉROCHE François et RICHARD Francis (éds), Scribes et manuscrits du Moyen-Orient, Paris, Bibliothèque nationale de France, 1997, p. 227.
L’utilisation de cet adjectif n’est pas une surprise dans ce cadre ; nous noterons aussi qu’il correspond au vocabulaire paulinien et qu’on le retrouve souvent dans le texte de 1 Corinthiens, voir ci-dessous 1,27 ; 4,10 ; 8,7-12 ; 9,22 ; 12,22.
Nous remercions David Bouvier, Christiane Furrer et Christophe Guignard pour toutes leurs pistes de travail.
Scholz offre une transcription du colophon (SCHOLZ, « Ueber die arabischen Handschriften des N.T. zu Rom », art. cit., 1823, p. 126) ; Guidi le transcrit également, mais sans la signature cryptée, GUIDI Ignazio, Le Traduzioni degli Evangelii in arabo e in etiopico, Rome, Tipografia della r. accademia dei Lincei, 1888 (Atti della reale accademia dei Lince 4), p. 8.
Dans la mesure du possible, nous essayons de respecter l’ordre des mots. Toutefois, il nous a parfois fallu pour des raisons de compréhension déplacer un mot d’une ligne à l’autre. Afin de rendre ce déplacement visible, nous avons rajouté le mot grec entre parenthèses.
Il manque ici 4 syllabes.
Il manque ici 2 syllabes.
PERNOT Laurent, « La paléographie grecque et byzantine au colloque de Paris (21-25 octobre 1974) », Revue des Études grecques 91 (432-433), 1978, p. 167. BADY Guillaume, « Petit album de paléographie grecque », Sources chrétiennes, HiSoMa, 2007. En ligne : <http://www.sources-chretiennes.mom.fr/upload/doc/Album_paleo_grecque.pdf>, consulté le 19.10.2015.
Voir l’ouvrage de référence : LAUXTERMANN Marc D., Byzantine Poetry from Pisides to Geometres. Texts and Contexts, vol. 1, Vienne, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, 2003 (Wiener Byzantinische Studien 24). Nous remercions David Bouvier pour la référence. Voir aussi BENTEIN Klaas et DEMOEN Kristoffel, « The Reader in Eleventh-century Book Epigrams », in : BERNARD Floris et DEMOEN Kristoffel (éds), Poetry and its Contexts in Eleventh-century Byzantium, Farnham, Ashgate, 2013, pp. 69-88.
<http://www.dbbe.ugent.be/occ/211>, consulté le 24.03.2016.
<http://www.dbbe.ugent.be/occ/3686>, consulté le 24.03.2016.
<http://www.dbbe.ugent.be/occ/2974>, consulté le 24.03.2016.
Voir les catégories proposées : <http://www.dbbe.ugent.be/help>, consulté le 24.03.2016.
Si philokalos est attesté comme nom propre (voir notamment Lexicon of Greek Personal Names, <http://clas-lgpn2.classics.ox.ac.uk/name/Φιλόκαλος>, consulté le 5.01.2018), ce n’est pas le cas de philentolos.
TROUPEAU, « Les colophons des manuscrits arabes chrétiens », art. cit., 1997, p. 229.
Nous remercions Alexander Treiger pour son aide concernant le système cryptographique.
SCHOLZ, « Ueber die arabischen Handschriften des N.T. zu Rom », art. cit., 1823, p. 126.
Au début de Romains, on trouve, en plus de l’incipit similaire à celui de 1 Corinthiens :
ALAND Barbara, Das Neue Testament in syrischer Überlieferung. II. Die Paulinischen Briefe. Teil 1. Römer- und 1. Korintherbrief, Berlin, New York, de Gruyter, 1991, p. 499. Voir aussi les pages 67-69.
Voir l’exemple à propos du prologue euthalien donné par BROCK Sebastian P., « The Syriac Euthalian Material and the Philoxenian Version of the New Testament », Zeitschrift für die neutestamentliche Wissenschaft 70, 1979, pp. 120-130.
AMPHOUX Christian-B., « Les lieux de rédaction des lettres de Paul d’après la tradition manuscrite », BABELAO 2, 2013, pp. 87-104.
Voir par exemple le récent ouvrage WILLARD Louis Charles, A Critical Study of the Euthalian Apparatus, Berlin, New York, de Gruyter, 2009 (Arbeiten zur neutestamentlichen Textforschung 41).
ENGBERG Sysse, « Les lectionnaires grecs », IRHT, 2015. En ligne : <http://irht.hypotheses.org/612>, consulté le 23.05.2016.
Les manuscrits sinaïtiques, par exemple, présentent dans certains cas le système de lecture de l’ancienne liturgie de Jérusalem (Sin. Ar. 54, Sin. Ar. 72, Sin. Ar. 74, du 9e s., Sin. Ar. 70, du 9-10e s., Sin. Ar. 97, du 12e s.) Voir JANERAS Sebastià, « Les lectionnaires de l’ancienne liturgie de Jérusalem », Collectanea Christiana Orientalia 2, 2005, pp. 71-92. La thématique n’est pas nouvelle, voir BAUMSTARK Anton, « Die sonntägliche Evangelienlesung im vorbyzantinischen Jerusalem », Byzantinische Zeitschrift 30, 1930, pp. 350-359. D’autres particularités locales au sein des communautés byzantines ne sont pas exclues.
DÉROCHE (éd.), Manuel de codicologie des manuscrits en écriture arabe, op. cit., 2000, p. 232.