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L’intitulé de ce chapitre s’inspire de la nouvelle Lambeaux d’anarchipel d’Anssoufouddine Mohamed et la collection de poèmes Malmémoires de Saïndoune Ben Ali (2013). J’ai associé ces deux travaux du corpus parce qu’ils expriment très bien tout le paradoxe qui est la cause de la traversée d’Anjouan vers Mayotte depuis 1995. Pour illustrer l’anomalie qui ouvre la voie au principe d’anarchipel et de la malmémoire, je partirai de deux images : l’une prise à Moroni pendant mes recherches sur le terrain en août 2019 et l’autre présentant Emmanuel Macron lors de son passage ‘musclé’ à Mayotte en octobre 2019, quelques semaines après mon séjour de recherche à Anjouan, Moroni et Mayotte.
Ce fut une heureuse coïncidence de découvrir, à mon arrivée, cette affiche près du port et de la mosquée du vendredi de Moroni, au cœur de la cité. J’ai capté l’instant en chemin pour le lieu où je devais loger et j’y ai vu un bel accueil mais aussi un rappel de l’écueil que constituait mon projet de recherche, car comme le montre le drapeau de la France sur le véhicule visible sur la photo, les avis sont très partagés sur la question de Mayotte.
Si pour l’absolue majorité de la population comorienne, ‘Mayotte est comorienne et le restera à jamais’, il faut néanmoins préciser que pour les Comoriens
Le constraste, Moroni, le 21 août 2019
© L’AUTEUR
« Mayotte française pour toujours », ou, pour les facétieux, Mayotte est française et le restera à jamais! Un pendant narquois du panneau « Mayotte est comorienne et le restera à jamais », fiché à Moroni (Grande Comore). Histoire que la population entende sa détermination dans sa propre langue, sans doute.1
« Maore na farantsa pakatcho », « mayotte française pour toujours »
© LE JOURNAL DE MAYOTTE
Ces deux images relèvent et révèlent toute la contradiction : la France qui ‘réclame’ Mayotte pour des intérêts géostratégiques et néoimpériaux et les Comores qui (ré)affirment l’unité de l’archipel, mais dont le gouvernement a accepté une enveloppe de la France pour contribuer à limiter le problème de Kwassa Kwassa. Cet état de fait résume la grande contradiction de l’histoire des Comores qui a mené à la séparation puis à la départementalisation de Mayotte, avant de poursuivre avec les conséquences palpables jusqu’aujourd’hui.
1 Le « réferendum » de la discorde
L’île-carrefour de Mayotte est le point de rencontre de diverses identités qui ont joué différents rôles dans son histoire: arabo-musulmane, malgache,
Ce projet met l’accent sur la vague des mouvements principalement depuis Anjouan vers Mayotte les vingt-huit dernières années, lesquels mouvements font suite à la décision ‘républicaine’ d’introduire en 1995 le visa Balladur pour les ressortissants des trois autres îles, qui, avec Mayotte, forment l’Archipel des Comores. Le reste de l’Archipel ne cesse de rappeler et de revendiquer auprès des institutions comme l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies l’appartenance de Mayotte aux Comores. Comment en est-on arrivé là ?
En 1974, les Comoriens ont été interrogés sur leur souhait d’indépendance. La question est de savoir « si les populations des Comores souhaitent choisir l’indépendance ou demeurer au sein de la République française ». Mais s’agissait-il d’organiser un référendum ou une consultation ? Le débat fut animé, mais n’a pas levé l’ambiguïté … Même une fois les résultats proclamés. Ce n’est qu’en juillet 1975 que les Comoriens obtiennent la réponse : il ne s’était agi que de les consulter sans engagement. Ainsi, près de 95% des suffrages exprimés aux Comores ont été favorables à l’indépendance. Mais les Mahorais, soit 7,7% des votants, vont être mis à part pour justifier « l’arrachement » de Mayotte aux îles sœurs – puisque 65% de leurs votes s’opposaient à l’indépendance fédéraliste. Tandis qu’un référendum aurait eu valeur d’indépendance acquise (rappelons que les Comoriens pensaient que c’était le cas), les autorités françaises ont relégué le vote de 1974 au rang de simple avis.4
le 31 décembre 1975, l’Assemblée nationale française adopte la loi (no 75-1337) qui décide d’une nouvelle consultation, mais sur Mayotte seulement, les événements ayant fait capoter le projet de nouvelle consultation des quatre îles. Les Mahorais votent le 8 janvier 1976, à 99,42% des suffrages exprimés, pour le maintien au sein de la République française. L’ONU tentera de déclarer nul ce referendum, le 6 février 1976. Il s’agit de l’unique cas dans l’histoire de cette organisation où la France a apposé seule son véto.6
C’est bien dans le dessein de jouer avec la symbolique de la date du 6 juillet 1975, jour de l’indépendance des Comores, que le personnage Ahmed dans Comorian Vertigo se présentera comme suit au tribunal où il est convoqué : « Ahmed Mtsahiwa. 25 ans. Je suis né le 6 juillet 1975. J’habite au no 5 de la Place de l’indépendance ».7 Cette introduction est un affront à la justice eu égard au chef d’accusation.
Lorsque interviennent des calculs référendaires, on parle de « démocratie du coucou » : La vérité de ‘l’homme blanc’, c’est celle de l’invité inattendu qui, selon la formule de Jean-Marie Tjibaou, arrive, s’installe dans votre maison avec sa famille et qui, quelque temps après, demande un vote démocratique pour savoir à qui appartient la maison.10
Comme aux Antilles et en Guyane où la France demeure présente par des calculs géostratégiques, on voit bien ici que la France a violé l’intégrité territoriale des Comores qui, sur le plan constitutionnel, était déjà un archipel formé de quatre îles11 au moment de la consultation/référendum. Elle est l’invitée, l’intrus qui s’est approprié la maison par la force. C’est un abus de pouvoir que même l’ONU, en 22 résolutions contre la présence de la France à Mayotte, n’a toujours pas pu enrayer.
Reconnaissant l’indépendance des Comores mais simultanément se maintenant dans une des quatre îles de cet archipel ‘aux sultans batailleurs’, la France prit le risque de créer une zone de non-droit, un eldorado artificiel qui attire tous les appétits de la sous-région.13
L’idée de la France pays de La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (1789) n’ayant aucune gêne à ne pas respecter le droit républicain et international à Mayotte, est bien mise en exergue dans le numéro spécial « Mayotte à la dérive » 2019. Plein droit, Revue du Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s N° ١٢٠. Je présenterai dans la prochaine sous-section un aspect du volume très utile à mon argumentation.
2 En plein dans le non-droit et la départenUance
Ce numéro très actuel répondait à la situation brûlante à Mayotte en 2019 en axant les réflexions sur trois angles majeurs : (1) contours sociohistoriques de la dérive, (2) la jeunesse en péril et le topique de la violence et (3) le non-droit dans un État de droit. Je donne ici les grandes lignes liées à la question de la dérive du non-droit à Mayotte.
Les sociologues Hachimi Alaoui, Lemercier et Palomares qui ont mené une enquête ‘ethnographique’ à Mayotte s’appuient sur le parcours des trois protagonistes Chaïma, Maïssane et Omar pour critiquer les opérations de « décasage », de vindicte populaire récurrentes à Mayotte. Ces opérations en marge du droit, du respect de l’intégrité des personnes entrent dans le registre de l’absurde néocolonial, car beaucoup de victimes étaient/sont en effet des personnes « en situation régulière ».
Ces chasses aux « Comoriens », dont on éprouve tout de même un malin plaisir à s’approprier les biens pendant leur fuite, ont pour résultats des « personnes dans l’errance, familles dispersées, solidarités familiales cassées, scolarisation des enfants interrompue et perte de l’accès à un titre de séjour et aux droits sociaux. »14 L’affiche ci-dessous exprime le niveau de déshumanisation des opérations de ‘décasages’ en départenUance, territoire de non-droit :
Le décret modifie le décret n° 2017-890 du 6 mai 2017 relatif à l’état civil afin d’y introduire les dispositions réglementaires prévues à l’article 2495 du code civil issu de l’article 17 de la loi n° 2018-778 du 10 septembre 2018 pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie, aux termes duquel le parent peut faire consigner en marge de l’acte de naissance de son enfant la preuve de la régularité de son séjour et de sa résidence ininterrompue en France depuis plus de trois mois à la date de la naissance, preuve requise pour permettre à un enfant né à Mayotte de parents étrangers d’acquérir la nationalité française par naissance et résidence en France. Le décret procède à la coordination du décret n° 93-1362 du 30 décembre 1993 relatif aux déclarations de nationalité, aux décisions de naturalisation, de réintégration, de perte, de déchéance et de retrait de la nationalité française afin d’y intégrer les pièces complémentaires requises pour l’acquisition de la nationalité française d’un enfant né à Mayotte par déclaration souscrite au titre de l’article 21-11 du code civil.16
Cette loi marque une rupture du principe du droit du sol appliqué sur le reste du territoire français, sur lequel les enfants de parents non-français ne doivent justifier que de leur naissance sur le sol français et de 5 ans de résidence dans le pays à partir de 11 ans. Par conséquent, Mayotte est une exception juridique car l’application du droit du sol y est réajustée pour marquer le désir
Alors nouveau ministre de l’Outre-mer, François Baroin déclarait en septembre 2005 qu’en matière d’obtention de la nationalité française il fallait remettre en question le droit du sol au profit du droit du sang dans « certaines collectivités territoriales » car « les mères viennent accoucher [à Mayotte] pour que leurs enfants obtiennent la nationalité française. » Le conseil constitutionnel a rejeté ce projet au motif que la modification des conditions d’accès à la nationalité ne peut se faire que pour l’ensemble du territoire français. Le député UMP d’alors, Mansour Kamaridine, qui menait le bal à Mayotte, a regretté ce « parisianisme. »17
Comme diraient les anglosaxons, dix ans après le texte acerbe de Pierre Caminade, en 2020, Mansour Kamaridine was alive and kicking, oubliant ses origines comoriennes. L’opposition Droit du Sang/Droit du Sol amène à la bande dessinée Droit du Sol de Charles Masson (2009). Médecin et témoin privilégié de l’imbroglio mahorais, Charles Masson brosse à travers des planches pointues un portrait sans complaisance du mal-être et du mal-vivre à Mayotte.
En ce qui concerne le droit du sol, dont nous rabattent les oreilles les gauchistes ! Cette loi n’est plus d’actualité et elle doit changer. Elle fonctionnait du temps de la prospérité, quand le père de Lucie est venu… Mais à l’époque la France était riche et influente… Et les étrangers venaient pour travailler ! Mais c’est fini ! FINI LE DROIT DU SOL. LE DROIT DU SANG MAINTENANT !19
Sur les trente-cinq personnes qui avaient pris place dans cette embarcation de la mort, la marine française n’a pu sauver qu’une dizaine plus les deux pilotes. Huit corps ont été retrouvés et treize autres sont portés disparus. Parmi eux, les trois des quatre enfants de Combo. […] Une des trois femmes enceintes était, elle aussi, sauvée ; elle savait nager. Elle accouchera sur la route dans le véhicule de la gendarmerie française qui la ramenait à l’hôpital de Mamoudzou ; elle aurait réussi son pari, celui d’accoucher à Mayotte et espérer avoir des papiers en plus, avant que l’État français ne renonce à ce principe généreux de ‘droit du sol’.21
Ceci n’est plus le cas depuis le 122 qui a entre autres conséquences, le non-respect de l’obligation scolaire et l’insécurisation
Dans « Privés d’école » Daniel Gros revient sur la question de « l’éviction » des enfants des écoles, ce qui met en évidence l’absurdité du système que Nassuf Djailani (2017) qualifie à juste titre de « Comorian Vertigo ». Comment, en effet, ne pas se demander où vont les Comores à l’image de Bernard-Henri Lévy qui s’interrogeait sur l’avenir des États-Unis aux prises avec les démons de sa diversité et ses grandes frictions sociales dans son roman de la route American Vertigo (2006) qui s’ouvre justement sur les deux mots : En route !
Je suis née pour avoir des enfants devant moi. Me forcer à choisir entre mes élèves est une blessure qui ne guérit pas. Qu’est-ce que nous avons fabriqué là ? Qu’est-ce que cette école qui trie, qui reçoit l’injonction de trier ? C’est à ce commandement de trier que l’on est poussé. Refuser l’éducation à des enfants est une violence à tout ce que j’ai appris. Que faire dans ce refus de comprendre ? C’est un sentiment de honte qui me submerge. Je n’ai pas su dire à cette mère que son enfant n’est plus autorisé à fréquenter l’école. Je suis une directrice d’école sans pouvoir. Sur cette île, il y a des enfants que j’ai le droit de rencontrer, à qui j’ai le devoir d’enseigner, et puis les autres dont le regard me lacère le ventre. Je ne peux rien pour eux, on ne veut pas me donner le droit de leur confier quelque chose. Je n’ai plus le droit de les rencontrer. Sur ce petit bout de France, l’égalité est un mensonge qui me brûle.24
Comme tous les écoliers de ma génération, j’ai chanté le fameux « Nos ancêtres les gaulois avaient les yeux bleus et les cheveux blonds ». On voulait faire de moi un petit Français à la peau noire et quand jʼétais assez étourdi pour parler Wolof en classe ou dans la cour de récréation, jʼétais sévèrement puni. Il est facile dʼimaginer quel genre d’écrivain peut émerger dʼune formation aussi … déformante.26
Ici, il est non seulement question du programme éducatif déformant27/déformé mais de l’interprétation déformée du droit républicain à Mayotte. Avocate au barreau de Mayotte, Marjane Ghaem développe dans « Le Droit à Mayotte :
Face à cet imbroglio qui combine de nombreuses résistances aussi bien aux Comores qu’en France et l’obstination de la France malgré les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, la question qui vient à l’esprit est celle des motifs qui peuvent justifier ce rejet catégorique du droit international. On pourrait d’ailleurs se poser la question de la pertinence de la frontière à Mayotte, un espace membre de l’Union Européenne qui se définit justement par l’absence/la réduction des frontières. L’Union Européenne est-elle complice de néocolonialisme et de l’obstination de la France à maintenir Mayotte dans ses projets de domitation territoriale et néocoloniale ?
3 Pourquoi l’obstination pour Mayotte ?
Les questions du droit du sol, de l’anarchipel juridique et de l’anticonstitutionnalité des textes de loi font partie d’une stratégie d’obstination stratégique pour l’espace que représente Mayotte. Les écritures de la traversée dont il est question dans ce projet se situent entre un temps historique et contemporain et ouvrent sur un questionnement sur le futur de la notion politiquement chargée d’espace aux Comores. La question du lieu rejoint la notion d’espace/de réel social, de vécu qui s’oppose à un espace politiquement cartographié, rêvé et que Glissant définit comme suit : « irrué » ‒ c’est un mot que j’ai fabriqué bien évidemment ‒, il y a là de l’irruption et de la ruade et beaucoup d’irréel. »30
Dans la longue partie épistolaire de Mayotte, un silence assourdissant, c’est un grand-père dépité des tragédies quotidiennes lors de la traversée qui passera en revue l’importance stratégique de Mayotte telle que vue par François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing. Dans un premier temps, il caressera Valéry Giscard d’Estaing, qui semblait convaincu de l’unité de l’archipel, dans le sens du poil avant de le caresser à rebrousse-poil car.
Ces belles intentions sont rattrapées par le pragmatisme d’une France mélancolique en pleine guerre froide où la puissance se mesure également au nombre et aux points du globe à partir desquels un pays peut contrôler le monde ou une partie. En effet, depuis la fermeture du canal de Suez, les îles, situées au travers du canal du Mozambique, se trouvent sur la route des pétroliers géants qui, à partir du Golfe persique, alimentent l’Europe et l’Amérique.32
Vous êtes ici à un point essentiel du monde » s’écriait le général de Gaulle à Moroni en 1959. […] François Mitterrand, qui n’a jamais été partisan d’une départementalisation de Mayotte n’opère aucune évolution statutaire […] Il décidera néanmoins dans les années 1990 de faire construire à Mayotte une importante base d’écoutes satellitaires, profitant de sa position proche de l’équateur, idéale pour ce type de renseignements. Achevée en 1998, la station est gérée conjointement par la DGSE et les services secrets allemands, le BND.35
Le BND (Bundesnachrichtendienst) est le service fédéral de renseignement allemand. L’on voit bien le rôle de l’Allemagne, le pays économiquement le plus fort de l’Union Européenne, connue pour son penchant pour la ‘neutralité’ finalement complice. Bragard reprend Bruno de Paiva pour parler du « quadrilatère français »36 dans l’Océan Indien à l’image du violent dépeuplement de Diégo Garcia pour des intérêts stratégico-militaires.37
Le centre d’écoute militaire des Badamiers (Pamandzi, Petite Terre) a été mis en service en 2000. Sa portée lui rend accessible une partie de l’Afrique de l’Est (Mozambique, Tanzanie, etc.). Il s’agit d’un centre de type « ComInt » (Communication intelligence), comme en Guyane. Il est extrêment difficile de trouver des informations sur ce centre, qui apparaît comme l’une des principales motivations de l’ancrage définitif de Mayotte à la France. Dans les revues de la Défense nationale, les rapports
parlementaires, les différents journaux, etc., il n’en est jamais fait mention, sauf dans quelques vagues énumérations des centres d’écoute.38
« La Centrale d’écoute de tous les mépris promène son arrogance en nos grèves désertées par Tumpa et sa fureur d’oiseau en rupture de ban »39 écrira Elbadawi dans Un dhikri pour nos morts La rage entre les dents pour parler de la présence de cet outil de contrôle et de domination, contraire à l’idée de liberté manifeste chez l’oiseau qui vole à loisir. En résumé, on pourrait parler de l’odeur des dernières colonies pour paraphraser l’Odeur du Père de Valentin Yves Mudimbe (١٩٨٢) car la France sait très bien ce que cela lui coûterait de quitter Mayotte sur les plans économique, géostratégique et en termes de prestige aux yeux des autres empires néocoloniaux.
Je mets en garde le Quai d’Orsay pour ce qui concerne n’importe quelle emprise de Madagascar sur les îles et îlots français avoisinants. Cela ne se justifie d’aucune manière et risque d’entraîner des inconvénients. Les îles et îlots peuvent revêtir pour nous une importance réelle, notamment en ce qui concerne nos expériences atomiques. Je n’approuve donc pas qu’on introduise Madagascar en quoi que ce soit dans ce qui se passe dans ces îles, notamment en ce qui concerne la météo.41
Anne Perzo-Lafond, « Maore na farantsa pakatcho », « Mayotte française pour toujours », a lancé Emmanuel Macron à Mtsamboro, Le Journal De Mayotte actualité, consulté le 23 octobre 2019.
« Maore na farantsa pakatcho », « Mayotte française pour toujours », a lancé Emmanuel Macron à Mtsamboro | Le Journal De Mayotte.
Mbembe, Sortir de la grande nuit, 227–228.
Je recommande aussi Mayotte en sous-France: Mensonges et manipulations d’État au service des intérêts des amis de l’Entre-Soi de Mahamoud Azihary (2016) et Logiques politiques et mahorité dans la postcolonie de Mayotte d’Askandari Allaoui (2009). Toutefois, je privilégie le livre de Caminade car il montre que le sujet ne passionne pas uniquement les ressortissant.e.s des Comores mais les ressortissant.e.s de la seule nation qui vaille: l’humanité.
Pierre Caminade, Comores-Mayotte: une histoire néocoloniale (Marseille: Agone, 2010), 54–55.
Caminade, Comores-Mayotte: une histoire néocoloniale, 55.
Caminade, Comores-Mayotte: une histoire néocoloniale, 56–57.
Nassuf Djailani, Comorian vertigo. (Moroni: Komedit, 2017), 134.
Sur la question des Comores sous l’emprise des mercenaires, voir Le Bal des Mercenaires d’Aboubacar Said Salim (2002). Bob Denard est un personnage (malheureusement) historique, qui a été au centre de plusieurs exactions et coups d’État aux Comores. Il a fait, refait et défait les présidents avant d’être chassé par Ahmed Abdallah qui était arrivé au pouvoir grâce à un coup d’État dont Denard était l’architecte en 1978. Ce dernier reviendra à la charge dans la nuit du 26 au 27 novembre 1989, nuit pendant laquelle Ahmed Abdallah sera tué. Avec le soutien de la France et de l’Afrique du Sud, Denard est aussi intervenu au Yémen, au Bénin, en Angola, en République Démocratique du Congo etc. Il porte les noms ‘d’albinos blanc’ dans la nouvelle la longue agonie du 27 novembre (Petites Fictions Comoriennes) et ‘Moustoipha’ dans la pièce Autopsie d’un Macchabée.
Djailani, Comorian Vertigo, 43.
Caminade, Comores-Mayotte: une histoire néocoloniale, 170.
Dans Les démons de l’aube (2006, 161–162), Salim Hatubou présente la question de la mémoire et des identités en partage des quatre îles à travers un conte qu’il tient de sa grand-mère. L’archipel est une maman nommée Mdzadze Mwezi qui a quatre filles éloignées par la déraison. Selon le marabout qui est chargé d’intervenir pour ramener les filles égarées à la raison qui équivaut à la maison – l’archipel et ses quatre étoiles –, seul un véritable travail sur la mémoire et l’identité peut redonner à ces filles leur bon sens. Ce n’est pas un hasard si les filles portent les noms en shikomore des quatre îles notamment Ngazidja (Grande Comore), Ndzuani (Anjouan), Mawore (Mayotte) et Mwali (Mohéli).
Soeuf Elbadawi, Un dhikri pour nos morts La rage entre les dents (La Roque d’Anthéron: Vents D’ailleurs, 2013), 25.
Feyçal, Mayotte, un silence assourdissant (Paris: Publibook, 2008), 23.
Myriam Hachimi Alaoui, Élise Lemercier, Élise Palomares. « Les ‘décasages’, une vindicte populaire tolérée », Plein Droit. Revue du Groupement d’information et de soutien des immigré.e.s 120, no. 1 (2019): 23.
Frantz Fanon. Œuvres. Préface d’Achille Mbembe/Introduction de Magali Bessone. (Paris: La Découverte, 2011), 67, 105.
« Décret n° 2019-136 du 27 février 2019 relatif aux conditions d’acquisition de la nationalité française à raison de la naissance et de la résidence en France des enfants nés à Mayotte de parents étrangers », consulté le 28 juin 2021,https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000038174920?r=DDO87GTuY1)
Caminade, Comores-Mayotte: une histoire néocoloniale, 94.
Voici un exemple de dialogue entre Jacques qui au bar refuse d’être pris pour ‘Rotschild ou un fonctionnaire de la PAF’ [Police aux frontières] et l’affreux libidineux (un vieux médecin) tout triomphant de ses jeunes conquêtes dans Droit du Sol (122).
- –Jacques: « Ha! Salut! Je t’avais pas vu dans ton coin! T’es sûr qu’elles sont majeures les petites que t’as sur les genoux? »
- –Le libidineux: « Oui je les connais bien. Par contre, la petite entre mes genoux à quatre pattes, je sais pas … Elle peut pas parler, elle a la bouche pleine! »
Serge Paugam, « Les formes contemporaines de la disqualification sociale », CERISCOPE Pauvreté, 2012, consulté le 08 avril 2021, http://ceriscope.sciences-po.fr/pauvrete/content/part5/les-formes-contemporaines-de-la-disqualification-sociale, 301.
Charles Masson, Droit du Sol (Bruxelles: Casterman, 2009), 215.
Masson, Droit du Sol, 42.
Feyçal, Mayotte, un silence assourdissant, 82.
Souny, Mayotte Suicide suivi de Le Principe Archipel, 30.
Djailani, Comorian Vertigo, 47.
Déjà dans Decolonising the Mind. The Politics of Language in African Literature, Ngũgĩ (1986, 11) regrettait la même chose: „Thus one of the most humiliating experiences was to be caught speaking Gĩkũyũ in the vicinity of the school. The culprit was given corporal punishment-three to five strokes of the cane on bare buttocks - or made to carry a metal plate around the neck with inscriptions such as I AM STUPID or I AM A DONKEY. Sometimes the culprits were fined money they could hardly afford. And how did the teachers catch the culprits? A button was initially given to one pupil who was supposed to hand it over to whoever was caught speaking his mother tongue. Whoever had the button at the end of the day would sing who had given it to him and the ensuing process would bring out all the culprits of the day. Thus children were turned into witch-hunters and in the process were being taught the lucrative value of being a traitor to oneʼs immediate community. » Mayotte vit sous la néocolonisation de l’esprit.
Boubacar Diop. « La littérature africaine : une aventure si ambiguë… un texte inédit de Boubacar Boris Diop», Littafcar - Intersections littéraires d’Afrique et des Caraïbes, consulté le 27 mars 2018, http://www.littafcar.org/actualites/2215/la-litterature-africaine---une-aventure-si-ambigue-un-texte-inedit-de-boubacar-boris-diop/
En tant que professeur associé à Mayotte où j’interviens au département des lettres depuis 2016, j’ai une connaissance expériencielle de la question. J’ai attiré l’attention des collègues sur les contenus très anachroniques et à la limite aliénant du cursus de lettres qui privilégie encore, dans une grande partie, des cours sur les auteurs français des siècles derniers sans donner de visibilité aux auteurs vivant à Mayotte et dans la région. Ainsi, pendant une conférence intitulée Ce que peuvent les études africaines donnée au Centre Universitaire de Formation et de Recherche de Mayotte le 29/9/2016, j’ai plaidé pour la création d’un département d’études mahoraises. Depuis 2017, un diplôme universitaire Société, Langues et Cultures de Mayotte est en place et attire beaucoup de curieux, surtout des métropolitain.e.s appelé.e.s à travailler à Mayotte. C’est aussi dans cet ordre d’idées que j’ai entrepris d’inviter l’auteur mahorais Nassur Attoumani en salle de cours en septembre 2017 au grand bonheur des étudiant.e.s qui n’avaient jamais eu l’occasion d’échanger avec l’auteur qui vit sur l’île et dont ils avaient lu quelques textes.
Marjane Ghaem, « Le Droit à Mayotte : une fiction ? » Plein Droit. Revue du Groupement d’information et de soutien des immigré.e.s 120, 2019/1, 42.
Marjane Ghaem, « Le Droit à Mayotte : une fiction ? » Plein Droit. Revue du Groupement d’information et de soutien des immigré.e.s 120, 2019/1, 41.
Edouard Glissant. Introduction à une poétique du divers (Paris: Gallimard, 1996), 11.
Mayotte - Anjouan «Kwassa Kwassa, Un Business Pirate» - YouTube
Ce point de vue rappelle chez Fanon dans Les Damnés de la terre, la conception de la décolonisation comme un système violent dans lequel des hommes en remplacent tout simplement d’autres.
Feyçal, Mayotte, un silence assourdissant, 76.
À ce sujet, je recommande aussi Sellström, Tor. Africa in the Indian Ocean. Islands in Ebb and Flow. (Leiden: Brill, 2015) et Aldrich Robert and John Connell. The Last Colonies (Cambridge: Cambridge University Press, 1998).
Caminade, Comores-Mayotte: une histoire néocoloniale, 25–26.
Feyçal, Mayotte, un silence assourdissant, 81.
Véronique Bragard, « Shipwrecking the World’s ‚Wretched Refuse‘. Spectres of Neocolonial Exclusion in Carl de Souza’s Ceux qu’on jette à la Mer and Charles Masson’s Droit du Sol, » in Shipwreck in Art and Literature. Images and Interpretations from Antiquity to the Present Day, ed. Carl Thompson (New York & London: Routledge, 2014), 188.
Voir à ce sujet le magnifique livre de David Vine: Island of Shame: The Secret History of the U.S. Military Base on Diego Garcia, 2009.
Caminade, Comores-Mayotte: une histoire néocoloniale, 25, 26.
Elbadawi, Un dhikri pour nos morts La rage entre les dents, 29.
À ce sujet, Hofmeyr introduit le concept d’« hydrocolonialism » comme paradigme pour étendre la notion de ‘postcolonialisme’. Pour Hofmeyr qui étudie le rôle des ports/des quais/des douanes dans la circulation et/ou l’anéantissement des livres à l’époque coloniale, « l’hydrocolonialisme » renforce entre autres les idées d’impérialisme maritime, de déclaration de propriété sur un territoire riche en eau, de militarisation et de géopolitisation des océans ou d’inondation d’un territoire « occupé ». Hofmeyr Isabel, Dockside Reading. Hydrocolonialism and the Custom House. (Durham and London: Duke University press, 2022), 15–16.
Caminade, Comores-Mayotte: une histoire néocoloniale, 29.