« Nous avons dit dans notre introduction que l’homme était un oui. Nous ne cessons de le répéter. Oui à la vie. Oui à l’amour. Oui à la générosité. Mais l’homme est aussi un non. Non au mépris de l’homme. Non à l’indignité de l’homme. À l’exploitation de l’homme. Au meurtre de ce qu’il y a de plus humain dans l’homme : la liberté. »
FRANTZ FANON, PEAU NOIRE, MASQUES BLANCS. PARIS: LA DÉCOUVERTE, 2011, 242–243
∵
1 Domoni : ‘l’espace’ des départs
Le 29 août 2019, la journée et l’après-midi sont consacrés à Domoni où Monsieur Abou, l’ami d’enfance de ‘Docteur’ m’accompagne. En préparation du séjour de recherche, la cité millénaire de Domoni était un site à voir absolument car elle est connue comme un principal point de départ des Kwassa Kwassa vers Mayotte. Il y a d’autres sites comme Mramani, Bambao et Bimbini toujours à Anjouan. Mes deux éducateurs, professeur d’histoire et professeur d’histoire et de géographie respectivement, m’amènent sur les lieux de départ (en complémentarité avec l’espace des arrivées en sous-section 4.6), m’expliquent les mécanismes ambiants et grâce à leur capital relationnel, je peux vivre deux choses : rencontrer Samir Dupont, connu pour son rôle dans le documentaire Comores : la traversée clandestine (Etienne Huver & Guillaume L’hotellier, 2019) et visiter un atelier de fabrication de Kwassa Kwassa dont le récit de Frédéric de Souza Mayotte. Des poissons à chair humaine (2014, 35–36) intègre deux photos.
Mes guides culturels à Domoni, Monsieur Kamal (À Gauche) Et Monsieur Abou (À Droite), Le 29 Août 2019
© ABOU, KAMAL ET L’AUTEUR
Un point de départ vers Mayotte, 29 Août 2019
© L’AUTEUR
2 Kwassa Kwassa et ingénierie de (sur)vie
Après un premier atelier auquel l’accès nous est refusé1 pour des raisons évidentes, monsieur Kamal se sert de son réseau social pour nous faire visiter un atelier de fabrication de Kwassa Kwassa bien en retrait. J’y ai d’ailleurs le luxe rare d’échanger brièvement avec un de ceux que j’appelle ingénieurs de la (sur)vie, agents du bricolage social, techniciens hybrides2 et écocritiques car ils maîtrisent l’art de l’improvisation et du recyclage de tout ce qui est à leur disposition, tout en offrant par le biais de leur ingéniérie une réponse-résistance au Visa Balladur.
Je travaille ici depuis cinq ans. Il y a un patron/propriétaire. Nous mettons quatre jours pour fabriquer un kwassa et cela peut coûter jusqu’à mille et deux cents euros. Ça peut travailler dix ans et peut porter jusqu’à quinze personnes.
Mon interlocuteur a ainsi levé un pan de voile sur l’économie transactionnelle du Kwassa Kwassa dont Emmanuel Macron parlait en ces termes, dignes d’une gifle àbaslamacronique pour se permettre un néologisme, le 2 Juin 2017 en Bretagne, non sans cacher son malicieux sourire: « Le kwassa-kwassa pêche peu! Il amène du Comorien! C’est différent! »
La chosification des passagers du Kwassa Kwassa peut être liée à la chosification de Mayotte vue de la France qui s’y comporte en terrain conquis, d’où la nécessité pour les Comoriens de vouloir reconquérir leur espace par le biais des Kwassa Kwassa comme chaîne, objet de transaction et de relation entre les quatre îles. Comme le disait Saïndoune Ben Ali dans le chapitre 4, le kwassa
C’est grâce à la chaîne relationnelle que j’ai pu très vite rencontrer Samir Dupont qui a été un élève de monsieur Kamal ; ce qui a facilité le contact car il appelle tout de suite ce dernier qui, respectueux de son enseignant en classe de terminale, nous invite immédiatement à son lieu de résidence, qui est aussi le siège de Domoni Fm, la radio pour laquelle il travaille. Tout ceci montre la confiance placée en moi par les personnes que j’ai eu l’honneur de rencontrer mais aussi leur intérêt pour le projet de recherche.
Quand la littérature et l’anthropologie communient: atelier de fabrication de kwassa kwassa, Domoni, 29 Août 2019
© L’AUTEUR
3 Kwassa Kwassa: (im)mobilités, économie et écocritique d’un objet relationnel et intersectionnel
3.1 Kwassa Kwassa et (Im)mobilités
Sur cette photo, Samir Dupont essaye de me montrer l’îlot Mtsamboro à Mayotte qui, par temps clair, est visible depuis Anjouan afin d’illustrer la
Entretien avec vue sur « Mayotte » Entre Samir Dupont (À Droite) Et L’auteur (À Gauche), Domoni, Le 29 Août 2019
© SAMIR DUPONT ET L’AUTEUR
Samir Dupont qui est intervenu dans un documentaire5 sur les Kwassa Kwassa ne cache pas son rôle dans cette économie transactionnelle bien qu’il ait pris la résolution de ne plus s’occuper que des client.e.s VIP, comme il le dit.
Par « client.e.s VIP », il entend deux à trois client. e.s6 qui payent très cher la traversée au lieu de quinze dont parle le jeune ingénieur de la (sur)vie cité plus haut. Il fournit des détails sur les rouages du business et l’expansion de la clientèle qui inclut désormais des personnes d’origine nigériane, camerounaise et
J’ai parlé avec eux. Les journalistes français aussi ont parlé avec eux ici même. Ils ont accepté. C’est grâce à ce reportage que l’un d’eux est libre. Il a fait cinq à six voyages. On l’a filé. Il est encore revenu. Les gens d’ici, dès qu’ils viennent devant moi, ils me disent ‘Samir, ce que t’as fait c’est pas normal. Pourquoi t’as filmé tout ça pour montrer aux Français ?’ Il y a des gens qui m’ont dit qu’on m’a donné l’argent pour vendre les secrets.
Pendant la conversation il ne cache pas les avantages qu’il tire à bien maîtriser le système des Kwassa Kwassa qui est au cœur de la mobilité mais aussi curieusement de l’immobilité entre Anjouan et Mayotte.
L’immobilité ici a deux sens. D’abord, il s’agit des déplacements autrefois faciles entre les îles mais qui, depuis 1995, sont régis par le visa Balladur. Il est question des groupes rendus immobiles, de celles et ceux qui sont contraint.e.s de rester sur place pour des raisons économiques, administratives, structurelles, sanitaires, affectives etc. malgré leur désir de partir.
Sur ce plan, j’épouse l’idée de Schewel (2019) et Mata-Codesal (2017) qui insistent sur le fait qu’étudier la migration implique aussi étudier les facteurs qui forcent certaines personnes à rester sur place : mobilité et immobilité sont les deux faces complémentaires d’une réalité complexe au cœur de laquelle le sexe joue un rôle déterminant.
Si dans le cas des Comores, les hommes sont au centre de l’économie7 du Kwassa Kwassa, on pourrait mentionner à titre comparatif l’exemple du Sénégal. Dans son mémoire de maîtrise dont la thématique et l’écriture sont bien maîtrisées, Monika Rohmer s’appuie sur Celles qui attendent de Fatou Diome pour rappeler que, bien que les passagers des pirogues de la traversée soient exclusivement des hommes, il faut insister sur le rôle déterminant des femmes
Monika Rohmer note que le business des pirogues de la traversée est principalement l’arène des femmes d’affaire du village qui y investissent leurs modestes économies pour en tirer de considérables bénéfices. D’un côté, il y a celles qui financent et entretiennent les pirogues du départ et de l’autre, celles qui attendent, optimistes, déchirées ou désespérées. Peut-on réellement marquer les frontières entre les deux camps?
Ensuite, par immobilité, je fais allusion à l’attente, ces périodes pendant lesquelles des passagers ayant déjà payé la traversée c’est-à-dire réservé leurs places dans des Kwassa Kwassa sont contraints de rester sur place, de subir les caprices de la mer, les enchères des propriétaires et de passeurs véreux, d’attendre le bon moment pour partir d’Anjouan.
Partir c’est aussi par exemple d’abord quitter la zone reculée du Nioumakélé pour Moroni comme c’est le cas pour Combo, le personnage principal de Mayotte, un Silence Assourdissant. C’est ensuite la longue attente du rendez-vous pour la demande de visa et les passages chez le marabout Karidjini wa Mlipva Déné, le « oilimou9 » pour Combo et le bon départ par Kwassa Kwassa pour la grande majorité dont l’épouse de Combo qui recevra de ce dernier la somme de 1000 euros pour affronter la mer avec leurs quatre enfants, dans l’espoir de le rejoindre à Mayotte.
Les candidat.es à la traversée sont forcément immobiles en attendant de pouvoir être mobiles, espérer arriver, donner des nouvelles aux proches et aux amis qui attendent. À ce titre, je trouve intéressant que le volume 12/1, 2020 de la revue Critical African Studies édité par Stasik, Hänsch et Mains, Temporalities of Waiting in Africa, soit consacré à l’étude de l’attente dans le processus de la migration.10 Ceci montre l’entrée en jeu de nouveaux angles d’étude du phénomène complexe qu’est la migration, dont seules les études transversales et comparées peuvent permettre une meilleure compréhension.
Oui il y a même des policiers. Nous on a pris la mer. En route le chauffeur a pris son téléphone pour dire qu’on est tout près. J’ai demandé on va descendre où. Il m’a dit près de Mtsamboro. Il y a un autre kwassa qui va venir nous chercher.
Vous avez de la chance, dit-il en changeant totalement de sujet. Toi, là, tu t’appelles Kamal, non ? Ne me dis pas le contraire, tu es passé plusieurs fois à la police. Décidément, on ne te corrigera pas. Nous, on vous reconnaît, mais vous êtes nos frères, nos cousins. Il y a un mois, nous nous sommes rencontrés à l’occasion du mariage de Zaïna à Vaïbéni.11
Dans le bref entretien qui suivra, Kamal le reconnaîtra et se souviendra même de la place qu’il occupait le jour du mariage en question. Les liens de filiation relationnelle s’établiront tout comme le lien relationnel et complexe du financement de l’objet Kwassa Kwassa qui permet aux ami.e.s et aux familles de se rallier, se remembrer [re-membering] pour utiliser l’expression de Ngũgĩ wa Thiong’o (2009).
3.2 Kwassa Kwassa : Économie et Écocritique
Dans Mayotte, un silence assourdissant, il est fait allusion au propriétaire de Kwassa Kwassa qui a contracté un crédit auprès de la Banque de
Bateau clandestin, le kwassakwassa est condamné au cimetière où il est ensuite détruit par la police pour éviter tout risque de trafic mais ce business-pirate ne s’arrête pas pour autant. Si ici, côté francais, les kwassakwassa sont détruits à la pelle, en face côté comorien, ils sont fabriqués à la chaîne. Chaque mois, rien que sur ce chantier, vingt nouveaux bateaux sont construits. Ces derniers temps tous les kwassa se font attraper à Mayotte. Alors on peut en construire sans arrêt de nouveau car un kwassa pris là-bas c’est plus de travail pour nous ici et c’est vrai qu’en ce moment on a beaucoup de boulot.
Ce commentaire d’un constructeur, au-delà de la pointe d’humour, met en évidence les limites des débats sur la protection de l’environnement chantée par la France, qui n’hésite pas à détruire les Kwassa Kwassa tout en sachant que d’autres seront fabriqués. Il accentue aussi l’ironie du cercle infernal de la traversée qui se transforme en économie de l’inhumanité même si, pour certains, il est question de subsistance sous plusieurs angles. D’un côté, il y a, comme le remarque le Macchabée, de simples pêcheurs qui transitent par Mayotte : « Comment voulez-vous que des pauvres artisans pêcheurs comme moi, dont la France détruit exprès l’instrument de travail, puissent s’en sortir un jour ? »15
Pourquoi ce titre? Un jour, en discutant avec un Anjouanais chauffeur de taxi à Mayotte, il m’a confié qu’il ne mangeait pas de poisson. Il avait perdu un frère lors d’une traversée et il imaginait le corps de ce dernier, mangé par les poissons. J’ai pensé que cette image choc pourrait donner la vraie dimension de ce drame quotidien qui se déroule dans le plus grand silence.16
Dans Mayotte, un silence assourdissant, huit des treize corps disparus en mer seront retrouvés trois jours plus tard avec des traces qui montrent combien les poissons se sont régalés. Tout ceci concourt au fait que le père du personnage principal est choqué par « une mondialisation sans âme où seul le malheur à grande échelle n’est pas globalisé. »17 Voici levé un pan de voile à prendre sérieusement en compte dans les débats standardisés sur l’écocritrique car il n’est pas ici question de choix environnemental, de lobby ou de conviction philosophique, mais d’une conception relationnelle dont peut profiter l’écocritique. Le chauffeur de taxi ne mange plus de poisson ‘à chair humaine’ par traumatisme, par solidarité avec les milliers de morts dans ce bras de mer transformé en « bras de mort », pour reprendre Sain’Sauf le passeur.
À table demain nous mangerons le poisson qui a bouffé le cadavre de l’homme qui fuyait son ombre sur le dos de l’océan Sans oser la moindre question qui fâche devant l’arrogance qui broie nos consciences à force de complaisances.18
Ceci est un extrait d’Un dhikri pour nos morts La rage entre les dents. L’océan s’est transformé en cimetière. Dans Droit du Sol, le ‘libidineux’ en rira
La mer, autrefois lieu de passage, de communication et de lien entre les îles de l’archipel est devenue, par le biais de la nécropolitique, une « mer d’indifférence »,20 un cimetière où des vies et des rêves de vie échouent, sont absorbés ou attendent d’être repêchés par « les garde-côtes, les garde-murs, les garde-frontières-gardes-vie-gardes-morts »21 à la solde de l’empire décati. Avec un peu de chance, ils sont recueillis, voire accueillis par des riverains ou des pêcheurs habitués à cette horreur et témoins privilégiés des nombreux visages de cette déshumanisation et de l’attente qui nourrit la chaîne économique du Kwassa Kwassa décrite dans Mayotte. Des poissons à chair humaine.22 Ce réseau de relations qui est aussi un réseau de dépendance liée au projet de la traversée inclut au minimum suivant un ordre hiérarchique réclamé ou subtil :
Les propriétaires de Kwassa Kwassa souvent dans l’ombre et qui ont le plus de pouvoir dans le réseau
Les complices : militaires, hommes politiques, agents de la PAF, Mahorais, métropolitains et Comoriens bien installés de l’autre côté qui font circuler les ‘bonnes informations’
Les passeurs qui sont les acteurs les plus visibles du réseau
Les constructeurs-mécaniciens, les ingénieurs de survie qui fabriquent régulièrement ces engins
Les rabatteurs qui recrutent les candidat.e.s à la traversée à travers la région
Les gardiens des hangars comme Mohamed, le personnage principal de Mayotte. Des Poissons à Chair Humaine. Pendant le transit, l’attente de sa traversée, il officiera d’abord comme gardien d’un magasin de fabrication des Kwassa Kwassa. Ensuite, il participera à la fabrication du koma 4, dont il prendra les commandes plus tard, grâce à une formation express, lors de la traversée qui tournera mal.
Les boutiques qui vendent le matériel de construction des Kwassa Kwassa
Les petits commerces dans les zones d’embarcation
Les points de ravitaillement des petits commerces
Les chambres de transit pour les passagers qui ne viennent pas des trois îles ou qui n’ont pas de connaissance à Anjouan et les emplois dans les hôtels/motels
Les passagers qui font vivre le réseau mais qui en sont les plus dépendants
3.3 Kwassa Kwassa : (im)mobilités et intersectionnalité
La notion de genre se joue à deux niveaux autour de l’objet relationnel qu’est le kwassa kwassa. Au premier plan, on observe que la possession, la fabrication, la maintenance, la vente, la sécurité des engins, l’accès aux ateliers, la recherche des client.e.s et la conduite des kwassa kwassa est réservée aux hommes et aux jeunes garçons comme Mohamed, le gardien du hangar d’Attoumane qui roule dans une Touareg neuve, signe de l’enrichissement des propriétaires ou des intermédiaires de kwassa kwassa dans Mayotte. Des poissons à chair humaine. Dans ce roman, les femmes ou les jeunes filles comme Leila et Raïssa jouent principalement un rôle passif et surtout nocturne. Raïssa initiera Mohamed aux plaisirs charnels dès leur première rencontre.
Raïssa, en véritable experte, sans doute consciente de ce sentiment de désespoir masculin, continuait à lui caresser les testicules et le sexe avec une extrême douceur. Mohamed baissa les yeux vers cette déesse bienfaitrice. En la voyant lui faire une toilette de chat avec sa langue rose, il réalisa alors qu’elle avait reçu dans sa bouche, jusqu’au fond de sa gorge. Maintenant, comme si c’était une glace, elle récupérait la moindre goutte de crème glacée, gourmande.23
Ici reviennent l’image de la femme vorace aux mauvaises mœurs, celle qui détourne le garçon innocent qui prendra tout de même beaucoup de plaisir, la femme comme objet pour combler la solitude et agrémenter le repos des guerriers, une commodité disponible à vendre ses charmes dès la première rencontre. Au cœur de cette chaîne de déshumanisation pour l’essentiel des
Plus tard, les lecteurs découvriront que sa ‘déesse’ est une ancienne prostituée à Mayotte et qu’elle est instrumentalisée pour le surveiller. Raïssa qui au fil de la trame du roman développera de vrais sentiments pour Mohamed est utilisée par le propriétaire Attoumane pour maintenir le contrôle sur ceux qui travaillent pour lui, mais aussi comme personne d’appui pendant la traversée qui demeure entre les mains des hommes.
En amont de la traversée, les femmes sont aussi présentées comme soumises aux désirs masculins. Dès la première page illustrée de Droit du Sol de Masson, le passeur est introduit en ces termes par deux passagères : « Ahmed, c’est un salaud, il couche avec toutes les filles qui veulent traverser […] Sauf les vieilles ! Hi ! Hi ! Hi !25» Le voyage par kwassa est subtilement décrit comme une arène de pouvoir des hommes sur les femmes avant l’embarquement comme pendant la traversée : à bord du kwassa, c’est le passeur qui a le privilège, pour des raisons d’équilibre, de sécurité, d’humeur ou pour échapper à la Police aux Frontières, de décider du sort des personnes à bord – c’est ce que fait Attoumane, alors qu’il est encore passeur, en jetant une femme et son bébé par-dessus bord pour dérouter la police et s’enfuir.26 Conscient de ce terrain d’hégémonie sur lequel les hommes peuvent exprimer leur masculinité, on ne s’étonne pas d’entendre un passeur s’adresser à une dame comme suit dans Droit du Sol : « Allez dépêche-toi la grosse enceinte… si tu montes pas, on te laisse ici27 » ou encore Ahmed menacer une passagère en ces termes : « Alors ferme la sinon, je te jette par-dessus bord ! ESPÈCE DE PUTE MALGACHE !28 »
Manquer de respect à une femme enceinte ou coller à une passagère l’étiquette de femme aux mœurs légères est un acte de violence verbale que seul le passeur peut s’autoriser. Suivant la logique de la métaphore de l’intersection, du carrefour, du point de convergences de différentes sortes de violence chez Crenshaw (1989/2016), en associant l’injonction, la projection de la mort par noyade et le vocabulaire de dénigrement, Ahmed déprécie la femme en la
Le rapport entre Attoumane, le propriétaire des kwassa dans Mayotte. Des poissons à chair humaine et Raïssa est aussi un rapport qui convoque l’intersectionnalité bien que Raïssa soit une bonne collaboratrice qui sait aussi conduire les kwassa et qui a d’ailleurs pu, grâce à un fin subterfuge, une fois échappé à la vigilance de la police.
Raïssa a un passé de ‘passeuse’, réalité très invraisemblable dans ce contexte culturel dominé par la division genrée du travail (Mayotte. Des poissons à chair humaine, 70), ce qui explique que les voix et les prouesses des passeurs soient celles qui dominent le roman bien que par un tour de force inattendu Raïssa ait de nouveau pris les commandes du Koma 4 lorsque Mohamed était incapable de réagir face à la police française (Mayotte. Des poissons à chair humaine, 84–85). Elle est autour de l’objet kwassa le seul personnage féminin doté d’un certain pouvoir et qui trouve l’empowerment où elle le peut, ce qui justifie le fait de la mettre en avant dans un contexte de violences faites aux femmes, de discrimination et d’intersectionnalité. De toute évidence, il n’y a que très peu d’espace de pouvoir pour les femmes et pourtant Raïssa réussit à devenir passeuse, défie une morale étriquée en parlant d’amour naturel et d’un Dieu qui comprend. C’est une femme qui prend le pouvoir dans chaque interstice de libre qui lui est laissé. D’autant plus violente est la réaction des hommes et leur volonté de la soumettre physiquement et verbalement.
Vas-y ! Montre-moi comment tu faisais avec les Blancs ! Dépêche-toi ! […] Pourtant, la vision de ses fesses exceptionnelles ne le quittait pas et tirant les tresses vers le haut, il obligea Raïssa à se lever. De ses bras puissants, il la retourna, la plaqua sur le bureau. Une grosse main calleuse appuyant entre les omoplates, Raïssa se sentait comme dans une presse, les seins écrasés contre la table, sans pouvoir bouger. Attoumane se débarrassa très vite du tissu enveloppant cette croupe qui lui tournait la tête. Il augmenta la pression sur le dos de Raïssa, saisit son sexe de l’autre
main et sans ménagement força l’ouverture d’un grand et long coup de rein. Raïssa hurla de douleur, persuadée que sa peau fine venait de se déchirer. […] La Pute était sèche comme du papier de verre. Attoumane repéra sur le bord du bureau la bouteille de Fanta qu’il avait commencé à boire avant l’arrivée de Raïssa. Il la saisit vivement et commença à verser le liquide sucré qui coula d’abord entre les fesses puis sur la tige de son sexe. En quelques secondes, rendu fou par la scène, il saisit Raïssa de ses deux mains par la taille et la pilonna comme un dément. […] En à peine quelques secondes Attoumane libéra un puissant jet accompagné d’un grognement animal.29
Dans cette scène particulièrement érotisée, Attoumane est porté par son désir d’humilier Raïssa et de lui rappeler le pouvoir masculin. Attoumane se transforme en un sadique dont le plaisir réside dans la douleur de l’autre, un animal instinctivement guidé par son sexe, un animal dont la tension ne peut s’apaiser qu’en voyant l’autre subir ses assauts et ses fantasmes inassouvis, car il ne voit plus une personne devant lui mais ‘une croupe’ à monter, voire démonter avec toute sa force bestiale, comme l’illustre l’usage du vocabulaire essentiellement vulgaire pour avilir sa victime. Raïssa doit subir pour mériter le silence d’Attoumane au sujet de son passé dont les lecteurs savent juste qu’il n’est pas glorieux, les causes de ce passé misérable n’étant pas mentionnés, ce qui est aussi un privilège du narrateur masculin de dire juste ce qui justifie sa débauche. Le corps de Raïssa est érigé en lieu de pouvoir. C’est la dimension de la « cathexis », de l’attachement émotionnel dont parle Connell.30
Le désir et le plaisir sexuel reviennent à Attoumane qui soumet l’âme et le corps de Raïssa à son envie primitive. La douleur et les envies de Raïssa ne comptent pas. Seul compte la satisfaction agressive d’Attoumane qui fait de Raïssa son objet de plaisir et exprime ainsi sa masculinité aliénante sur un membre du vaste réseau économique que constitue le kwassa.
Même si le contexte historique et religieux (islam et séparation des rôles entre les hommes et les femmes dans le contexte comorien) explique cette économie principalement masculine, le second plan relève particulièrement des mécanismes du patriarcat, du pouvoir et de subordination de la femme qui est décrite comme l’être faible qui a besoin du soutien de l’homme qui s’autoproclame protecteur. On le voit lorsque Yasmina la femme enceinte et sa sœur Inchati qui l’accompagne pendant la traversée, arrivent à Mayotte après un voyage très difficile. Dès qu’elles descendent du kwassa, un homme qui a « déjà
En un clin d’œil Inchati est transformée en un objet sans voix, soumis au bon vouloir de la masculinité. Ce passage expose un autre visage de la traversée en kwassa : les points d’arrivée comme des zones où se jouent des rapports de force entre des hommes au statut avantageux à Mayotte et des femmes et jeunes filles sans repère qui sont récupérées au faciès par des hommes qui les exploiteront. Aussi bien aux points d’arrivée qu’aux points de départ, le kwassa est un instrument de masculinité qui est un « lieu au sein des rapports de genre, un ensemble de pratiques par lesquelles des hommes et des femmes s’engagent en ce lieu, et les effets de ces pratiques sur l’expérience corporelle, la personnalité et la culture » pour citer Connell.32
Une forme de masculinité héroïque est née autour du kwassa. Ce sont les hommes qui fabriquent et manipulent avec une dextérité célébrée – par d’autres hommes comme le passeur à la fin de ce chapitre – cet engin de la traversée. Les hommes sont les interlocuteurs des complices de la chaîne du passage dans tout l’archipel, l’information étant aussi une face du pouvoir et de la masculinité. Ils ont entre leurs mains la vie des passagers de qui ils attendent de la gratitude et n’hésitent pas à le leur rappeler pour asseoir leur autorité. C’est en s’appuyant sur cette supériorité que le passeur instruira à Yasmina : « Fais taire ton bébé ! On va se faire prendre ! Fais-le taire sousou ! Fais-le taire ou je le jette à l’eau ! Jette-le à l’eau, on va se faire attraper par la gendarmerie ! Jette-le ou je te jette avec lui ! »33
Dans Mayotte. Des poissons à chair humaine (81), le passeur Habib giflera une passagère pour rappeler son autorité et dissuader toute personne qui ‘pertuberait’ la traversée. Dans les textes du corpus qui décrivent avec minutie l’aventure en kwassa kwassa, on ne voit pas de scène de violence physique ou verbale opposant les passeurs à d’autres hommes, ce qui renforce la dimension intersectionnelle du kwassa.
Intimider, insulter Yasmina en la traitant de sousou (prostituée) et frapper une femme à bord du kwassa sont des exemples de manifestation du pouvoir et de la masculinité performée, ce qui convoque la notion d’intersectionnalité qui englobe les différentes formes d’inégalités sociales, de soumission,
Dans sa vidéo du format TED Talk, l’éminente juriste résume très clairement l’intersectionnalité, un concept qu’elle a mis en exergue dans son article fondateur de 198935 et qui est né de sa rencontre avec l’Africaine-Américaine Emma Degraffenreid. Cette dernière et quatre autres femmes avaient porté plainte contre une société de fabrication de voitures – General Motors, que Crenshaw ne nomme pas dans son intervention pour ne pas faire de la publicité – pour discrimination raciale et discrimination fondée sur le genre au sujet du système de promotion au sein de l’entreprise qui reproduisait la discrimination des femmes noires. Le juge qui n’avait pas compris l’intersection entre la couleur de la peau et le sexe dont parlait Emma Degraffenreid et ses consœurs avait rejetté sa plainte. Crenshaw nomme bien le problème en disant ce qui suit : « And to boot, there was no name for this problem. And we all know that, where there’s no name for a problem, you can’t see a problem, you pretty much can’t solve it.” (Minutes 8.28–8.37).
Crenshaw invite à nommer les problèmes notamment les violences policières contre les femmes car on entend surtout parler des violences contre les hommes, comme c’était le cas avec George Floyd en 2020. #SayHerName est le mouvement auquel elle invite le public très réceptif à se joindre pour citer toutes les femmes noires (petites filles, adolescentes, jeunes femmes, femmes âgées) victimes de violence policière aux États-Unis.
Dans le corpus sous la main, les femmes sont aussi victimes d’une double discrimination qu’il faut mentionner. Premièrement, à l’exception de Raïssa, elles sont éloignées de toute agentivité/agencéité sur l’objet kwassa kwassa. Deuxièmement, elles sont victimes du fait que les hommes planifient leur voyage aussi bien sur le plan matériel que sur le plan émotionnel. Dans Mayotte, un Silence Assourdissant, Combo payera le voyage de son épouse et de son fils depuis Mayotte. Cette dernière sera abandonnée au bon vouloir des passeurs sans avoir un mot à dire sur son sort, ce qui renchérit le fait que les femmes n’ont, de bout en bout, aucun pouvoir décisionnaire. Les événements en amont et en aval de la traversée sont de fins moments de musellement des femmes à qui il est d’ailleurs interdit d’exprimer toute émotion pendant le voyage.
Dans notre cas d’étude, les masculinités hégémoniques et complices s’entrecroisent autour de l’objet kwassa qui est aussi un lieu de transmission et de pratiques de la masculinité. Cette réalité intersectionnelle est transmise aux jeunes garçons qui prendront le relai et en assureront la masculinité générationnelle. C’est le cas du gamin Aziz dans Mayotte. Des poissons à chair humaine de Frédéric de Souza. Cet enfant a vite appris à manipuler non seulement le kwassa mais aussi les codes de cet univers au centre duquel se trouve l’expression de la masculinité qui est, comme le rappelle bien Egodi Uchendu dans le volume qu’elle a coordonné en 2008,37 principalement une construction sociale qui peut revêtir plusieurs formes.
Ce sont les pratiques sociales des contextes spécifiques qui définissent le sujet masculin et sa perception de soi et consacrent la masculinité en invisibilisant les femmes ou en faisant d’elles des instruments de validation de la masculinité. Uchendu rappelle le rôle précieux des femmes dans la gloire de l’Égypte antique, laquelle gloire privilégie, à travers la majorité des textes historiques, les voix des hommes en reléguant les femmes au rôle-cliché de « maîtresses de maison » et de dangereuses séductrices dont les hommes gagneraient à s’éloigner. C’est le prototype de la femme que nous retrouvons dans les actes de Raïssa qui fera découvrir à Mohamed le plaisir sexuel. Uchendu (2008, 6) remarque à juste titre que même un travail profond comme le volume de 671 pages de Théophile Obenga publié en 2004 ne consacre que six pages aux femmes de l’Égypte antique, six pages pour célébrer leur irrésistible attrait et leur côté dit « mystérieux » par des hommes.
Même dans le cas du Sénégal cité plus haut, les femmes jouent le rôle principal sur le plan financier et émotionnel de la traversée mais elles sont invisibles
Ceci se voit dans Un dhikri pour nos morts La rage entre les dents de Soeuf Elbadawi qui est, suivant la logique du #SayHerName, un chant pour quatre-vingt-dix-huit personnes noyées pendant la traversée. Néanmoins, c’est le destin tragique du ‘cousin’, courageux et déterminé à briser les frontières artificielles dans les eaux comoriennes, qui est mis en avant dans ce deuil collectif. Par ailleurs, le spectre d’Iɓuka ‘le fou’ occupe plus de place dans le pamphlet que ‘Des enfants en bas âge Trois femmes enceintes’ disparus en mer.38 Au cœur de la tragédie, les femmes semblent invisibilisées car ce sont surtout les hommes qui racontent les tragédies qui touchent aussi les femmes bien qu’elles soient minoritaires en nombre au moment des traversées.
L’importance pour les récits des femmes d’être portés par d’autres femmes est par exemple lisible dans un texte récent qui a reçu le prix littéraire de l’Océan Indien. Dans La Chatouilleuse39 (2022), Yasmina Aouny raconte en vingt-et-un chapitres la vie des femmes comoriennes à travers la voix de Rose, une femme indépendante qui porte de nouveau le combat entamé en 1966 par l’héroïne Zéna M’déré, au centre de la technique de protestation par le ‘chatouillement’ des hommes politiques.
sont maintenues dans l’ignorance par les maîtres religieux de ton île, qui semblent tous s’être mis d’accord pour faire croire aux Mahoraises que
leur paradis se trouve sous les pieds de leurs maris et que, si elles ne se soumettent pas à ces derniers, leur demeure sera l’enfer.40
Rose joue le rôle de métaphore pour l’épanouissement des femmes dont le bonheur ne devrait pas être circonscrit à la prosternation devant des hommes souvent malades de leur masculinité et s’appuyant sur une lecture masculine et manipulatrice du Coran. Chuter sur l’enfer comme la promesse pour les femmes qui n’accepteraient pas la réalité intersectionnelle du contexte culturel permet de revenir sur les nombreux visages du kwassa, un objet relationnel et intersectionnel, mais surtout, un objet-enfer, spectre et spectacle de la mort, banalisée car trop récurrente dans la région.
Face à cette situation, on comprend mieux la nature dominante de la poésie dans le corpus, la poésie étant entendue ici comme écriture et chant du désepoir et de la désespérance. C’est ce qui fera dire à Nassuf Djailani, en réponse à une interlocutrice qui a qualifié sa poésie de « triste et violente », ce qui suit : « je n’aime pas les poèmes de la nourriture, mais les poèmes de la faim, ceux des malades, des parias, des empoisonnés, des suppliciés du langage qui sont en perte dans leurs écrits. »41 Djailani n’a jamais caché sa passion et sa faim des vers de Césaire dont on entend de nouveau les échos du Cahier d’un retour au pays natal:
Le passeur tire son épingle du jeu, toujours. C’est même avec une condescendance qui cache mal une culpabilité face à une réalité intranquille qu’il passe pour être l’intersection, le pont, la zone tampon, le médiateur du malheur de tous ceux et celles dont il garde en mémoire les passages échoués en mer. Il nous les (ra)conte, tel un griot qui, malgré lui, porte en partie la mémoire d’un peuple décati, d’un peuple qu’il contribue à fragiliser, lui le complice en traversée meurtrière, lui qui est riche de nombreuses expériences, dont celle d’avoir jeté un bébé en mer. Peut-on le juger ? Faut-il le juger ? À quelles fins ?
Il m’est arrivé d’espérer quand il y a eu le petit Syrien échoué sur une plage turque. Je me suis dit que quelqu’un, quelque part, se souviendrait de cette île française et dirait qu’ici aussi les enfants meurent sur les plages.45
Contrairement à une étudiante du groupe de discussion à qui il avait été interdit de prendre des photos, j’ai l’autorisation de faire des photos sans visages et de les utiliser pour mon projet d’ouvrage.
Je pense aussi au conducteur de Taxi à Mitsiamouli qui démarrait son taxi à partir d’un interrupteur construit sous le pare-brise.
Une preuve manifeste de la contradiction dans la démarche est la plaque bien placée au coeur de Moroni sur laquelle on peut lire: « Mayotte est comorienne et le restera à jamais. »
Frédéric de Souza, Mayotte. Des poissons à chair humaine (Moroni: Komedit, 2014), 10.
Etienne Huver & Guillaume L’hotellier, « Comores: la traversée clandestine », consulté le 6 octobre 2019.
Comores : la grande traversée - ARTE Reportage - Regarder le documentaire complet | ARTE.
Le prix de la traversée peut varier, selon la période, le nombre de passagers sur le Kwassa Kwassa et la réputation du ‘passeur’, de 300 € à plus de 1000 €.
On pourrait aussi parler de l’économie de la traversée qui implique un sérieux côut matériel, physique et émotionnel (sacrifier son corps aux passeurs véreux qui n’épargnent que les ‘vieilles’, Droit du Sol) ; humain (les itinéraires complexes par exemple d’abord de Nosy Be – Madagascar – pour Anjouan puis d’Anjouan à Mayotte) et sacrificiel (vendre des biens en possession comme une parcelle de terrain et des bœufs pour Combo dans Mayotte, Un Silence Assourdissant, vendre un bien familial comme les boucles de la mère reçues en héritage pour Anissa dans Droit du Sol ou pour Anguille, brader la bague que Vorace lui avait offerte dans Anguille sous roche).
Monika Rohmer, « Beyond Migration. (Re)Framing non-migration in Le Pagne léger by Aïssatou Diamanka-Besland and Celles qui attendent by Fatou Diome « (Unpublished Master Thesis., University of Bayreuth, 2020), 20.
Je reviens sur le rôle fantoche mais social de ce personnage dans le dernier chapitre. Dans Un dhikri pour nos morts La rage entre les dents de Soeuf Elbadawi, le cousin noyé a aussi consulté un mwalim [savant, marabout] avant de s’engager dans l’aventure.
En sciences sociales, le concept “waithood” a été développé par Honwana (2012) en référence aux jeunes dont l’adolescence est prolongée avec pour conséquence que la maturité est retardée, par manque de perspectives économiques claires dans des contextes de pauvreté structurelle et d’absence de cadre de formations qualifiantes.
Houmadi, Aux parfums des îles, 80.
Feyçal, Mayotte, un silence assourdissant, 31.
« Tu ne rencontreras jamais le propriétaire qui peut tout aussi bien être un politique de la capitale, un haut fonctionnaire, ou même un frère de Mayotte. Tu n’auras à faire qu’à des passeurs qui ne prennent aucune décision. Ton premier souci est de trouver un travail en ville et d’économiser les 300 euros. » Ce sont des propos de Soumet, le vieux gardien de la mosquée verte de Mramani au personnage principal Mohamed, qui jusque là, ne comprend pas la dure réalité de la traversée vers Mayotte. (De Souza, Mayotte. Des poissons à chair humaine, 26).
Un film de Pascale Poirier, Journaliste, Papamwegne & Montage, Olivier Braunstein. 50 minutes, consulté le 25 juin 2019.
Mayotte - Anjouan «Kwassa Kwassa, Un Business Pirate» - YouTube.
Attoumani, Autopsie d’un macchabée, 84–85.
Frédéric de Souza & Faïssoili Abdou, « Frédéric de Souza, ancien Consul à Anjouan. », 2014, consulté le 20 janvier 2018.
Frédéric de Souza, ancien Consul à Anjouan : « J’ai pensé que cette image choc pourrait donner la vraie dimension de ce drame quotidien qui se déroule dans le plus grand silence » | COMORES ESSENTIEL (wordpress.com).
Feyçal, Mayotte, un silence assourdissant, 54–55.
Elbadawi, Un dhikri pour nos morts La rage entre les dents, 39.
Masson, Droit du Sol, 278.
Patrick Chamoiseau, Frères Migrants (Paris: Seuil, 2017), 120.
Chamoiseau, Frères Migrants, 15.
De Souza, Mayotte. Des poissons à chair humaine, 75.
Mayotte. Des poissons à chair humaine, 43.
Mayotte. Des poissons à chair humaine, 43.
Masson, Droit du Sol, 6.
Mayotte. Des poissons à chair humaine. 77.
Masson, Droit du Sol, 114.
Masson, Droit du Sol, 7.
Mayotte. Des poissons à chair humaine, 68–69.
Robert W Connell, Masculinities (Berkeley: University of California Press, 1995), 74.
Masson, Droit du Sol, 160.
Raewyn Connell, Masculinités. Enjeux sociaux de l’hégémonie, Édition établie par Meoïn Hagège et Arthur Vuattoux; Traduit de l’anglais par Claire Richard, Clémence Garrot, Florian Voros, Marion Duval et Maxime Cervulle, Postface Eric Fassin (Paris : Amsterdam Éditions, 2014,), 65.
Masson, Droit du Sol, 432–433.
« Kimberlé Crenshaw: L’urgence de l’intersectionnalité », consulté le 13 février 2023.
Kimberlé Crenshaw: L’urgence de l’intersectionnalité | TED Talk.
Kimberle Crenshaw, “Demarginalizing the Intersection of Race and Sex: A Black Feminist Critique of Antidiscrimination Doctrine, Feminist Theory and Antiracist Politics” University of Chicago Legal Forum 1, 1989, 139–167.
Robert W Connell, Masculinities (Berkeley: University of California Press, 1995), 76–81.
Egodi Uchendu (ed.), Masculinities in Comtemporary Africa. La Masculinité en Afrique Contemporaine, (Dakar : Codesria) : 2.
Elbadawi, Un dhikri pour nos morts La rage entre les dents, 8–9.
Yasmina Aouny, La Chatouilleuse. (Eckbolsheim : Éditions du Signe, 2022).
Yasmina Aouny, La Chatouilleuse, 37.
Nassuf Djailani, Le songe… d’une probable renaissance… suivi de Roucoulement remanié, avec la traduction en anglais par Carole Beckett. (Moroni: Komedit, 2010), 12.
Césaire, Cahier d’un retour au pays natal, 50.
Travailler sur ce corpus rappelle régulièrement en mémoire la notion de ‘fratrie d’auteurs’ présente au Congo Brazzaville dans les années 70–90 avec des écrivains comme Sylvain Mbemba, Henri Lopès, Sony Labou Tansi et Jean-Baptiste Tati Loutard. L’idée de la fraternité étant de s’élever mutuellement, à travers des relectures des manuscrits et des échanges. Pour ‘la dernière née des littératures francophones’ (Ranaivoson), cette méthode est d’actualité et on doit juste espérer que cette confiance ne sera pas à l’origine de l’appropriation des idées.
Nassar Sambaouma, Poëmes. (Moroni: Komedit, 2012), 93–100.
Appanah, Tropique de la violence, 52.
Chamoiseau, Frères Migrants, 127.