Chapitre 8 Keep smiling: Décadence, Départenance et la thérapie du « Pleurer-rire »

In: 'Entré en tant que cousin, sorti en tant que gendarme'
Author:
Rémi Armand Tchokothe
Search for other papers by Rémi Armand Tchokothe in
Current site
Google Scholar
PubMed
Close

« Dans nos ténèbres, il n’y a pas une place pour la Beauté. Toute la place est pour la Beauté. »

RENÉ CHAR, FEUILLETS D’HYPNOS. TEXTE INTÉGRAL + DOSSIER PAR MARIE- FRANÇOISE DELECROIX + LECTURE D’IMAGE PAR ALAIN JAUBERT. PARIS: FOLIO PLUS, 2007, 70

« C’est vers la lumière que ces vies tendent, et c’est vers les ténèbres que les vagues les précipitent ».1 Ces dix-huit mots, à l’image des dix-huit textes du corpus, méticuleusement choisis par Nassuf Djailani résument avec élégance le contraste au cœur de cet ouvrage et me permettent de revenir sur l’une des questions de recherche : où les auteurs puisent-ils les ressources pour écrire, composer et se projeter sur l’avenir lorsque l’environnement est dominé par le spectre de la folie, de la mort physique, spirituelle, sociale, économique, politique, environnementale, spatiale etc. ?2

En plus du matériau social, du quotidien, des témoignages des victimes et des rescapés, des journaux et des reportages, des espaces comme le tshapalodrome relationnel, les auteurs ont trouvé dans l’esthétique de la survivance et de l’humour, de l’ironie et de l’espérance, une source rafraîchissante pour exprimer leur désenchantement et contribuer à entreprendre une thérapie du traumatisme de la traversée et de la manipulation de l’histoire de l’Archipel des Comores. Pour ce qui est de la survivance, leur écriture rejoint très bien la pensée d’Etoke pour qui :

Survivre c’est résister aux conditions d’une existence sinistre, tragique, catastrophique. Survivre, c’est refuser de succomber. C’est dire oui à la vie quand elle vous pousse à dire non. C’est rester debout et lever les yeux vers le ciel alors qu’une force incontrôlable vous tire vers les méandres du désespoir. C’est avoir les pieds sur terre et la tête dans les nuages. C’est se rebeller contre tout ce qui conspire à vous emprisonner dans les profondeurs des ténèbres. Survivre, c’est d’une certaine manière aller au-delà de la mort sans entrer dans l’immortalité. Survivre, c’est transformer l’adversité du temps présent en promesse d’avenir.3

Articulée sur ce qui d’emblée sonne comme des oppositions, c’est cette philosophie de la survivance, de la résilience et de l’espérance, portée sur un avenir plus humain que les auteur.e.s défendent à tout prix en trouvant, malgré la violence de la situation, l’énergie relationnelle nécessaire pour remettre au centre de leur écriture une richesse en partage, une ressource de décrispation de la lourdeur du sujet et un dispositif qui revalorise l’humain : l’humour. Comme outils de lecture, je fais ici référence à Henri Lopès (2003, 1982) « Le Pleurer-Rire » et au concept de ‘départenance’ de Rosello & Bjornson (١٩٩٣).

Dans leur réflexion sur la ‘nation Beur’, Rosello & Bjornson (1993) affirment

Departenance would thus be a way of acknowledging that one had been called upon to “belong” while fully recognizing what would be lost if one remained satisfied with a national or cultural identity fashioned by others. The term offers an opportunity to rethink the supposed necessity to choose between universalism and culturalism without succumbing to disaffection or in indifference.4

Cet extrait met en exergue la f(r)iction entre les identités départagées à Mayotte. D’un côté, la France, essentiellement chrétienne et de l’autre, Mayotte le département principalement musulman dans lequel même la justice française a finalement reconnu le rôle capital des médiateurs culturels et des autorités religieuses que sont les cadis,5 ces « garants du droit coutumier »6 musulman dans l’apaisement des tensions sociales et la régulation de la vie quotidienne.

Leur travail passe aussi par la langue car il faut bien souligner que la langue de résolution des différends sociaux n’est pas primairement le français que beaucoup de cadis ne maîtrisent pas. Ce sont des agents de l’entre-multiple: religion, espace, culture, justice, droit coutumier, histoire culturelle, sociale et religieuse etc.

L’entre-multiple face à ses contradictions constitue le noeud narratif de la pièce de théâtre Autopsie d’un Macchabée de Nassur Attoumani, l’auteur mahorais dont les textes sur la traversée font de lui, à mes yeux, un départenant au sens de Rosello & Bjornson : bien qu’il assume son appartenance à la France, il s’identifie fièrement aux pratiques et valeurs culturelles de l’archipel qui demeure son principal référent spatial. Pour Westphal,

Dès lors c’est au référent spatial qu’il appartiendra de fonder la cohérence de l’analyse et non plus à l’auteur et à son œuvre. En un mot, on se mouvra de l’écrivain vers le lieu et non plus du lieu vers l’écrivain, au fil d’une chronologie complexe et de points de vue divers. Par rapport à l’imagologie, la perspective se trouve donc renversée.7

Ici, le référent spatial est aussi le cadre spatio-culturel et socio-religieux, l’île « irruée » (« irruption-ruade-irréel », Glissant) qui est le théâtre d’un double conflit ‘migratoire’ et culturel. C’est la question du lieu, de la dialectique du territoire qui traverse Autopsie d’un Macchabée car le lieu implique, au-delà de la circonscription géographique, des pratiques culturelles bien que celles-ci soient dynamiques.

Soja8 (2008) s’est penché sur la question du lieu et de ses modes d’expression en proposant la trialectique: spatialité, historicité et socialité. Cette trialectique met en avant le contexte, les réalités sociales qui se vivent dans un espace à comprendre comme un lieu d’expression de culture donné. Bamana (2008) faisait la remarque suivante sur Autopsie d’un Macchabée:

A l’image du théâtre nassurien, « Autopsie d’un macchabée » est une comédie satirique qui donne froid dans le dos […] Dans ce débat entre les coutumes locales et la loi française, Iblis s’invite et sème la zizanie…Et c’est l’occasion, encore une fois, pour notre humoriste de plonger le doigt dans le drame du trafic (in) humain entre l’archipel des frustrés et Mayotte, la Française.9

Bamana pose une question pertinente au sujet d’Autopsie d’un Macchabée mais, en filigrane, c’est une question qu’on devrait explorer en parcourant toute l’œuvre de Nassur Attoumani qui écrit nu, comme il aime le dire, lui, le guide chaleureux à l’énigmatique casque colonial et dont l’humour est humainement contagieux. Néamoins, peut-on pleurer-rire de tout?

En reprenant Soja, on pourrait reformuler cette question de la manière suivante: peut-on rire de la spatialité, de l’historicité et de la socialité de Mayotte, comme l’auteur invite les lecteurs à le faire dans cette pièce remarquablement macabre?

Autopsie d’un Macchabée est jouée par quatre personnages10: Macchabée (le cadavre), Mahossa (un intégriste autochtone), le Docteur Chikungunya (le médécin légiste) et Iblis (Satan le Réprouvé). Elle comprend trois actes divisés en trois scènes (acte I), trois scènes (acte II) et deux scènes (acte III). La première scène de l’acte I annonce les couleurs tragi-comiques de la pièce et le conflit de l’entre-multiple en amont et en aval de la pièce capable de provoquer le ‘pleurer-rire’, comme le font les pérégrinations du Maréchal dans l’ouvrage du même nom d’Henri Lopès:

Maréchal Habbibal-Ideloy Bwakamabé na Sakkadé, président de la République, chef de l’État, president du Conseil des ministres, président du Conseil national de Résurrection nationale, père recréateur du Pays, titulaire de plusieurs portefeuilles ministériels à citer dans l’ordre hiérarchique sans en oublier un seul, fils de Ngakoro, fils de Fouléma, fils de Kiréwa, la poitrine colorée et étincelante de plusieurs étages de décorations.11

Dans ce livre, Tonton est un guide providentiel obnubilé par ce qu’il considère être son pouvoir. Il est malade de sa décadence, de ses peurs et de sa masculinité abrutissante. Je fournis ci-dessous un extrait de dialogue dans Autopsie d’un macchabée qui est un dialogue tragi-comique, à la limite absurde, comme c’est le cas avec le personnage principal dans Le Pleurer-Rire. J’ai marqué en gras l’écart/l’irrué des référents culturels entre Mahossa, qui a retrouvé le cadavre dans la mangrove et qui joue le rôle du Mahorais insulaire et le Dr Chikungunya, le médecin métropolitain12 qui, suivant ses propos, incarne la République française:

Dr. Chikungunya:
lui avez-vous au moins fait du bouche-à-bouche?
Mahossa:
Pardon! (Scandalisé) je n’ai jamais embrassé un cadavre
Dr. Chikungunya:
Dans ce cas, lui avez-vous alors fait un massage cardiaque?
Mahossa:
On n’a pas besoin d’agresser un mort. C’est in-hu-main
Dr. Chikungunya:
Scientifiquement,13 ce qui est inhumain, c’est de n’avoir rien fait pour tenter de le ramener à la vie.
Mahossa:
À ma connaissance, seul Jésus-Christ pouvait ressusciter les morts. Je ne suis pas le Christ. Je suis Mahossa.
Dr. Chikungunya:
Savez-vous si ce patient avait des antécédents cardio-vasculaires?
Mahossa:
(il ne comprend pas) Ra…ra…ra…radio masculin?
Dr. Chikungunya:
Je veux dire…euh… souffrait-il d’hypertension?
Mahossa:
(Dubitatif) Dipé…dipé…dipé
Dr. Chikungunya:
Alors, souffrait-il dʾhypoglycémie?
Mahossa:
(plus qu’énervé): Dipo…dipo…dipo
Dr. Chikungunya:
Scientifiquement, d’après vos constatations, ce macchabée était-il sujet à l’hypomnésie?
Mahossa:
Je ne sais même pas de quelle planète il débarque. Comment diable saurais-je si son peuple souffre d’amnésie?
Dr. Chikungunya:
Scientiquement, même les boîtes de conserve ont des codes-barres pour qu’on puisse reconnaître leurs pays d’origine. Si on ne sait rien de lui, la recherche de son ADN s’avère impérative.
Mahossa:
Son…son…son Ben Laden?14

En marge des incompréhensions qu’on pourrait attribuer au jargon médical, on peut rire du fait que Mahossa confond ou peut-être prétend confondre Ben Laden, que l’on pourrait interpréter comme une figure de l’abus de la notion de territoire, de référent spatial, et ADN.

Est mis en exergue ici le fait que ces extraits annoncent les couleurs de cette pièce hilarante, touchante, violente et eschatologique, mais dont la toile de fond est la dichotomie prononcée entre les référents culturels mahorais et les référents culturels français. Les deux cultures sont de facto présentées avec beaucoup d’humour comme deux îlots sur cette île « officiellement » française. Le dialogue entre Mahoassa et le Dr Chikungunya fait ressortir la cohabitation disharmonieuse de deux cultures, deux religions, deux visions du monde.

La disharmonie entre les deux visions au centre desquelles se trouve la culturalité du lieu est singulièrement exprimée dans le passage ci-dessous. En direction de Mahossa qui est scandalisé de ne pouvoir organiser l’enterrement du macchabée conformément aux pratiques de l’islam qu’il défend avec toute son énergie argumentative, culturelle et émotionnelle, le Dr Chikungunya qui ‘singe’ la République française tient ce propos:

Sci-en-ti-fi-que-ment, c’est la France, la France, la France qui a un mort entre les mains. Moi je n’ai rien à me re-pro-cher… […] Selon la loi, tout cadavre suspect doit d’abord faire l’objet d’une autopsie. […] Scientifiquement, il ne s’agit pas dʼun conflit de religion, mais de légitimité territoriale. Ce macchabée a violé notre espace maritime. La mer a déposé, à notre insu, son corps sans vie dans nos eaux territoriales. Je pense donc que cet individu doit d’abord rendre compte de son acte irrévérencieux à la France.15

Le macchabée aurait, en harmonie avec l’idée d’impérialisme maritime et « d’hydrocolonialisme » (Hofmeyr, 2022), violé, transgressé l’espace maritime français. Ici, il est utile de mentionner le rappel que Westphal (2007) fait de l’origine du mot transgression:

Transgresser dérive du latin transgredi, dont le sens était à l’origine spatial. Chez les Romains, on transgressait lorsque l’on passait de l’autre côté d’une borne ou d’un fleuve, ou lorsqu’on passait d’un argument à un autre. On transgressait également lorsque l’on dépassait la mesure.16

Pendant tout le dialogue entre Mahossa et le Dr Chikungunya, chaque protagoniste voit le lieu Mayotte sous un prisme culturel bien défini et considère que l’autre est dans la déréalité, voire dans la démesure.

Un autre moment du dialogue qui illustre l’écart entre les référents culturels des deux interlocuteurs est lorsque le Dr Chikungunya précise qu’il doit, conformément à son métier de médecin légiste, “faire un rapport” médical sur le dossier du Macchabée. Mahossa comprend autre chose et s’offusque avec démesure, en ces termes en se tournant explicitement vers le public dans la version jouée de la pièce: « on a un mort entre les mains et ce médecin ne pense qu’à baiser. Mon Dieu! ».17 Plus loin, le Dr Chikungunya parlera “d’une héméralopie consécutive à une hématose dans l’arcade zygomatique’ et Mahossa de répondre ‘Zi…zi… zizi ???”18

La distanciation référentielle est aussi visible dans Droit du Sol lorsqu’un gendarme demande à une dame: « Heu… Madame… Bouéni… Vous avez vos papiers ? »19 et que cette dernière lui répond très naturellement en amenant la conversation sur un tout autre terrain : « Tu veux tomates ? »

On remarquera, en plus du sujet qui n’est pas commun, le registre vous/tu qui « casse » les barrières, dédramatise la situation et donne une dimension ironique et tonique à l’énoncé avec un naturel et un humour qui désarment et donnent une tout autre orientation à la conversation.

Ces extraits relèvent l’importance à accorder au lieu, à l’espace culturel qui est en amont et en aval de l’architecture et de l’architexture (Lefebvre, 2000) d’Autopsie d’un Macchabée. Lefebvre démontre aussi le lien entre la production-la construction, voire la consommation de l’espace et la question du pouvoir sur le lieu, qui est centrale aussi bien à la pièce qu’à l’historicité de Mayotte et des autres îles de l’Archipel des Comores.

Mahossa est vidé de ses convictions culturelles, religieuses et humaines en écoutant le docteur parler de violation de l’espace alors qu’il culpabilise de ne pas pouvoir rendre un dernier hommage au macchabée, en l’enterrant dans de brefs délais suivant les normes de l’islam. Par conséquent, il répondra simplement en interpellant le médecin sur le différend religieux: « je ne comprends pas pourquoi un catholique, un protestant ou un juif s’opposerait à ce qu’on enterre un musulman selon sa religion […] N’a t-il donc pas le droit de se reposer en paix au cimetière? »20

La notion de transgression prend ici des contours opposés. Pour le Dr Chikungunya, le macchabée a transgressé le territoire, ce qui devrait avoir des conséquences juridiques alors que pour Mahossa, le Dr Chikungunya transgresse les normes religieuses du lieu et blasphème l’intimité du corps du macchabée qui est, pour reprendre Agamben, une autre « vie sacrifiée ». Cette divergence de points de vue s’expliquerait en ayant recours à Ernst Bloch (cité dans Westphal21) qui parle de Ungleichzeitigkeit que l’on pourrait traduire par multiculturalité du lieu, multiple spatialité et multiple temporalité, conformément à la lecture que font Vergès et Marimoutou (2005) de l’espace insulaire dans Amarres : Créolisations india-océanes.

Il serait donc aussi envisageable de lire Autopsie d’un Macchabée comme une contribution à l’écriture de l’esthétique de la transgression de ‘l’espace strié’ (Deleuze & Guattari, 1980), cet espace politiquement cartographié, délimité et normalisé mais, qui en réalité, est toujours rattrapé par l’espace réel et le vécu. Mettre le vécu au centre de l’écriture de la société décrite revient à continuer de célébrer la vie, faire un plaidoyer pour la vie comme dirait Denis Mukwege, co-récipiendaire du Prix Nobel de la Paix en 2018.

« ‘L’homme qui répare les femmes’ », comme on appelle communément ce grand chantre de la vie et de l’espérance, a donné à son autobiographie écrite en collaboration avec Berthild Akerlund (٢٠١٦) le titre plein de sens et d’espoir, malgré tout : Plaidoyer pour la Vie. Chanter la vie, parfois la survie, malgré la dissolution ambiante grâce à la magnifique arme qu’est l’humour/le pleurer-rire qui aide à dépassionner la situation, le temps d’un rire interrogateur, est aussi singulier dans Mayotte, un silence assourdissant de Feyçal.

Le personnage principal Combo réussit, après une bonne attente, à déposer les documents nécessaires à la demande du visa Balladur au consulat de France. En méditant sur le fait d’avoir menti lors de sa brève interview sur son intention de revenir à Anjouan après trois mois de visite à Mayotte, il se justifie sur une pointe d’humour qui remet à l’ordre du jour la question de l’entre-multiple22 religieux à Mayotte: « mentir à un blanc, à un non-musulman, donc à un ‘kafir’, peut être toléré par Allah. »23

Dans l’attente anxieuse de la réponse à sa demande de visa pendant une longue semaine,24 il suit le conseil de ses amis et se rend chez un oilimou (maître, voyant, connaisseur) dans l’espoir de faire multiplier ses chances d’avoir le visa.25

Le dialogue ci-dessous, riche d’humour, révèle une autre face sociale de la traversée : les marchands de rêve qui profitent bien de la naïveté de ceux et celles qui sollicitent leur assistance, mais qui ont curieusement pignon sur rue aux Comores. Le Pleurer-Rire est surtout une satire sociale, comme on peut le voir dans la conversation entre le Karidjini wa Mlipwa Déné (oilimou, O) et Combo (C) :

C – Bonjour, monsieur

O – Bonjour, mon enfant. Qu’est-ce qui t’amène jusqu’ici mon fils ?

C – Je viens de recevoir tous les documents nécessaires pour l’obtention d’un visa pour Mayotte. C’est mon demi-frère et sa femme, vivant à Mayotte, qui me les ont envoyés. Je suis venu solliciter votre aide pour que les « Oizoungous » (les blancs) me délivrent le visa.

O – Très bien. As-tu les dossiers avec toi mon fils ?

C – Non monsieur. Je les ai déjà déposés et j’attends la réponse la semaine prochaine.

O – Ah, là je ne peux rien faire. Je devais d’abord les « stériliser » contre les mains des blancs…

C – Monsieur, n’y a-t-il pas d’autres moyens ? Je vous en prie, il faut m’aider !

O – Certainement si, mais pour cela, il faudra d’abord que je sache certaines choses.

(Le vieux marabout ferma les yeux et commença à réciter des litanies qui ne correspondent à aucune langue que Combo connaissait. Certainement pas du comorien, ni de l’arabe, ni du swahili, ni même du malgache ! Genre « simsim madzankuhu simsim simsi… »

O – Ton demi-frère est de teint clair ; marié, et il a deux enfants, n’est-ce pas ?

C – Euh…, oui, il est marié, mais il n’a eu qu’un seul enfant malheureusement !

O – Es-tu sûr que sa femme n’a jamais fait une fausse-couche, un avortement ou quelque chose de ce genre ?

C – Je vous mentirais si je vous disais oui ; je sais pas monsieur, mais je peux lui demander.

O – Non. C’est sûr que c’est déjà arrivé. Une fausse-couche ou un avortement, c’est comme un deuxième enfant ! Vous allez devoir revenir dans quatre jours à 7h30 avec un cabri de couleur blanche qui a un point noir sur sa tête, un coq rouge et 15.000 francs (30 euros)26

Bien que le texte littéraire soit aussi une affabulation par le fait même d’être une fiction même s’il a des allures de document et que les critiques doivent éviter de tomber dans le piège de l’illusion référentielle qui consiste chez les auteurs à chanter le désespoir des îles, j’ai maintenu cet extrait long. L’idée est de souligner la nécessité de poser un regard sur certaines pratiques courantes dans le contexte comorien où il est encore fréquent, comme dans d’autres pays africains, de porter une confiance aveugle à de prétendus clairvoyants, des vendeurs d’illusion, des menteurs maladroits, des prestidigitateurs qui vont jusqu’à utiliser le jargon médical (stériliser), mais dont le seul véritable objectif est de profiter des personnes déjà suffisamment désespérées. Il suffit de voir la description du cabri requis pour comprendre l’escroquerie. Oilimou poussera l’entourloupe plus loin en donnant deux autres consignes lors des visites suivantes bien planifiées jusqu’à la veille du retour prévu de Combo au consulat.

Après que Combo lui a apporté le cabri, le manipulateur poursuit : « très bien. Maintenant, pour tout réussir, il faudra revenir après-demain avec un objet, un papier ou quelque chose de solide que le consul de France aurait touchée. » (18). L’usage du conditionnel « aurait » interpelle sur la « science » du Oilimou et dévoile la corruption et la présence de multiples réseaux autour de la traversée. On pourrait d’ailleurs se demander si le chauffeur du consul qui remet à Combo un exemplaire du « Quotidien de la Réunion » que le consul « aurait » touché ne serait pas complice du Oilimou dans une machinerie bien orchestrée. La filouterie atteint son paroxysme quand Oilimou donne la dernière consigne à Combo:

Bonjour, mon fils. Je vois que tu as très bien travaillé. Maintenant je te donne une portion de ‘Zaïma’ que tu vas devoir boire le matin avant de te rendre au consulat de France. Dès qu’on te demandera d’entrer, souviens-toi que c’est le pied droit qui doit franchir en premier le portail et tu verras qu’on t’accordera le visa sans te poser de questions.27

Après trois brèves questions qu’une dame posera à Combo, le héros aura un visa de 90 jours. Malgré l’euphorie, Combo se souviendra de l’annonce du marabout pas au bout de ses mensonges et s’étonnera :

Toutefois, sans vouloir remettre en cause le travail accompli par son marabout, il se souvient quand même que celui-ci lui avait promis qu’on ne lui poserait aucune question. Peut-être qu’il aurait commis une petite faute, se consola-t-il.28

Ce qui prime après le consulat c’est le sésame obtenu, que les formules fétiches du marabout aient marché ou pas. Le fétichisme est aussi fondamental dans Le Pleurer-Rire centré sur un président dont le nom est aussi lourd que celui du marabout dans Mayotte, un silence assourdissant. Le président, chef de toutes les vies sur son territoire, est entouré de féticheurs pour asseoir son pouvoir. Il pousse la comédie jusqu’à une compétition nationale de féticheurs pour traquer Haraka, le putschiste. Comme le remarque Malonga, même le nom Hannibal regroupe « l’animal » et « le cannibal».29 C’est ainsi que « la peau de léopard », « la queue du lion », « le sanglier » et « la panthère » sont des fétiches et des symboles du pouvoir qui lui sont attribués. Tonton est maladivement accroché aux fétiches qu’il défend sous l’égide des coutumes et de l’authencité tant chantée par un autre malade du pouvoir et de fétiches bien reconnaissable dans le roman : Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga :

Malgré son profond respect pour notre métropole, la France, et son admiration pour la civilisation des vins fins, Tonton n’était vraiment à l’aise que lorsqu’il pouvait pratiquer librement les coutumes du village. Ainsi s’était-il fait construire, dans la cour du Palais, une paillote circulaire sous laquelle il recevait ses collaborateurs aussi bien que les diplomates en audience.30

C’est le souci de bien « féticher » son visa, ou peut-être d’éviter que les fétiches des envieux le fassent disparaître, qui incitera Combo à garder son passeport « au fond de son caleçon, un maillot de bain rouge avec des rayures de couleur noire et blanche, flanqué d’un logo de pistolet avec un chiffre 007 ».31 L’on aura deviné, l’imbattable, l’intraitable, le ‘féticheur’ d’un autre type, James Bond, fait irruption sur la scène.

En tenant compte des croyances dans le contexte culturel, on serait tenté de se demander comment ne pas obtenir le visa quand on a toute la bénédiction d’un Oilimou du village Malé, célèbre pour ses Oilimous, quand on porte un sous-vêtement qui vend la bravoure d’un héros « mondialisé » et lorsque le projet de voyage à Mayotte n’est pas individuel, mais familial et même une affaire de tout le village où « tout le monde voulait voir le visa pour espérer que celui-ci fasse contagion dans le village ! »32

Comme James Bond, Combo devient un héros mais un héros-tragique lorsque son épouse et les enfants s’engagent dans la traversée pour le rejoindre à Mayotte. Malgré la tragédie, le père de Combo (Saidali Silahi Boura) maintiendra le registre de l’humour subtil quand il prendra la décision d’écrire aux présidents français et comorien à la suite du drame dans lequel il a perdu trois petits-fils :

Permettez-moi donc avec tout le respect que je dois aux hautes fonctions que vous occupez, d’user d’un droit qui s’appelle chez nous à Mayotte et aux Comores en général, droit d’aînesse, pour vous situer dans le temps. Ceci, j’espère, afin que vous puissiez vous propulser dans l’espace avec assurance, détermination mais surtout avec réalisme et humanisme.33

Au-delà du caractère très formel de la lettre qui prendra dans le roman les traits d’un essai journalistique et fera de la deuxième partie un roman épistolaire, on notera la référence culturelle au ‘droit d’aînesse’ qui autorise la personne la plus âgée, supposément celle qui a le plus d’expériences du fait d’avoir été témoin de beaucoup de moments, celle qui a le plus mangé de sel, pour reprendre un dicton swahili,34 de donner le ton.

Au sujet des expériences, nombreux sont ceux qui ont plusieurs fois effectué des allers-retours à Mayotte que certains prennent d’ailleurs finalement pour un jeu, un moment idéal pour bien rire du système absurde, comme le remarquera un passager qui s’adresse à l’épouse de Combo dans l’avion qui les ramène à Anjouan35:

La majorité des passagers que vous voyez là, sont arrivés à Mayotte pour acheter des marchandises qu’ils ont envoyées par la mer. Ensuite, ils se font prendre exprès par la police pour qu’ils aient un billet de retour gratuitement. Les Français ne s’en rendent pas compte et pourtant tout le monde le fait ici. D’ailleurs, j’y reviendrai la semaine prochaine par ‘kwassa-kwassa’ et une semaine après je ferai tout pour être arrêté par la police et bénéficier du billet retour gratuitement.36

Kamal, ‘la sardine’, une métaphore aux Comores pour parler des refoulé.e.s par bateau de Mayotte, est un habitué de la comédie dont il rit bien. C’est sur un ton de dérision bien calculée qu’il dira que « les Wazungu paieront lorsqu’ils auront envie que je vienne voir ma famille. ».37 On remarque que Kamal quitte la posture de victime pour occuper sereinement celle du sujet qui bénéficie des attentions des envahisseurs qui, dans ce cas de figure, se soucieraient de son bien-être psychologique et émotionnel.

Dans la même lignée, lorsqu’Anguille, la voie narrative d’Anguille sous Roche de Zamir prend place à bord du Kwassa Kwassa pour Mayotte, elle entendra des habitués de la (re)traversée et du refoulement qui sont pour certains un cycle d’amusement, échanger sur l’aspect récréatif de la tragédie. Un passager dira:

qu’il était sûr que sa nourriture n’était pas pourrie et qu’il allait se régaler une fois là-bas, car il avait cuisiné une sauce de poulet chez lui avant de se faire arrêter, il avait été expulsé la veille lui aussi, il disait que pour lui ce n’était pas la première fois, qu’à chaque fois qu’il était expulsé il retournait le lendemain même très détendu, qu’il mangeait ce qu’il avait préparé la veille et qu’il allait exercer sa profession impassiblement, comme s’il venait de faire une simple promenade, « je bénéficie toujours des voyages gratuits, au moins une fois par an, pour rendre visite à ma famille, la différence c’est que je me trouve toujours menotté comme un voleur avant qu’on m’embarque comme un prince suivi d’une forte escorte, en tout cas c’est aussi de l’amusette, dans la vie il faut s’amuser un peu, et même avec les flics. »38

Afin de « s’amuser un peu », Anguille est sortie de sa roche dans laquelle la maintenait un père amer mais toujours parti en mer. L’innocente sera dévorée voracement et sans pitié par Vorace. C’est la fille mineure d’un pêcheur qui est symboliquement « prise dans les filets » d’un autre pêcheur. Elle s’est ouverte à dix-sept ans et Vorace, comme l’océan qui engloutit des vies entre Anjouan et Mayotte, l’a découverte. Il l’a séduite, lui a fait ‘goûter au piment’, l’a engrossée et, tel un chat royal, s’en est lavé les mains, en l’abandonnant.

Pour couronner sa peine, son papa la répudie de la roche familiale qu’il finira lui aussi par quitter en confiant ses dernières pensées à la mer dont il ne reviendra pas, après avoir appris qu’il avait été cocufié et n’était donc pas le père biologique des jumelles Anguille et Crotale. Connaît-tout est le nom du pauvre père qui, au final, ne sait pas grand-chose de ce qui se trame autour de lui et même dans sa case, à l’image du Révérend Père Supérieur Drumont dans Le pauvre Christ de Bomba de Mongo Béti (1956).

Dans la cinquième partie d’Anguille sous Roche qui est l’épisode des grandes révélations, les lecteurs assistent à la fin tragique de Connaît-Tout, le pêcheur ‘septuagénaire’, qui se jette en mer sans matériel de pêche et finira peut-être dans la bouche des poissons qui étaient sa cible pendant toute sa vie. « Pour ce vieux, les poissons doivent se régaler en ce moment »39 dira un vieux qui a suivi l’annonce à la radio.

Après avoir été abandonnée par Vorace, qui a des relations avec d’autres femmes dont celle de son ami Voilà (dont il est le véritable père des enfants), et chassée du cocon familial, Anguille décide par dépit de quitter définitivement la roche sociale dans laquelle elle était jusque-là enfermée, en tentant, portée par le désespoir, sa chance à Mayotte. Anguille faisait bien de nous prévenir quelques chapitres plus tôt quand elle « pleurait-riait » ainsi: « mon œil, ce monde est plein de choses qui ne sont pas sérieuses, mais jouons quand même puisque ça vaut la peine. »40

Alors, silence, on joue! On rejoue et déjoue la comédie. Certains acteurs (re)connaissent l’affiche dont ils se fichent comoriennement. Ils s’affichent stoïquement devant des policiers, dont la tâche ingrate est de remplir des fiches pour satisfaire les besoins statistiques, avant de préparer le retour au point de (nouveau) départ des acteurs-anti-héros dans le contexte néocolonial mahorais. Ces derniers, pour (re)jouer avec les mots de Saïndoune Ben Ali dans Malmémoires, « volent »41 théâtralement les billets, s’envolent vers Anjouan, En Jouant avec le système illogique et en Enjouant avec bonne foi la comédie : jusqu’à la prochaine fois. Néanmoins, ils espèrent qu’un véritable travail de mémoire se mettra en place, (EN)FIN.

1

Djailani, Comorian Vertigo, 54.

2

Je tiens à préciser que cette question s’applique au corpus de l’étude. La violence extrême du système migratoire ne fait pas de tout l’Océan Indien un enfer dans lequel il ne serait que question de folie ou de mort. Même à Mayotte, la violence est surtout psychique, la violence physique apparaissant par vagues.

3

Nathalie Etoke, Melancholia Africana. L’indispensable dépassement de la condition noire (Paris: Cygne, 2010), 71–72.

4

Mireille Rosello & Richard Bjornson, «The ‘Beur Nation’: Toward a Theory of ‘Departenance.’» Research in African Literatures 24, no. 3 (1993), 23.

5

Pour une critique satirique du rôle des cadis à Mayotte, je conseille vivement la lecture de la pièce de théâtre de Nassur Attoumani Le turban et la capote (Grand Océan: Saint-Denis. 1997). La pièce qui lui a valu d’être taxé de ‘Salman Rushdie mahorais’ a été adaptée en bande dessinée en collaboration avec Luke Razaka. (Paris: L’Harmattan, 2013).

6

On pourrait à ce titre suivre cette séquence de deux minutes, consulté le 19 novembre 2020, https://www.youtube.com/watch?v=kM8C4YJ7RdI

7

Bertrand Westphal, La Géocritique. Réel, Fiction, Espace (Paris: Les Éditions de Minuit, 2007), 85.

8

Edward Soja, Thirdspace. Journeys to Los Angeles and other real-and-imagined places. (Oxford: Blackwell Publishers, 2008). Voir aussi Bhabha (1994) qui parlait déjà de ‘third space’ et ‘in-betweenness’ dans The Location of Culture.

9

Zaibou Bamana, « Théâtre: Nassur Attoumani revient en force » Le Mawana 94, 3 avril, 2008, non paginé.

10

Déjà dans Interview d’un macchabée (2000), Nassur Attoumani faisait intervenir cinq personnages (Nakir, l’ange du mal; Moun’kar, l’ange du bien ; Sheytwani, satan ; Djibril, l’archange et le macchabée) dans un entretien macabre sur la vie terrestre du macchabée. Ce dernier sera, entre autres, accusé d’avoir hébergé des clandestins et d’avoir fait travailler ‘clandestinement’ des ‘Comoriens’ (Interview d’un macchabée, 96–97). La question des tombes anonymes, du drapeau tricolore, de la Marseillaise et du jugement du macchabée en terre d’islam dans une langue étrangère et selon les préceptes d’une juridiction judéo-chrétienne qui reviennent dans la pièce, annoncent le paradoxe culturel et territorial mahorais que Nassur Attoumani développera plus tard dans Autopsie d’un macchabée.

11

Henri Lopès, Le Pleurer-Rire (Paris: Présence Africaine, 2003/1982), 102.

12

On est tenté de voir en le Dr Chikungunya ‘un médecin sommé d’exercer son serment d’hypocrite à temps plein’ pour parler avec Soeuf Elbadawi (2013, 10). Il ne s’agit plus du serment d’Hippocrate conventionnel qui régit l’éthique du métier de médecin et prône entre autres la piété, la pureté, l’utilité sociale, la bienveillance et la justice.

13

Il faut noter l’obsession du Dr Chikungunya à appuyer son argumentation sur l’adverbe ‘scientifiquement’, qu’il utilise cinquante et une fois dans cette pièce de quatre vingt dix sept pages. Malela (2016, 69) remarque que le « nom même du médecin relativise son discours parce que le Chikungunya en langue kimakonde signifie « devenu tordu », par ailleurs, c’est ce que provoque la maladie portant le même nom. Donc il se peut que l’on parte du principe que tout ce que dit ce médecin est « tordu » mais de quel point de vue ? » De plus, il est fascinant de voir que dans cette pièce sur la question du territoire, le médecin qui incarne la France porte le nom d’une maladie présente à Mayotte. Ainsi peut-on lire le personnage comme la figure de la contradiction du système anachronique, décadent et comme la parodie de la division entre la France et l’Archipel des Comores.

En 2005 a eu lieu une épidémie terrible de cette maladie dans les îles de l’Océan Indien. Elle a donné lieu à de nombreuses incompréhensions entre les « îles françaises » et la « mère-patrie » qui a mis longtemps à comprendre la dangerosité et l’envergure de cette maladie. La satire repose donc ici sur ce ravage qui a affecté près de 30% de la population et a duré jusqu’à mi-2006. Cet épisode a permis de voir de près les liens de dépendance financière mais aussi surtout symbolique entre « îles françaises » et France, et le total ratage de cette dernière à l’égard de « ses » îles.

14

Attoumani, Autopsie d’un macchabée, 13–16.

15

Attoumani, Autopsie d’un macchabée, 29–30.

16

Westphal, La Géocritique. Réel, Fiction, Espace, 72.

17

Attoumani, Autopsie d’un macchabée, 20.

18

Attoumani, Autopsie d’un macchabée, 44.

19

Masson, Droit du Sol, 299.

20

Attoumani, Autopsie d’un macchabée, 29–30.

21

Westphal, La Géocritique. Réel, Fiction, Espace, 230.

22

Voici un autre exemple de l’entre-multiple dans Droit du Sol (Masson, 2009, 289): afin de calmer Lucie après un gros malentendu, son copain Serge le Français lui propose de l’épouser. Lucie lui répond en posant la question suivante: « Les trois mariages? Le français. Le cadial. Et le malgache? »

23

Feyçal, Mayotte, un silence assourdissant, 15.

24

On notera l’incohérence narrative dans le texte où il est question d’une semaine (15) et deux semaines (19). Ceci est juste un exemple du problème d’édition de ce texte.

25

Dans Mayotte, un silence assourdissant, avant le voyage en mer, tous les passagers sont aussi contraints à participer à une cérémonie sous l’égide de trois guides spirituels, dont une femme près de la mer. Comme avec le Oilimou, le rituel célèbre la superstition. « Le sang de deux coqs de couleur rouge, immolés, fut soigneusement mis sur deux grandes assiettes creuses sous forme de demi-cercle; chacun des passagers devait mettre son indexe et ne jamais le laver avant d’avoir mis pieds sur terre à Mayotte. » (35). Version originale.

26

Lopès, Le Pleurer-Rire, 15–16.

27

Lopès, Le Pleurer-Rire, 19.

28

Lopès, Le Pleurer-Rire, 20.

29

Alpha Noël Malonga, Roman Congolais: Tendances Thématiques et Esthétiques. (Paris: L’Harmattan, 2007), 79.

30

Lopès, Le Pleurer-Rire, 44

31

Lopès, Le Pleurer-Rire, 20.

32

Lopès, Le Pleurer-Rire, 22.

33

Lopès, Le Pleurer-Rire, 54.

34

Kula chumvi’: manger du sel, avoir longtemps consommé du sel est une image pour exprimer la maturité en Swahili.

35

Dans Mayotte. Des poissons à chair humaine de Frédéric de Souza (2014, 90), on entendra Scareface qui représente le véreux propriétaire de Kwassa Kwassa Attoumane à Mayotte dire d’Aziz: « ce gamin a la baraka! Il va encore voyager en avion gratuitement. » Bien qu’étant encore mineur, Aziz est un conducteur expérimenté de Kwassa Kwassa et un habitué des retours VIP à bord des avions affrêtés par la police aux frontières. Toute l’absurdité, y compris financière du système est dévoilée ici.

36

Feyçal, Mayotte, un silence assourdissant, 52.

37

Houmadi, Aux parfums des îles, 64.

38

Zamir, Anguille sous roche, 295.

39

Zamir, Anguille sous roche, 281.

40

Zamir, Anguille sous roche, 50.

41

Saïndoune, Malmémoires, 34.

  • Collapse
  • Expand

'Entré en tant que cousin, sorti en tant que gendarme'

Visa Balladur, Kwassa Kwassa, (im)mobilité et géopoét(h)ique relationnelle aux Comores

Series:  Africa Multiple, Volume: 2