Le 7 septembre 2021, après une première visite du site du Studio Sound Musical School B-Vice la veille, j’ai le privilège de rencontrer le slameur, poète-militant, éducateur public, militant du tout-fraternité et du tout-droit, passerelle interculturelle Soly Mbae Mohamed. Nous avons un entretien dense de deux heures et quatorze minutes dans lequel nous parlons entre autres : de « la normalisation de l’anormal », de sa passion pour le « rap conscient », de son dévouement à l’esthétique de l’intranquillité, de son engagement social pour ceux et celles « d’ici’ et d’ailleurs », de ses responsabilités artistiques et culturelles depuis trois décennies, de son rôle de formateur, de pacificateur des esprits et de médiateur interculturel, de sa collaboration avec Salim Hatubou à qui la ville de Marseille a dédié une médiathèque que j’ai pu visiter, de ses plans de passer le relais à la prochaine génération, et aussi de certains projets artistiques dont la pièce inédite « Un Kwassa-kwassa, pour le paradis ou même pour l’enfer » qui est en cours d’édition.
Cette pièce, au départ une idée d’écriture commune avec Salim Hatubou, est née de l’histoire du village Hamouro dans la commune de Bandrélé à Mayotte, village considéré comme « clandestin » qui a été incendié en octobre 2003 par les employés de la commune de Bandrélé pour ‘chasser’ les « clandestins ».
L’écriture est comme une punition. Elle n’a de sens que s’il y a un défi comme continuer de parler du ‘visa balladur’ qui est tout simplement le drame de la misère. Il ne sert à rien de garder des choses pour soi. Il faut que nos combats nous survivent. Sinon, c’est mort. C’est sur la durée que ça se joue.1
Ce poème reprend les grands thèmes du livre mais, au-delà du désespoir longuement décrit dans le livre, j’en retiens les idées de prendre son destin en main et de refuser d’avoir peur. J’y vois tout de même une touche d’espoir, de confiance en un autre avenir et d’élévation, comme la fin de Cahier d’un retour au pays natal.
Entretien en humanité fraternelle à studio sound musical B.Vice. Soly Mbae Mohamed (À Gauche), l’auteur (À Droite), Marseille, Le 7 Septembre 2021 © soly Mbae mohamed et l’auteur
Soly Mbae Mohamed, entretien avec l’auteur, le 7 septembre 2021.