Editors:
Adelle Blackett
Search for other papers by Adelle Blackett in
Current site
Google Scholar
PubMed
Close
,
Laura Dehaibi
Search for other papers by Laura Dehaibi in
Current site
Google Scholar
PubMed
Close
,
M. Adedayo Odusanya
Search for other papers by M. Adedayo Odusanya in
Current site
Google Scholar
PubMed
Close
, and
Edward van Daalen
Search for other papers by Edward van Daalen in
Current site
Google Scholar
PubMed
Close
Free access

Pour le 21e congrès général de l’Académie internationale de droit comparé (AIDC), j’ai proposé comme thème « les formes contemporaines d’esclavage, y compris les causes et les conséquences », en raison d’un sentiment d’urgence. On ne peut nier l’ampleur de la souffrance humaine à laquelle sont confrontés les travailleurs dans l’économie mondiale contemporaine, le long des chaînes d’approvisionnement mondiales et des chaînes mondiales de soins. Des décennies d’expérimentation ont été mises en place pour repenser la régulation effective du commerce, favoriser la responsabilité sociale des entreprises et des devoirs de vigilance, et étoffer les cadres normatifs d’un droit du travail véritablement transnational. Mais de plus en plus, le langage de « l’esclavage moderne » s’est imposé. L’esclavage invoque des souvenirs et une histoire particulièrement lourde, en rappelant immédiatement les horreurs de l’histoire multi-centenaires de l’Atlantique noir.

Mais il est apparu assez rapidement que cet usage était à bien des égards métaphoriques. On prenait ses distances non seulement par rapport à la notion d’esclavage et de propriété privée de personnes, mais aussi par rapport à toute suggestion que la stratification raciale du monde contemporain, qui a découlé de l’esclavage en tant qu’institution mondiale, jouait un rôle. En tant que personne d’origine africaine, j’ai trouvé cela pour le moins déconcertant. Se pourrait-il que le concept d’« esclavage moderne » soit utilisé principalement comme un outil rhétorique ? J’ai également trouvé cela assez inquiétant. Qu’avons-nous manqué au sujet de l’héritage de l’esclavage sur la vie de ceux et celles qui continuent d’incarner sa subordination raciale ? Au cours de l’été 2020, lors duquel nous avons à nouveau fait face à la profondeur des préjudices raciales à la suite du meurtre filmé de George Floyd, notre communauté mondiale confinée par la pandémie de Covid-19 a été forcée de témoigner de cette réalité persistante et d’en rendre compte.

Mes propres recherches m’ont mené à explorer les archives historiques pour mieux comprendre la bifurcation entre esclavage et travail forcé qui s’est opérée au début du 20e siècle, en fin de compte, de manière coloniale. Cela a également éveillé mon intérêt pour approfondir notre compréhension du déploiement des discours sur l’esclavage à travers le monde. Pour l’AIDC, il s’agissait d’une occasion rare où la personne qui a proposé le sujet a ultimement également été sélectionnée pour le poste de rapporteur général. J’ai pris cette responsabilité très au sérieux et j’ai élaboré un questionnaire, inclus en annexe de ce volume, qui visait explicitement à mettre en dialogue le droit relatif à l’esclavage atlantique et les différentes facettes du droit de l’esclavage sous sa forme contemporaine. Dès le départ, j’ai cherché à créer une communauté de rapporteurs spéciaux au niveau national et j’ai organisé une réunion virtuelle pour discuter des principaux thèmes et objectifs. Dès que les ébauches de projets ont été soumises et qu’une première série de commentaires détaillés ont été formulés sur chaque contribution, j’ai invité les rapporteurs nationaux à participer à deux réunions scientifiques d’importance dans la genèse de cet ouvrage.

La première rencontre a été une présentation organisée par le Laboratoire de recherche sur le droit du travail et le développement (LLDRL) lors de la réunion annuelle de la « Law and Society Association » en mai 2022 à Lisbonne. J’ai eu le plaisir d’animer un panel composé du rapporteur sur la Barbade et Saint-Vincent-et-les-Grenadines, le professeur Jason Hayes, qui était en été 2022 un visiteur « O’Brien Fellow » au Centre pour les droits de l’homme et le pluralisme juridique et au Laboratoire de recherche sur le droit du travail et au LLDRL, le rapporteur sur le Pérou, la professeure Laura Dehaibi, qui était à ce moment boursière postdoctorale du LLDRL, le rapporteur sur le Ghana, la professeure et doyenne Julia Selman-Ayetey, qui est également candidate au doctorat à la faculté de droit de McGill, le rapporteur sur le Canada, le professeur Yves Goguen, le rapporteur sur l’Allemagne, Dr. Heiner Fechner, et l’un des deux rapporteurs pour la Suède, le professeur Niklas Selberg. Nous sommes infiniment reconnaissants pour les nombreuses questions et commentaires réfléchis de l’auditoire, qui ont enrichi le processus de rédaction et d’édition de ce livre.

Une deuxième rencontre a ensuite eu lieu lors du 21e Congrès général de l’AIDC, qui s’est tenu à Asunción en octobre 2022. En tant que rapporteuse générale, j’ai eu le plaisir de présenter le rapport à un public engagé, avec des présentations spéciales intégrées tout au long et offertes par les quatre rapporteurs spéciaux nationaux qui étaient présents pour le Canada, le Ghana, le Pérou, et le Royaume-Uni, la professeure Shahrzad Fouladvand. Nous sommes tous reconnaissants au président de séance désigné par l’AIDC, le professeur Timothy Webster, pour ses commentaires perspicaces et son enthousiasme pour notre travail.

Il était important de présenter notre travail des deux côtés de l’Atlantique. Tant au Portugal qu’au Paraguay, la reconnaissance et la prise en compte de l’histoire et de l’héritage de l’esclavage reste naissante mais inéluctable, comme c’est le cas dans le monde entier. Les participants aux deux événements ont montré qu’ils comprenaient pourquoi il est nécessaire de pouvoir aborder l’esclavage et le droit dans une perspec-tive internationale et comparative afin de remettre en question l’élision trop faciles des héritages de l’esclavage dans les formes historiques et contemporaines. Nous espérons que notre travail a contribué à une meilleure compréhension de ces dynamiques complexes.

Tout au long de ce processus, j’ai eu la chance de pouvoir compter sur une excellente équipe de chercheurs associés au Laboratoire de recherche sur le droit du travail et le développement (LLDRL) de l’Université McGill. Il s’agit d’un travail collectif, et l’équipe s’est engagée à mener à bien ce projet avec compétence, professionnalisme et dévouement. Laura Dehaibi, alors chercheuse postdoctorale au LLDRL de 2021 à 2022, et actuellement professeure adjointe en relations industrielles à l’Université Laval, a été recrutée dès le début du processus en tant que corédactrice de l’ouvrage. Elle a apporté d’excellentes contributions au rapport général coécrit. Une équipe d’assistants de recherche dévoués a participé activement à l’organisation des nombreuses contributions, en fournissant un soutien bibliographique et, dans certains cas, des commentaires éditoriaux. J’ai le plaisir de remercier Navya Baradi (candidate JD & BCL), Anne-Raphaëlle Bolya (JD & BCL 2022), M. Adedayo Odusanya (JD & BCL 2024), Audrey Parent (JD & BCL 2023), Marc-Elder Piard (candidat JD & BCL) et Joscelyne Smith (LLM 2023). M. Adedayo Odusanya, alors assistant de recherche au LLDRL et présentement auxiliaire juridique à la cour supérieure de justice de l’Ontario, a apporté son soutien pendant la majeure partie du projet et s’est tellement impliqué que ses contributions sont reconnues en tant que co-éditeur du volume. Pour la dernière ligne droite, Edward van Daalen, chercheur postdoctoral LLDRL 2023–2024, a assumé avec compétence la plus grande partie de la responsabilité de la finalisation des contributions révisées en vue de leur publication.

Enfin, je tiens à exprimer ma gratitude à l’égard de la Subventions Savoir du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, intitulée « L’esclavage n’est pas une métaphore », attribuée dans le cadre du concours d’octobre 2020.

Ce travail est le début d’une conversation nécessaire sur les abysses de la souffrance humaine dans le monde du travail. Ce moment de défi mondial nous rappelle que le principe fondateur de l’OIT, selon lequel une paix universelle et durable ne peut être obtenue que par la justice sociale, est aussi urgent aujourd’hui qu’il l’était en 1919.

Adelle Blackett

New York, Août 2024

  • Collapse
  • Expand

Metrics

All Time Past 365 days Past 30 Days
Abstract Views 0 0 0
Full Text Views 7 7 0
PDF Views & Downloads 0 0 0