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Résumé
Cet article est consacré au roman Zone (2008) de Mathias Énard, un roman qui donne la parole à Francis, un vétéran de la guerre de Croatie devenu espion au service de la République française. Les listes de victimes, de bourreaux et de crimes de guerre que le narrateur ressasse en un flux monologique de 512 pages, rythment ce roman qui prend, avec sa structure paratactique, le caractère d’une liste, en référence à son intertexte central : l’auteur yougoslave Danilo Kiš. Énard s’inscrit ainsi dans la tradition de la thanatographie, une écriture portant sur l’expérience de la mort violente. Tel son modèle, il a recours à une stratégie élaborée de l’abréviation et de l’énumération, déplaçant l’évocation de l’horreur du niveau manifeste du texte au niveau latent.
Contemporary French literature is acutely interested in peacetime attempts to make sense of war, in the history of the bloody conflicts of the twentieth century and their repercussions on civilian life. It goes beyond the partial view of national history and restores the broken link to the history of the colonial era. Many of the characters of Maurice Attia, Mathias Énard, Jérôme Ferrari, Laurent Gaudé, Alexis Jenni, Laurent Mauvignier and Wajdi Mouawad are veterans, returnees who have trouble really ‘returning’ from war. This monograph aims to explore the narrative methods that allow the authors to address traumas and begin the work of memory.
Contemporary French literature is acutely interested in peacetime attempts to make sense of war, in the history of the bloody conflicts of the twentieth century and their repercussions on civilian life. It goes beyond the partial view of national history and restores the broken link to the history of the colonial era. Many of the characters of Maurice Attia, Mathias Énard, Jérôme Ferrari, Laurent Gaudé, Alexis Jenni, Laurent Mauvignier and Wajdi Mouawad are veterans, returnees who have trouble really ‘returning’ from war. This monograph aims to explore the narrative methods that allow the authors to address traumas and begin the work of memory.
Résumé
Les romans qui s’emparent d’un personnage historique pour en faire le sujet de leurs romans, sans pour autant viser la biographie (romanesque) se font plus nombreux ces dernières années, de sorte que le terme d’« exofiction » apparaît de plus en plus souvent dans la presse non seulement française. Pierre Assouline décrit ce que lui aussi appelle un nouveau genre en des termes très négatifs : selon lui, « l’exofiction parasite » la biographie tout comme le roman et ne serait qu’une « solution de facilité » pour les auteurs en manque d’inspiration ainsi que pour les éditeurs, qui pourront compter sur la notoriété du personnage pour vendre le texte. Dans notre contribution, nous aimerions montrer qu’il y a bien plus à cet exercice qui limite la fantaisie plus qu’il ne la remplace, qui tient bien plus de la contrainte que de la facilité. À partir de plusieurs textes « exofictionnels », nous aimerions montrer que les auteurs développent leurs protagonistes historiques comme des personnages autour desquels se cristallisent certains moments clés de l’histoire mondiale, moments qui ne sont pas uniquement intéressant en soi, mais permettent aussi d’aborder des questions plus générales d’éthique et de morale.